Aluarim

Dans l'une des tavernes d'Aluarim, la fête nocturne battait son plein. Loin des tensions territoriales du nord, son statut de port de commerce lui valait pas mal de brassage de capitaux. Et la richesse, çà ruisselle (NDLR : aucun rapport avec la réalité cette fiction !). Les marchands venaient dépenser et s'encanailler dans les nombreuses fêtes régulièrement organisées.

Déambulant entre les tables, distribuant au passage quelques bons mots aux riches marchands occupant ces tablées bien fournies, un dandy, élégant et svelte, essayait de se frayer un chemin vers le grand escalier menant aux chambres. Sa luxueuse chemise à jabot lui donnait l'aspect d'un coq vaniteux.

Enfin arrivé jusqu'à sa chambre, il referma la porte à triple tour. Une légère fumée s'échappa de ses manches et de son col. Sa redingote semblait soudain plus défraichie, le jabot de sa chemise moins bouffant, quant à son visage de zombi tout séché ... il pouvait terrifier n'importe qui.

"Et tu arrives à tenir combien de temps en société comme çà ?"

Surpris, son regard fusa dans le fond de la pièce, une forme qu'il n'avait pas sentie était affalée dans le fauteuil.

"Identifiez-vous !
Du calme ! Je viens en ami !
En général, on vient rarement à moi en ami, encore moins en essayant de me surprendre !
Tu n'attendais pas de la visite ? (son interlocuteur tourna la tête vers le guéridon où s'y trouvait une bouteille de vieux cognac et 2 verres vides)
... Si ... mais tu n'es pas celui que j'attendais ! Et tu vas vite t'apercevoir qu'il ne fallait pas essayer de me rencontrer ! (un long rasoir de barbier glissa de sa manche jusque dans la main, dans le même mouvement, il l'ouvrit, dévoilant une lame de rasoir plus longue qu'un poignard)
... Ah ... tu parles peut être d'un ogre-mage, tout de rouge vêtu ? (l'ex-dandy leva une arcade dépourvue de sourcil, étonné) ... Quelle bonne idée le rouge ! Çà évite que le sang tache comme çà !
Tu l'as tué ?
Il n'en reste plus que çà ! (Il sortit de sa poche une petite gemme couleur rubis, brillante comme un soleil) ... Tiens ... un acompte pour accepter de m'écouter ! (Il lui lança la gemme. Sans lâcher son rasoir, l'autre l'attrapa au vol de son autre main. Il la porta aussitôt à son œil pour l'examiner de près)
Tu sais donc qui je suis si tu sais que j'aime me faire payer en âmes plutôt qu'en argent !
Bien sûr, c'est d'ailleurs parce que je sais qui tu es que j'ai préféré éliminer la concurrence !
Toi aussi tu veux m'engager ? Tu sais dans quel merdier tu t'es fourré ? Tu sais pour qui il bossait ?
Je sais qu'en remontant la ligne des intermédiaires, je finirais par tomber sur Thrann, le roi des Géants ! Me prends-tu enfin au sérieux ?
Tu n'as pas répondu à question de tout à l'heure ceci dit !
Mon nom importe peu ... Mais je sais que le code des assassins leur interdit de rompre un contrat accepté et non honoré, même en leur proposant plus ! Le déshonneur serait pire qu'une exécution humiliante ! Et son idée d'engager les meilleurs assassins du continent, je la trouve tellement bonne que je m'en suis inspiré ! Tu n'est pas encore en contrat avec lui, j'espère ?
... Non, puisque tu as tué celui qui venait m'engager !
Alors c'est parfait ! Allons, viens t'asseoir à côté de moi au lieu de rester debout près de ta porte !"

L'homme se pencha sur le côté pour saisir la bouteille, l'ouvrir et commencer à servir dans les deux verres. Sortant de l'ombre du fauteuil, la lumière dévoila le visage d'un drow, une lueur démoniaque dans l’œil.

"Je reconnais ta tête mais pas ta voix c'est étonnant ...  Mais dit moi, pourquoi les Huldras engageraient le Death Jester ? Je ne suis pas vraiment le genre de ta bande !
A la guerre comme à la guerre, comme on dit !
Tu connais mes tarifs pourtant ... Comment un "gentil gars" va faire pour le payer ?
Je n'ai pas encore hypothéqué toutes les âmes que je vais bientôt moissonner ! Il en restera assez pour tes émoluments !
Tu commences à m'intéresser ..."

Le Death Jester vint s'asseoir sur l'autre fauteuil ...