Le camp du Nord

La troupe de Croc était partie, la troupe d'Oghma était partie et dans la même direction en plus, le camp allait se retrouver bien vide bientôt.

Venec entendit les 2 énergumènes dehors et passa la tête par l'entrée de sa tente.

"Oui ? Ouais, ouais, suivez moi ! On va vous équiper, fiers et valeureux chasseurs de dragons ! "

Ils se dirigèrent vers la tente d'intendance et Venec leur montra ce qu'il restait.

"Vous avez besoin de quoi ? Arbalètes lourdes ? Lance-harpon ? Filet plombé ? Outre d'huile pour enflammer des flèches ? "

Connaissant les interminables et récurrentes discussions de stratégie martiale théorique élaborée et évolutive, Venec se retint de soupirer.

"Bon, alors si vous voulez ... là dans le sac doit y avoir un ou deux filets plombés, utiles pour leur partie boulière ! Et là le lance-harpon pourra vous être utile pour son côté sporadique ! Sinon, sur cette table, une outre d'huile chacun, et là les carquois de carreaux barbelés et les arbalètes sont sur le râtelier là !

Voilà ... à vous de prendre tout ce que vous voulez ! "

"Euh ... vous êtes sûrs que vous avez pas un peu trop chargé en choses pas utiles ? Cà ne vous dit pas de vous concentrer sur l'objectif ? Parce qu'à moins de vouloir lui refaire la manucure, ou le contour des yeux, y'a des trucs qui ne vont pas beaucoup vous servir !

Comme les pièges à loir par exemple, même le plus petit de ses doigts ne rentrera jamais là dedans ! Ou le chausse-pied ... pas convaincu qu'il fallait le prendre !

Enfin c'est vous qui voyez ... "

Effectivement, un peu plus tard dans la journée, la joueuse de mandoline émergea du réfectoire. Elle s'était laissée embobinée dans des discussions interminables, les gars lui demandant des nouvelles d'Al Hinna. Elle avait même joué un ou deux airs tandis qu'un des brigands l'accompagnait à l'harmonica. Ils lui avaient offert plusieurs pintes. Prenant à pleins poumons un grand bol d'air frais, elle essayait de dégriser.

*Bon, c'est pas le tout, mais ils sont où tous ?*

En passant non loin de l'écurie, elle vit la vieille charrette pourrie qui les avait amenés à l'aller alors elle crut par erreur qu'ils étaient toujours là et ne se hâta pas. A force de tourner dans le camp, elle commença doucement à s'inquiéter. Aucune trace des 3 hommes avec qui elle était venue. Une sentinelle l'informa alors que l'homme de Gnarlac était parti en premier, seul à cheval ; puis beaucoup plus tard, Grudu et son acolyte dans une charrette neuve bourrée à craquer de matériels divers.

*Mais ! ... Mais ? ... Mais ?!? .... Et moi ? .... Je .... je suis libérée de cette fichue histoire alors ? Enfin débarrassée de ce fardeau ? .... Mais ... mais je fais quoi moi maintenant alors ? ...*

Elle sembla un instant perdue, essayant de reconstituer un semblant d'idée.

Une sentinelle alla prévenir Venec qui fit signe qu'on les laisse entrer. Tandis qu'ils étaient dirigés vers l'écurie, Venec arriva à leur rencontre.

"Bien le bonjour messieurs ! Que me vaut le plaisir de voir une délégation de ce très cher et respectable empereur dans mon humble camp ? Vous en avez sacrément fait du chemin pour arriver jusqu'ici ! Vous n'avez pas eu trop de difficultés pour arriver jusqu'ici ?"

Pour lui même ...

*Ah ces impatients ! Cà dirige un pays alors faut que tout lui tombe tout cuit dans le bec tout de suite ...*

Venec prit un air étonné.

"Pourtant la commande est bien passée ... Aux dernières nouvelles, le premier convoi était même déjà parti ! Peut être que mes hommes n'avancent pas à une aussi bonne vitesse que vos chevaux, où sur des routes aussi sûres ou praticables ... des statues, c'est difficile à transporter ! Et certains pays au nord d'ici sont en guerre !

Avec de la chance, le convoi se sera croisé avec votre troupe et il est en ce moment arrivé auprès de votre souverain ! "

*Après un voyage aussi long et dangereux, ils repartent déjà ?*

"Oui, je me replie sur mes bases comme on dit ! La région n'est plus assez sûre ! Le camp était suffisamment équipé pour dératiser toute bande de brigands ou patrouille de gobelins qui aurait trainé dans le coin ... mais ces temps-ci, des choses bien plus dangereuses rôdent ...

Alors je préfère prendre mes précautions !

Tiens ... tant que vous êtes là, j'en profite pour vous demander : Aucun soucis à vos frontières ? Vous n'avez pas eu de déplacements de troupes suspects ? "

*Tiens ... étonnant ... ceci dit, la majorité de leur route a dû être maritime, c'est pour çà ...*

"A ma base principale de Al-Hinna ! Mes associés se sont répartis sur les autres cités du royaume, moi je retourne là où j'ai mes habitudes ... J'en profiterais pour vérifier que tous les éléments de la dernière commande de votre roi ont bien été expédiés, car c'est de là qu'ils devaient partir !

Vous pourrez toujours m'y trouver auprès de l'intermédiaire habituelle, selon les modalités classiques mises à place par votre souverain ! "

"Vous avez dû vous croiser en mer car pour transporter toutes les statues, ils ont dû emprunter un bateau !

Nous nous préparions à partir d'ailleurs, j'ai encore un ou deux messages à recevoir et çà sera bon ! En attendant, veuillez vous installer dans l'une des tentes libres, il y a désormais assez de place à l'écurie pour vos chevaux, et pour le réfectoire, vous êtes mes invités ! "

S'étant débarrassé temporairement des hommes d'Elegabal qu'il allait devoir se coltiner durant un bon moment, Venec retourna vers sa tente. Il fit appeler l'un de ses hommes.

Lorsque le gaillard à la mine patibulaire entra, il lui glissa :

"Hé, le roi du tabouret est toujours à son poste ?
(son homme jeta un discret coup d'œil vers le centre du camp) ... Ouais, toujours là ! Vous voulez que j'le fasse un peu bosser ?
Nan, t'inquiète, merci !
Dites, y'a encore une troupe de soldats qui s'installe ? On aurait dû ouvrir une auberge finalement !
Oui, à croire que ce camp désire vraiment devenir un camp militaire !
Du coup on part quand ?
Tout est prêt si on se décide ?
Oui, l'évacuation d'urgence est prête, y'a qu'à donner le signal ! Je sens que y'a des gars qui s'impatientent par contre !
C'est bon çà ! On y est presque ! Par contre, une fois arrivés en ville, ne vous étonnez pas si Hector rode dans nos rangs, ok ?
Hector ? Le roublard qui nous a envoyé Grudu dans cette charriote pourrie ?
Oui, celui-là même !
Euh ... ok chef ... "

Le lendemain, un pseudo-dragon bleu pas plus gros qu'un aigle survola le camp un moment puis s'engouffra sous la tente de Venec. Il repartit au bout de quelques minutes.

Le surlendemain, ce fut un vautour qui se posa sur un poteau et Venec dût aller jusqu'à lui pour récupérer un message roulé dans sa bague car l'animal visiblement plus malin qu'il n'y paraissait ne laissait personne d'autre s'approcher de lui. Une fois délesté et en échange d'une bande de viande séchée, il repartit à son tour.

Deux jours plus tard, Venec lança le branle-bas de combat, il avait reçu ses derniers messages, le camp du nord était enfin prêt à se vider.

Les hommes d'Elegabal lèvèrent le camp de concert.

*Me suivent, me suivent pas ... aussi versatiles que leur empereur ceux-là ! Il doit les recruter à son image ! Par contre, assez subtil le gars pour me glisser un ton menaçant et un compliment dans la même phrase ! C'est rare comme don !*

Venec les laissa mariner 2-3 secondes avant de répondre.

"Oui, j'ai reçu des nouvelles de mon intermédiaire à Al-Hinna, le convoi est bien parti de là-bas avec toutes les statues demandées et les femmes ! Par contre, lui n'a pas eu de nouvelles comme quoi le convoi est déjà arrivé jusqu'à votre Empereur ! Oui, j'ai l'itinéraire qu'ils ont dû emprunter ! Je vais vous le donner, vous n'aurez qu'à le remonter jusqu'à eux ! Nul doute qu'en voyageant léger comme vous faites, vous devriez les rejoindre non loin de l'arrivée ou arriver juste après eux ! "

Il se fit passer une feuille de parchemin et griffonna l'itinéraire, étape par étape avant de le passer aux soldats.

"Voilà ! Alors bonne route messieurs ! Et par avance, joyeuses fêtes impériales ! "

(HRP : ton homme venu d'Al-Hinna est arrivé au camp le J+19 et repartit aussi sec le même jour. Avec un bon cheval et sans mauvaise rencontre sur la route, il peut arriver à Castellac en 2 ou 3 jours. Venec sonne le départ du camp au J+24. Ton homme infiltré dans le camp va se retrouver embarqué dans ce mouvement, à lui de voir s'il reste dans le convoi jusqu'à Al Hinna ou s'il veut s'éclipser à moment à sa convenance. A vitesse de convoi, les derniers hommes de Venec n'arriveront à Al Hinna que vers le J+29, J+30)