Retour des colis?

Quelques jours après, un convoi pesant arriva aux portes de la capitale. Ayant navigué en cabotage le long des côtes d'Arianhrod, ils avait pris la route la plus au nord de l'empire. Cela avait pris du temps, mais en même temps, acheminer des statues, çà ne se fait pas comme çà.

Mené par un large chariot bâché tiré par des chevaux noirs, les autres éléments du convoi étaient composés de charrettes-plateaux tirées chacune par un gros lézard de la taille d'un éléphant, des créatures du désert pas très rapides mais capables de tirer des charges conséquentes. Sur chaque plateau, une statue était emballée dans des toiles traitées et solidement cordées.

"L'autre partie" de la commande était tenue au secret sous la bâche du chariot. Le tout était escorté par des cavaliers lourdement équipés, chevauchant des chameaux. Toutes ces différentes bestioles dénotaient grandement dans le paysage d'Elagabal. Les badauds et les passants restaient fort étonnés sur le passage du convoi.

Le cavalier de tête s'approcha du poste de garde.

"Bien le bonjour messieurs ! Nous venons livrer une commande express pour votre empereur ! On vous laissez tout çà où ?"

Ils débâchèrent certaines statues, des femmes dans des poses lascives, ou provocatrices, nues ou ne portant que des vêtements qui ne cachaient rien. Les traits étaient fins et précis, Venec avait engagé les meilleurs sculpteurs de la région.

Le chef du convoi s'inclina avec beaucoup de déférence.

"Certains sculpteurs ont leurs propres modèles ou muses, mais pour le reste des statues, les artistes ont utilisé comme modèles les filles que nous vous avons amenées !

Elles proviennent des meilleurs marchands d'esclaves d'Al Hinna ! Le summum de la qualité ! (Il fit un signe discret et deux hommes écartèrent les tentures du chariot. Ils ouvrirent le haillon et aidèrent les filles à descendre. L'intérieur du chariot n'était pas grillagé et les filles n'étaient pas attachées même si subsistait le collier d'esclave. Un homme en tablier vint se porter à hauteur du chef de convoi) ... et nous avons engagé un apothicaire pour veiller à leur bonne santé ! (le soigneur s'inclina à son tour jusqu'à terre) Elles n'ont manqué de rien et comme nous leur avons expliqué leur destination, entre çà et l'avenir que leur promettaient les marchands d'esclaves, elles sont venues sans rechigner ! Les plus belles des plus belles ! Pour le plus digne des Empereurs !

Veuillez encore excuser notre retard votre Impérieuse Altesse Sérénissime ! Transporter un tel convoi n'a pas été des plus facile ! Heureusement, nous pouvions compter sur ces bêtes robustes qui ont tiré les chariots chargeant les statues sans faiblir !

En arrivant, un capitaine nous a dit que notre retard n'a pas été trop préjudiciable ? La fête des flores n'a pas encore eu lieu ? Il est encore temps ?"

Le chef du convoi se rapprocha donc des paladins et le reste à devoir fut passé de main en main promptement.

L'apothicaire, quant à lui, donna les clefs permettant d'ouvrir et le cas échéant de se débarrasser des colliers d'esclaves que les filles du chariot portaient. Il ne savait pas ce que l'empereur voulait exactement en faire, mais s'il désirait qu'elles soient totalement libres, il en était désormais le seul et unique décideur.

"Oui bien sûr ! Nous restons le temps de la fête ! Nous allons aider vos ouvriers à installer les statues aux bons endroits ! Votre fête sera magnifique, votre Impériale et Grandiose Altesse !"

"Euh ... ben des fêtes et des orgies ... y'en a souvent dans le souk ... le soir ... quand on connait bien les bons coins ... mais c'est en général payant ... et pas autant ... ni si grandiose c'est clair ! Pas à cette échelle !

Une fête comme la vôtre, votre altesse sérénissime, on n'a clairement pas l'habitude de voir çà ! J'connais 2-3 organisateurs de fêtes qui seraient blêmes de voir tout c'que votre artiste prépare ! (un des hommes souffla un mot à l'oreille du chef de convoi qui éclata de rire) ... Ah oui ! Même les fêtes à c'bon vieux Bénard Shah ! Si t'arrive à dégotter un d'ces putains d'cartons d'invitation hyper rares, y'a toujours d'la bouffe à gogo et plein d'filles ! Mais c'est rien comparé à ici ! "

Les hommes de Venec suivirent donc les instructions de l'Artiste pour poser les statues là où elles seraient le mieux adaptées.

Une fois les chariots vidés, tout fut rangé dans les écuries, les cochers restèrent avec les palefrenier du palais pour s'occuper de leurs bêtes exotiques. Les autres, allèrent se faire un brin de toilette et se rendre un peu plus présentables qu'en tenue de voyage poussiéreuse.

Ils avaient hâte de découvrir comment se passaient les fêtes dans ce pays.

La discipline commençait à foutre le camp. La plupart des hommes d'armes se retrouvèrent attirés par telle ou telle situations intéressantes dans les rues les plus proches. Tandis que le groupe progressait vers le Palais, quelques uns des hommes d'arme restants ainsi que quelques cochers s'égarèrent pour atterrir dans l'une ou l'autre des fêtes. Au final, seule une poignée d'hommes d'armes et de cochers accompagnaient l'apothicaire et le chef de convoi lorsqu'ils arrivèrent enfin au Palais.

Tandis que le chef de convoi se laissait délicieusement séduire par la jeune femme mutine, l'apothicaire lui s'entretenait auprès des danseuses de leurs très intéressantes facultés de contorsion, leur proposant quelques massages si d'aventure des douleurs les prenaient.

Quand au reste de la troupe, entre ceux arrivés au Palais, ceux répartis dans quelques fêtes et ceux occupés dans les rues de la ville, ils participaient tous allégrement à la fête d'Elagabal.