La ferme de Guethenoc et son voisin Pelmasse

J+combien?

Gethenoc retrouva son troupeau sur l'autre flanc de la montagne, sur les terres de son voisin, Pelmasse. Il rameuta ses troupes avec des sifflements mais une voix l'interrompit
" Qu'est ce que tu branles sur mes terres?"
Gethenoc se retourna et vit en contrebas, son voisin.
" Mes bêtes se sont sauvées, je les ramène au bercail"
" Ben voyons. Et évidemment elles grattent ma terre. Elles ne sont pas connes, elles viennent là où l'herbe est plus verte. Chez toi c'est tout boueux."
" ça va ça va."
" Justement ça ne va pas. Je demande réparation pour herbe pillée et ravagée"
" Tiens donc! La seule chose qui est ravagée ici, c'est bien toi!"

De retour de Castellac, Pelmasse revint bredouille et Gethenoc était chagriné.

Dans la ferme de Gethenoc :
Sa fille lui apporta un pichet de son cru
" Qui y a t-il père?" demande sa fille
" L'autre con s'est plaint "
" oui je sais"
" mais au final on hérite d'un noble qui va faire le tour de nos fermes"
" et alors?"
" et alors je n'aime pas ça. Je n'ai pas envie d'un gus de la ville qui va mettre son pif partout"
" On va tout arranger avant sa venue"
" Obligé. Une autre bouteille ma fille, s'il te plaît"

Quelques jours plus tard arrivèrent trois hommes. Les deux premiers, des hommes d'armes, escortaient le troisième, petit, des yeux chafouins dans un visage rond, peu de cheveux et une mise débraillée qui ne lui donnait pas l'air très sérieux.


Il se présenta à Pelmasse avec simplicité, tout en épongeant son visage rougeaud avec un mouchoir semblant avoir déjà servi.

"Bonjour Messire, je suis Maître Guérand, envoyé par Messire le Comte afin de régler ce différend qui vous oppose à votre... heuuu... voisin. Ces hommes sont mes gardes. Comme il n'y a pas de village ici, nous serons contraints de séjourner chez vous le temps de notre... heuuuu... accompagnement."

Il sourit au fermier avec sincérité et arbora un air désolé.

Le fonctionnaire laissa tomber l'exclamation de Guethenoc.

"Je ne suis pas là pour faire, monsieur, je suis là pour vérifier et acter que le jugement rendu est bien appliqué. En termes clairs, je viens vous voir remplacer les morceaux de la clôture entre votre domaine et celui de monsieur Pelmasse, à vos frais, sous peine d'une amende bien plus sévère que le coût de celle-ci."

"Ah, vous êtes Monsieur Pelmasse... Qu'à cela ne tienne, vous êtes celui qui a été désigné responsable. Je suis donc là pour vous voir mener la réparation à bien. Bien entendu, comme il en a été également décidé, Monsieur Guethenoc devra s'acquitter le l'autre moitié des frais."

Le petit homme épongea son front luisant de sueur tandis que ses gardes adressaient un sourire à la fille du fermier.

"Vous n'avez pas l'air de comprendre. Nous allons ensemble chercher les marchandises. Vous payez la moitié et je me charge de récupérer l'autre moitié à votre voisin. Et s'il ne paie pas, il paiera en temps, passé dans les geôles du Comte."

Pelmasse était furieux et accusa son voisin d'être l'auteur de ce barbecue.
" Vous voyez Mr le Représentant. C'est un fou! Maintenant, pour se venger, il crame mes bêtes"
Il était évident que ce n'était pas du fait de Gethenoc mais d'autre chose. Vu l'état des bêtes, elles ont été projetées violemment.

Gethenoc arriva sur ces entefaites,
" Si c'était moi je ne me serais pas arrêté à vos bêtes, j'aurais cramé votre ferme et mis le feu à votre paillasse. Tout ça  pour dire que ce n'est pas moi."

Pelmasse se tourna lui aussi pour être face au Maître Guérand.
"  Avant de filer, vous comptez rembourser la perte de mon troupeau? C'est votre rôle, à vous, la sécurité du pays."

Le notable tourna les talons avec son équipage et repartirent en direction de Castellac. Pelmasse et Guethenoc se trouvaient face à face.
" On fait quoi?" demanda Pelmasse
" Je me tire d'ici" répondit agressivement Guethenoc 
" Tu me coupe la chique."
" Un dragon traîne dans le coin et bientôt des gugus de Castellac vont arriver. Donc?"
" quoi?"
" Ils vont venir crécher chez nous et nous allons jouer les aubergistes."
" Ah!"
" Donc je prends mon blé et mes bêtes pour me rendre dans les plaines. Bon courage vieux ronchon."
" Parce que tu crois que tu vas partir tout seul. J'aime te faire chier alors je te suis."
" Nom de nom! t'es pire qu'une femme."
" depuis le temps on forme un petit couple."
" Je vais avoir besoin d'une triple dose de gnole pour oublier tes paroles."
" On part quand?"
" Au plus vite"
" Et si on nous interroge?"
" Sur quel sujet?"
" Pourquoi nous sommes barrés."
" On dira qu'on fait la transhumance."
" la quoi?"
" On doit balader nos bêtes, tu réponds ça. L'herbe est plus verte ailleurs. C'est bon pour toi?"
" Je ne suis pas bête non plus."
" Ce n'est pas une triple qu'il me faudra."

Après cet échange les deux fermiers rejoignirent leur chaumière pour le grand déménagement.