Arrivée de la Guilde Pourpre

Une troupe de cavaliers arriva au trot dans le village. Leurs chevaux fourbus étaient couverts de la poussière de la route, tout comme les cavaliers. Il s’agissait d’un mélange assez hétéroclite de combattants dont la seule cohérence notable était que tous chevauchaient sous une bannière pourpre et or et portaient une large ceinture pourpre autour de la taille.

Un guerrier imposant leva la main lorsqu’ils atteignirent la place du village et tous s’arrêtèrent devant la taverne.

« Compagnie ! Halte ! Pied à terre ! »

Les hommes descendirent de leur monture dans une ensemble chaotique.

« Pas fâché d’être enfin arrivés !
- Ouais tu l’as dit !
- Boirais bien une bonne bière, moi.
- Hé r’gardez l’Walcott ! S’est encore pris l’pied dans l’étrier ! »

Les hommes s’esclaffèrent dans un joyeux tohu bohu.

« SILENCE ! » rugit le guerrier. Tous se turent d’un seul coup, reprenant un semblant d’ordre et de discipline.

« Thorben, Walcott et Himmel, vous prenez les montures et vous trouvez un pré où les faire paître. Les autres, vous suivez le Sergent Gorshat. Ynsa, Irkan, vous m’accompagnez ! »

Le guerrier quitta la place suivi de deux des cavaliers, un homme de très grande prestance aux yeux verts étincelants et une femme chat tout de cuir vêtue, et prit directement la direction du palais de Sa Majesté Dagda.

Un puissant guerrier Orc se plaça devant la troupe.

« Compagnie ! Le Commandant Mordenkast nous offre la première tournée !
- Hourrah pour le Commandant !
- ET ON S’TIENT CONV’AB’MENT. J’veux voir PERSONNE rouler sous une table ou provoquer une bagarre. Vous trois ! Corvée pâturage ! Trouvez un pré libre ou louez-en un à un fermier, j’m’en fous, mais prenez soin des ch’vaux. COMPAGNIE ! Paquetage et sellerie en mains !
- Sergent, on peut pas avoir une bière avant ?
- SILENCE ! SI CA VOUS PLAIT PAS, VOUS VOUS PLAIGNEZ AU COMMANDANT ! On verra c’qu’y dira… » ajouta-t-il avec un sourire torve. Les trois « punis » restèrent près des chevaux en grommelant tandis que leurs condisciples entraient bruyamment dans la taverne. Ils avaient la garde d’une bonne trentaine de montures. Ils les rassemblèrent et les emmenèrent en dehors du village.

Minexia la barbare, qui somnolait sous un chêne, entendit la troupe de chevaux et les 3 grommeleurs avant de les voir arriver.

Elle se releva et s'étira. Les voyant arriver, elle alla à leur rencontre :

"Héé ! Z'êtes nouveaux dans l'coin, j'reconnais pas vos têtes ... Vous cherchez un coin pour tout c'bétail ? Tenez, là-bas ! derrière la barrière ! L'coin est tranquille ...

C'est sûr qu'autant d'bêtes d'un coup, l'écurie aurait p'têtre été débordée ... quoique, pas sûre ... (Elle compta mentalement le nombre de chevaux) ... Qu'est-ce qu'une troupe aussi importante vient faire dans l'coin ? Vous z'allez vers quelque part ?"

« Hé ! Visez-moi c’te donzelle !
- Arf !
- Vous croyez qu’elles sont toutes comme ça par ici ?
- Sais pas…
- L’a pas l’air farouche celle-ci.
- T’as vu ses biscotos ? Moi, j’me méfierais à ta place.
- Ah ? Euh…
- Bonjour ! Oui, on vient d’arriver et non, on n’compte pas r’partir de si tôt. En fait, on a entendu dire qu’une bataille d’vrait bientôt avoir lieu par ici et not’ Commandant a dit qu’on trouv’rait sûr’ment du boulot ici, alors nous v’là… »

"Aaaah ok .... donc vot' chef est allé voir la patronne d'ici alors ...

Oups, j'ai oubliée d'me présenter ... moi c'est Minexia ! j'crèche à l'auberge en s'moment ! Et vous les gars ?"

Elle leur tendit une main franche mais ferme.

" Ben on sait pas encore. Ca dépend du Commandant, alors… Enchanté, moi, c'est Thorben,
- Walcott.
- Et moi Himmel. Merci pour le tuyau, on doit aller y mener les ch'vaux. La faute à Walcott ! Il lança un regard noir à leur compagnon qui prit un air outré.
- Hé ! J'ai rien à voir avec…
- Oh, la ferme Walcott ! Tu sais bien qu'si !
- Tu viens avec nous ? On f'ra connaissance. "

"Si vous voulez les gars ... j'ai rien à faire aujourd'hui ..."

Pendant qu'ils marchaient, elle les étudia (professionnellement) un par un : leur corpulence, l'entretien de leur musculature apparente, leurs armures, leurs armes, la façon dont ils se déplaçaient.

"Et vous les gars, c'est quoi vos spécialités ?"

Apparemment c’étaient de rudes gaillards. Leurs armures étaient relativement bien entretenues et leur mise relativement propre. Leur équipement n’était pas de première fraîcheur et devait avoir vécu bien des campagnes, mais il semblait toujours en état. Concernant leur musculature, ces hommes n’étaient pas secs ni outrageusement musclés, mais sous une légère couche de graisse, Minexia pouvait voir jouer les muscles. Son expérience des guerriers lui disait qu’elle en avait trois devant elle. Pas les meilleurs, mais des combattants à première vue honorables.

« On est mercenaires. On appartient à l’une des meilleures compagnies existantes. Celle du Commandant Mordenkast !
- On a déjà combattu dans plusieurs campagnes, à pied ou à cheval, on a escorté des convois quand il a fallu, on a servi plusieurs Seigneurs différents, toujours avec honneur.
- Et toi ? C’est quoi ta… spécialité ? »

"Ma spécialité ? c'est l'espadon ou l'épée bâtarde ! ... j'manie aussi un peu les armes de jets de toutes sortes, et j'me débrouille pas trop mal en combat à mains nues !"

Elle bomba le torse avec fierté en jouant du biceps comme un body builder, même si, involontairement, l'effet obtenu n'était pas que professionnel.

"Des compagnies de mercenaire, j'en ai connue .... autrefois ... J'ai fait partie de la compagnie "Vendetta" d'André Tzeentch ... et durant un temps, on a bossé avec les "Redrum" de Racam le Rouge. Mais la plupart sont morts depuis !

C'est pas un métier des plus sûrs ... "

« Non, pas des plus sûrs, ça c’est vrai. Mais on a des compensations.
- Et puis, parfois, de belles surprises. »

Ils la regardaient avec le regard d’hommes trop longtemps restés sans la compagnie d’une femme. Elle se rendit alors compte de l’effet provoqué par son mouvement de poitrine. Encore une fois, elle avait mis les pieds dans le plat. Thorben se rapprocha un peu d’elle. Une proximité pas très convenable en fait, à moins que…

« Si tu as déjà milité dans une compagnie de mercenaires, tu vois de quoi on veut parler.
- Ca te dirait ? Comme au bon vieux temps ? »

Minexia lui posa la main sur l'épaule et se pencha pour pouvoir lui murmurer à l'oreille :

Tu peux développer ? Moi barbare ! J'comprend l'parler franc, sans allusion !

Il sentait que la pression des doigts sur son épaule se faisant lentement de plus en plus forte, lui esquissant même une légère grimace.

Il posa la main sur celle de Minexia et força contre elle afin de la faire lâcher. Il recula d'un pas, à une distance acceptable.

" Olà ne le prends pas comme ça. Tu sais bien qu'après une campagne, on a besoin de femmes et de bière. Ne me dis pas que tu l'as oublié ! Ou alors tu n'étais pas mercenaire. D'accord, t'es pas partante. On en reste là. Pas besoin de devenir agressive.
- Par contre, tu sais pas si on peut trouver ça ici ?
- Ouais, dans un gros village comme ça, 'doit bien y avoir quèqu'part où on peut forniquer non ? "

Thorben disait qu'il n'y avait pas besoin de devenir agressive, mais Minexia savait très bien qu'en fait, pour avoir la paix elle devait leur en remontrer. Apparemment, ils n'étaient pas là pour faire des vagues et son message était suffisamment clair.

"T'inquiète, j'ai pas oublié !! (Oh non, j'ai pas oublié !) ... J'suis pas agressive !"

Elle lui sourit pour détendre l'atmosphère tout en lui tapant le côté de l'épaule avec le dos de son poing, comme on fait à un camarade. Contente de s'être bien faite comprendre.

"Pour ce qui est de la bière ... aucun problème ! Déjà à la Taverne, comme c'est un orc qui s'occupe des stocks, vous trouverez la variété et la quantité qu'il vous faut ! Même du "qui fait mal à la tête" (elle se remémora son réveil difficile sur la paillasse de la forge avec le nain sur ... )

Mais pour le reste ... je crains que vous ne trouviez pas d'çà ici ... C'est un village convenab' ... et comme la plupart des postes administratifs clé sont t'nus par des femmes ... c'est pas trop l'genre d'barraque qui peut s'construire facilement ici ! ... Mais bon, y'a d'autres façons ... si vous savez comment causer ... lier l'bon mot et la bonne manière à l'agréab' ... qui sait !"

Elle leur fit un clin d'œil pour leur faire comprendre que si "la bonne vieille méthode" ne lui plaisait plus, elle n'était pas totalement réfractaire à ce qu'on lui fasse la cour.

"Mais faite gaffe quand même ... y'a quelque célibataires coriaces par ici ... Tiens, tant qu'j'y pense, les patronnes de la taverne, oubliez ! déjà, elles sont pas libres, en plus, elles sont dangereuses, et le pire, c'est les jaloux, entre un warlock et un rodeur-bretteur-enchanteur ... de quoi chopper une migraine !

Franchement, si vous en êtes à ce point ... (elle regarda au loin vers l'Est) ... faudra pousser la balade dans les villages voisins ..."

Ils avaient vraiment l’air déçus.

« Bon, ben au moins on s’ra prév’nus.
- Et l’est loin, l’village d’à côté ?
- Parce qu’on s’est quand même tapé une sacrée trotte…
- Enfin, y a d’jà à boire. C’est cinquante pour cent…
- Ouais, même pas, puisqu’on est ici !
- Merci Walcott !
- Hé ! C’est pas ma faute !
- La ferme Walcott !
- Ouais, on l’sait bien qu’c’est ta faute ! »

"Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait pour que vous soyez privés d'bière ?"

Walcott semblait vraiment gêné maintenant. Himmel intervint.

« Boarf ! Il a rien fait de grave, juste une accumulation de petits trucs : se lever en retard, oublier d’effectuer sa corvée bois, ce genre de truc, tu vois. Rien de bien grave, c’est pour ça qu’il est juste de corvée pâturage…
- Et comme on est ses potes, on est dans le même sac !
- T’en fais pas ! On te charrie, mais on t’aime bien.
- Mais t’es quand même un bel emmerdeur ! »

"Ha, Ha, Ha ! Forcément ...

Et euh .... votre boss, il autorise si quelqu'un vous ramène une pinte ici ?"

Ils avaient l’air ravis.

« Ben, il peut pas interdire ce qu’il sait pas, hein ?
- Ca c’est sûr !
- Faut juste pas faire ton Walcott !
- Quoi ?
- Ben oui, faut pas se faire choper…
- Ha ! Ha ! Chope, choper, t’es fort toi ! »

Thorben donna une bourrade à Minexia.

« C’est sympa, ça ! La meilleure nouvelle de la journée !
- On bouge pas d’ici ! »

"Ok, ben j'vais vous en chercher 3 alors ... "

Elle se marra un peu sur le trajet de retour vers l'auberge. De passer autant de temps avec des sédentaires, elle en avait presque oublié ce que çà faisait que d'être un nomade. Mais de discuter avec ces mercenaires, tous ses souvenirs lui revenaient. Elle se mit à réaliser qu'elle était elle aussi en train de devenir une sédentaire. Que faire ? continuer sa route ? s'installer ici et construire une cabane ? ou rester indéfiniment à l'auberge comme une touriste pouvant partir du jour au lendemain ? Elle n'arrivait pas à se résoudre de laisser derrière elle de vieux amis qu'elle avait mis autant de temps à retrouver ... Le temps de se laisser aller à ses réflexions (ce qui chez un barbare, homme ou femme, prend beaucoup de sa concentration), elle faillit rater l'auberge et rentrer plus loin dans le village. Elle passa les portes et se dirigea tranquillement, l'air de rien, vers le comptoir. Il y avait beaucoup de têtes inconnues, certainement le reste de la troupe. Parmi ceux là, elle repéra un orc avec un certain charisme, sûrement un sous-chef ... Et bien ... entre Varag, Baghtru, Nikushimi, et maintenant, celui là, çà en fait du muscle vert au mètre carré ! Et au centre de l'attention, certainement le chef de la troupe. Elle se dirigea vers Varag au comptoir, et lui fit signe de se pencher pour lui glisser à l'oreille :

"Tu peux me servir 4 pintes de bières, pas trop forte, et me prêter un plateau s'il te plait ? J'te paie le tout ici mais j'irais les prendre par la porte de derrière, çà te va ? et pas un mot s'il te plait !"

Elle lui fit un vieux signe de reconnaissance de mercenaires, il lui fit un clin d'œil qu'il avait compris.

"Dit ... tu voudrais pas plutôt que j'te refile un tonneau entier ? ... et d'une cé pluss pratik à transporter, et 2, si ceux à ki k'tu ramènes çà ont encore soif, j'te vois mal r'faire l'aller-retour ! T'inkièt' ! j'te l'met sur ton ardoise ! ... Alors, t'en dit quoi ?"

"Ok d'accord ! Passe moi un tonneau, je fais le tour par derrière !"

Minexia sortit tranquillement, l'air de rien et fit le tour. Par la porte de la remise, Varag lui roula un tonneau de bière. Elle le prit sur son épaule et repartit vers le pré où l'attendaient toujours les 3 mercenaires de corvée.

"Héé ! Voilà c'que j'ramène ! un pote m'a fait un prix ! ... Par contre, j'ai pas d'godet, mais j'suppose que z'en avez dans votre paquetage non ?"

« Un ban pour Minexia ! Une vraie femme selon nos cœurs ! »

Les trois mercenaires sortirent avidement leur chope de leur paquetage. Ils se regardèrent, ennuyés. Thorben sortit sa gamelle comme chope d’appoint et tendit sa chope à Minexia.

« Tiens, prends ma chope. Je vois qu’t’en as pas… »

"Merci !"

Et chacun se servit un verre du tonneau, trinquèrent et burent cul sec.

Walcott prit alors la parole.

« Dis-nous un peu. Comment en es-tu venue à rester ici ? A quitter ta compagnie ? Tu es jeune et promise à encore bien des années de pérégrinations avant la retraite.
- Ou alors tu as rencontré l’homme de ta vie et tu as tout quitté ?
- Vas-y, dis-nous. Sans indiscrétion, bien sûr. Tu dis c’que t’as envie d’raconter… »

"Ola ... c'est une longue histoire ..."

Elle s'assit dans l'herbe, le regard dans les nuages.

"J'ai pas quitté ma compagnie ... disons que c'est plutôt elle qui s'est dissoute ! La plupart des Vendettistes encore vivants sont ici d'ailleurs ... dans ce village ... Quand on s'est séparés. J'ai continué un peu à me balader, d'un petit contrat à un autre, et puis j'ai entendu dire que mon ancien chef vivait ici ... et en arrivant dans l'village, j'ai trouvé l'Varag au comptoir de la taverne, qui lui avait pris sa retraite ! Et l'Nikush', qui trainait dans le temple.

Pour ce qui est de l'amour ... en ce moment, je suis plutôt libre comme l'air ..."

Pendant ce temps là, au palais de la Reine des Huldras

Les chevaliers Huldras ainsi que les adjoints de la reine étaient réunis pour un conseil de guerre. Sur une grande table, la carte du monde était posée, des pions par dessus pour montrer les mouvements et les forces des troupes. Ils discutèrent pendant des heures, débâtèrent sur toutes les idées, sur tous les plans stratégiques possibles. La Reine interrompit un instant la réunion et demanda à Magnolia, à Aprelf et à Nikushimi d'aller chercherr Jadd Mordenkast, le commandant de la Guilde Pourpre et de l'emmener dans la salle diplomatique. Les chevaliers interrogea Dagda au sujet de cette guilde.

"Mes espions m'ont colporté que c'est une troupe de mercenaire. Nous pourrions en avoir besoin."

La réunion reprit, débattant sur la meilleure stratégie à adopter pendant que Magnolia, Aprelf, Nikushimi sortirent de la salle.

Dans le pré aux chevaux…

« Libre comme l’air ? J’le crois pas ! Comment ça se peut que personne n’ait cherché à être avec toi ? »

Thorben avait laissé sortir ça tout seul. Il posa sa gamelle, se redressa à genoux et prit la main libre de Minexia tout en la fixant d’un regard pénétrant.

« Moi, je donnerais tout ce que j’ai pour être avec une femme comme toi. »

Les deux autres regardaient leur compère en se donnant un coup de coude. Apparemment, ce comportement sortait de l’ordinaire et les amusait fortement.

« Penses-tu que tu pourrais envisager une escapade avec moi afin de mieux nous connaître ? »

"Oula ! tout doux ! t'es un rapide toi !

Y'a pas l'feu !"

Minexia dégagea sa main, et s'appuya sur l'épaule de Thorben pour se relever, elle alla au tonneau se resservir un verre. Discrètement, elle regarda les 2 autres pour voir si c'était habituel qu'il agisse ainsi mais vit qu'ils étaient aussi étonnés qu'elle. Elle se laissa aller à l'amusement général et vida sa choppe.

Himmel prit la parole.

« M’est avis qu’tu lui as tapé dans l’œil !
- Oh c’est bon Himmel !
- Ouais ! A mon avis, t’as fait une touche !
- Walcott !
- Allez ! Fais pas le timide, on t’a vu !
- Ouais, on t’a vu !
- La ferme, bande de crabes !
- Ha ! Va te resservir une chope, enfin une gamelle, qu’on puisse croire qu’tu rougis à cause de l’alcool !
- Ouais, on dirait mon n’veu d’treize ans ! »

A bien y regarder, malgré sa barbe, c’était vrai que Thorben rougissait ! Pas au départ, mais le fait de le lui avoir dit avait provoqué une furieuse rougeur sur ses joues. Il s’approcha du tonneau, et donc de Minexia, pour remplir sa gamelle.

Minexia le laissa s'approcher. Elle se remémora les parties de rigolade autour d'une bière. La nostalgie des campagnes de mercenaires. Elle ferma les yeux un instant.

Thorben regardait Minexia en avançant vers le tonneau. C’est pas parce que ces deux troufions le charriaient qu’il n’assumerait pas. Alors qu’il était à deux pas, elle ferma les yeux. Pas un clignement, non, elle les avait vraiment fermés. Qu’est-ce qu’elle foutait ? Ses signaux étaient contradictoires…

Bah ! Au pire, il prendrait une bonne baffe. Ce serait pas la première. On allait voir. Si dans deux pas elle n’avait pas ouvert les yeux… Un pas… Zéro… Il passa un bras autour de sa taille et l’embrassa avec une douceur peut-être inattendue.

Elle sentit la main et le baiser, rouvrit les yeux et le découvrit devant elle, elle hésita quelques instants à la réaction appropriée, il n'était pas maladroit, assez doué même. Mais quand elle sentit sa main dans son dos descendre lentement, son sang ne fit qu'un tour.

Elle lui fila un coup de genou dans le ventre et profitant qu'il était plié en deux, le projeta au sol, à plat dos. Elle s'assit à califourchon autour de sa taille et pointa un doigt accusateur vers son nez.

"Tu joues à quoi là ?"

Estomaqué, Thorben loucha sur le doigt pointé devant son nez. Elle avait des réflexes, la diablesse ! Ca promettait du sport…

Indifférent aux rires de ses deux compères, il regarda ingénument la grande barbare.

" Conquérir le cœur d'une dame, c'est comme mener un combat. Certains sont plus faciles que d'autres, mais tous demandent concentration, investissement et prise de risque, le plus souvent calculée. J'ai vu une faille dans ta défense et je m'y suis engouffré… "

Il n'ajouta pas qu'il la laissait sur lui pour lui donner un sentiment de confiance et éviter de l'acculer. L'apprivoiser, la mettre en confiance, l'amener à baisser sa garde, c'était toute une technique. Il aurait tout à fait pu la faire basculer et se placer sur elle. Evidemment, il n'y avait rien de conscient dans sa démarche. Tout s'était joué à l'instinct et en une fraction de seconde.

Il lui mordit doucement le doigt et, sans le lâcher, lui fit un clin d'œil. Elle pouvait sentir sa langue caresser sa peau. Finalement, ils étaient bien par terre…

Magnolia, Aprelf, et Nikushimi arrivèrent dans la taverne, Aprelf prit la parole.

"On demande le commandant Jadd Mordenkast en salle diplomatique, nous somme la pour l’escorter."

Vu qu’il y avais pas mal de bruit dans la taverne et que Aprelf n’avais pas parler si fort que ça personne n’avais entendu.
Magnolia donna un bon coup de coude a Aprelf et lui dit

"Bon recommence mais avec plus de conviction et plus de voie."

Il prit un bon souffle et recommença

"SILENCE S.V.P."

Tout le monde se retourna vers les 3 chevaliers, un grand silence avais envahie la taverne on attendais parsi parla quelque murmure qui persiter.

"Merci, on demande le commandant Jadd Mordenkast en salle diplomatique, nous somme la pour l’escorter."

Au même moment, dans le pré :

Elle garda son visage furieux.

"On pourra pas dire que t'es pas persévérant toi !!"

Elle lui tapota la joue et se pencha pour lui murmurer tout bas à l'oreille :

A la taverne, 1er étage, chambre, 16 ce soir !

Puis elle lui donna une gifle qui lui permit de récupérer son doigt. Elle se leva d'un bond.

"Et je ne t'y reprenne plus !! Sur ce les gars ... bon après-midi !!"

Elle les salua et commença à s'en aller, laissant Thorben allongé par terre.

Dans le pré…

Thorben resta un moment interloqué, ne croyant pas à sa chance. Il avait réussi à décrocher un rendez-vous ! Ses oreilles sifflaient des rires de Walcott et Himmel mais il n’en avait cure. Ca se fêtait. Un grand sourire sur le visage, il se joignit à ses compères. Il était de tellement bonne humeur qu’il accepta de bon cœur leurs commentaires foireux. Il n’allait pas les détromper maintenant. Leur têtes seraient bien plus drôles quand ils découvriraient le pot aux roses… plus tard !

A la taverne…

Les membres en liesse de la Guilde Pourpre s’étaient tus. Leur Commandant s’avança.

« Me voici. »

Il se tourna vers ses hommes.

« Irkan ! Veille à la bonne tenue de ces canailles ! Je ne veux pas trop de désordre quand je reviendrai !
- Bien Commandant ! »

Il revint alors aux trois Chevaliers.

« Je suis à vous. Qui m’a fait mander ? Et pourquoi ? »

"Notre reine ! ... Elle souhaite vous entretenir dans un lieu plus approprié ... si vous voulez bien nous suivre !"

Nikushimi inclina respectueusement la tête en désignant la porte de la taverne pour l'inviter à sortir.

« Très bien. Je vous suis. »

Ils sortirent de la taverne en direction du palais.
Sur le trajet ils croisèrent quelque habitent, qui arrêter pas de murmurer après leur passage.

-C’est qui cette personne qui marche avec nos chevalier?
-Un prisonnier ? Non…
-Ça doit une personne importante peut être?

Les villageois ne comprenais pas qu’es qu’une troupe armée fessais dans le village

A la taverne…

Pendant ce temps, la nuit avait étendu son manteau sur le village. Thorben, Himmel et Walcott avaient ramené les chevaux dans l’écurie de l’auberge. Il n’aurait pas fallu qu’ils soient plus nombreux ! Celle-ci était bondée. Pourvu que le Commandant ait obtenu la permission de s’établir ici. Demain, il s pourraient s’occuper mieux des chevaux, les mettre dans un pré fermé, les garder et monter un camp non loin tandis qu’ils attendraient leur quartier général.

En attendant, il leur fallait désormais une bonne dose de rigolade et une bonne bière. Tandis que Walcott et Himmel se rendaient directement dans la salle commune, Thorben s’éloigna pour faire sa toilette avant de revenir boire une chop bien méritée, servie par un colosse d’Orc au sourire goguenard. Tandis que ses deux compagnons racontaient ses exploits, il chercha Minexia dans la salle. Elle n’y était pas.

Il s’éclipsa calmement pour monter les escaliers et se rendre à la chambre 16. Il frappa à la porte.

"Entre !"

En entrant, il trouva la pièce dans le noir. Le clair de lune éclairait le lit qui semblait vide et fait. Aucune trace de qui que ce soit. Il entra prudemment, l'œil aux aguets. La porte se referma brusquement et il sentit un mouvement dans son dos, il eut juste le temps de se retourner lorsqu'il sentit quelqu'un se jeter sur lui, le propulsant droit sur le lit. Il dégaina une dague mais une main puissante se referma sur son poignet, l'empêchant de porter le coup. Lorsque ses mollets heurtèrent le lit, il eut le réflexe de se retourner. Ainsi, lorsqu'ils chutèrent sur le lit, son assaillant était en dessous, il le saisit à la gorge avec sa main libre et découvrit à la lueur du clair de lune le visage hilare de Minexia.

"Tu te défends bien ! Pas mal ! .... Alors ... on en était où ?"

Il lui sourit, sans vraiment se détendre.

« Je crois qu’on en était là… »

Il posa ses lèvres sur celles de la jeune femme et lui délivra un long et impérieux baiser, en même temps qu’il lui croisait les poignets et les bloquait d’une seule main. Tâche difficile, elle ne se laissait pas vraiment faire.

Il reprit la dague, qu’il avait lâchée entre-temps, et se dégagea légèrement de sa poitrine pour l’y glisser. Il dut s’appliquer, car l’étau de ses cuisses mettait ses côtes à rude épreuve et ne lui laissait pas beaucoup de liberté de mouvement.

Néanmoins, d’une pression du poignet, il fit sauter le premier bouton de la blouse de la belle jeune femme. Il plongea le regard dans son décolleté.

« Il y a de fabuleux trésors, là-dessous. Mais il me semble que je vais encore devoir creuser pour les atteindre… »

Le second bouton céda sous sa lame…

Jadd Mordenkast, Aprelf,Niku sortirent de la taverne, prirent le chemin du Grand Palais. Sur la route, Magnolia courait dans leur direction...

"Hép!!!Je suis en retard. Contre Ordre! Notre reine désire voir tous le monde, c'est à dire tous le clan du S'ir Jadd Mordenkast.
Sir! Appelez vos gent, je vous prie."

Bernard, le pseudo-dragon de la taverne, avait entendu de la bagarre, il rampa discrètement dans le faux plafond et arriva au dessus de la chambre de Minexia. Il écarta doucement le coin d'un panneau. Fausse alerte, elle ne semblait pas en danger.

"Si tu crois pouvoir m'immobiliser les mains comme çà ? Il faudra m'attacher ou tu risques de prendre un coup !
Ah oui ?
Hé !"

Il tira sur sa ceinture pour la récupérer et la noua autour de ses poignets pour lui montrer à ne pas le menacer. Les mains libres, il ouvrit sans ménagement la blouse.

Soudain, en bas, dans la salle, une annonce faite à haute voix par un orc qui lui était inconnu fit frissonner Bernard, enfin surtout ses oreilles.

"Rassemblement !!! Toute la compagnie est appelé ! En rang dehors et je ne veux rien entendre !!
Hé chef ! Il manque Thorben !!
Oui il est encore celui-là ?
Thorben !!
Thorben !!"

Dans la chambre :

"Oh merde ! rassemblement, on m'appelle !"

Il embrassa fougueusement Minexia et sauta du lit.

"Ne bouge pas ! Je reviens !!
Hééé ! Hééé mais détache moi avant ! Hoo !!"

Il courut et claqua la porte derrière lui, dévalant les marches 4 à 4. Minexia se retrouvait seule et furieuse, attachée à son lit et en fâcheuse posture.

Bernard hésita à venir l'aider.

"Non mais j'y crois pas, non mais J'Y CROIS PAS !! Me faire ce coup là à moi ? T'en foutrait d'la discipline, rassemblement ! Ben tiens ! Tous les mêmes ! Mais j'vais y pulvériser sa ceinture çà va pas traîner ! Il a intérêt à rev'nir au plus vite ! Ou on va l'appeler Thorbinette pour le restant d'sa vie !! "

Minexia fulminait sur son lit.

"Joli nœud n'empêche ... bon j'fais quoi en attendant, j'dors ? J'vais quand même pas appeler pour qu'on ... (elle regarda sa blouse ouverte) ... non, j'peux pas appeler ... Grrrrr ... et puis c'est quoi cet ordre de rassemblement ... Ils sont à peine arrivés ... et puis leur chef a même pas eu l'temps d'avoir une discussion avec la grande patronne ... pourquoi faut qu'ils viennent tous ? ... Pffff ... c'est bien ma veine !"

Thorben rejoignit ses compagnons. Que se passait-il ? Un tel rassemblement n’était pas fréquent. Partaient-ils finalement ? Le Commandant n’aurait pas pris cette décision à ce moment. Partir le lendemain, ça c’était possible, mais ceci, il n’avait pas souvent connu. S’il en croyait son bon vieil instinct, ça n’augurait rien de bon...

Une fois rassemblés, ils suivirent leur Commandant jusqu’au Palais, là où on leur avait demandé de se rassembler. Les rares informations qu’ils possédaient avaient circulé parmi la troupe. Ils étaient là sur demande de la Reine en personne. Trois Chevaliers étaient venus les chercher, un signe qui ne trompait pas : l’affaire était grave.

Pour le reste, le Sergent Gorshat les avait fait mettre en rang. Ils attendaient l’arrivée de la Reine.

Thorben pensait à Minexia. Pourvu qu’elle patiente ! Et pourvu qu’ils n’en aient pas pour trop longtemps ! Sinon, il devrait trouver un moyen de retourner la délier. Quel gâchis !

Au centre du palais, le clan de Jadd Mordenkast

"Ne bougez pas de là, je vais chercher ma Reine"

Niku,Aprelf et Magnolia montèrent à l'étage dans la salle de réunion afin de prévenir Dagda de la présence du clan dans le Palais.

Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, Nikushimi souffla à Magnolia :

"On avait besoin de tous les ramener ici ? Un soucis ? Des gardes à prévenir ?"

"C'est les ordres Niku, j'obéis. Je crois que notre Reine désire voir toute l'armée de Jadd. Tu sais qu'elle aime connaître tous le monde. En tant qu'Ambassadrice,je dois faire un rapport tous les jours sur les nouvelles personnes que je rencontre dans le royaume et hors du royaume. On va la prévenir et nous verrons bien!"

Se frappant le torse du poing à la manière d'un légionnaire, Nikushimi signifia qu'il accusait réception de la consigne.

Aprelf suivais derrière sans vraiment comprendre pourquoi réunir tout le clan de Jadd, mais c’étais les ordre et si c’étais notre reine qui voulais ça c’est qu’il y avais une bonne raison

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