Cabane du pêcheur

"Euh ... mes anciens potes ? si tu parles des derniers gobz avek ki je trainais, j'sais pas s'ils sont enkore vivants, et si oui, où kils sont ! Si par kontre tu parles de mon peuple en général, ben le royaume est toujours à sa place, vos boss connaissent l'adresse, parait k'ils ont débarqué en force dans les galeries et k'ils ont même kroisé le roi (à l'évocation de ce mot, Ménériel ne sentit aucune déférence mais par contre une peur tangible dans sa voix) ...

Pourkoi k'j'ai déserté ? paske c't'andouille d'Shlyk' il nous a détourné d'not' mission, k'du koup, on l'a échouée ... et k'avek le boss ou le shaman, ce genre d'échec, c'est éxécution direct, kouik ! Alors plutôt k'd'obéir bien gentillement et rev'nir me faire zigouiller comme un gentil mouton, j'ai préféré filer et m'faire oublier ! Simple kestion de survie !

Pourkoi k'tu d'mandes tout çà ?"

"Ah oki doki !

Oh ben lui il conseille le roi de temzentemp, mais c'est surtout un sortilègifikateur ! Il est moins karaktériel que le bigboss mais vaut mieux filer droit kan même !"

"Euh ses recherches, personne les connait ! Il fait tous ses truks dans son coin ! Faudrait être suicidaire pour se poser cette question !"

Finalement elle n’apprit pas grand-chose de plus durant la soirée. Nikushimi finit par la rejoindre et ils dormirent à nouveau dans les hamacs. Au petit matin, Indrius avait déjà préparé le petit déjeuner.

Puis il fut temps de rejoindre la grande place où devait se passer le discours de Magnolia. Ils y allèrent tous les deux.

Gné ?

"Du poisson ? oui j'en ai ! J'ai aussi choppé 2 krabes mais j'sais pas trop les cuisiner par kontre, j'ai plutôt tendance à grignoter c'ke peux, si vous vous y konnaissez mieux en crabisation, j'vous les laisse !

En général pêche et kueillette oui ! Eventuellement, je longe le port, je suis la plage jusqu'à un petit koin de la forêt et j'y ai mis 2-3 kollets, je passe vite fait les relever de temps en temps avant de revenir me mettre à l'abri ici ! Des fois, j'attrape un ou 2 lapins !

Faut pas croire tout c'k'i s'raconte sur les gobs non plus hein ! On n'est pas si sanguinaires que çà ! Alors ok, en temps d'guerre, faut pas gâcher, c'est clair qu'un kadavre d'humain, d'elfe ou de nain, on va pas l'enterrer, on le becte ... Mais on passe pas notre temps à çà ! Voui vous êtes seule devant moi mais moi j'suis seul aussi ... qui m'dit k'vous zallez pas m'zigouiller direct si j'tente koike ce soit ? Nan j'suis pas suicidaire au point d'tomber dans un piège aussi évident ! Alors d'accord z'avez une peau toute lisse et toute claire ... mais j'suis pas comme les 2 andouilles avek ki je faisais équipe autrefois ! L'shykl' y vous zaurait zigouiller sans sourciller, c'est klair, et l'zib', c't'obsédé n'aurait été intéressé ke parce ki se cache sous vot' robe m'dame ! Moi j'tiens trop à ma vie pour me risker à ces 2 genres d'okupations !"

Merde !! Olala !! Mais k'est-ce que j'ai fait moi ! Merde ! Merde ! Merde !

Elle est partit chercher le sang-mélé ! Il va revenir me dékouper en tranches pour avoir fait çà à son elfette ! J'aurais dû la retenir, essayer au moins de lui enlever les crabes !! Fichus crabes !! Ils pouvaient pas resté sagement trankilles non ? Saletés de bestioles ! Je vais me faire trucider juste à kause de 2 krustacés ... olala ... j'ose pas essayer de la rattraper ! Cà veut dire aller en ville ? et les Araignées ? oh non je pourrais pas ! Y'a trop d'Huldras là-bas !

Indrius se tapa la tête des 2 poings en faisant les 100 pas dans son grenier.

Faut que je trouve un truc pour m'exkuser ! Et un truc komak !

Des lapins ! J'ai parlé de mes kollets ! Si je ramène un ou deux lapins ! Je bricole un civet façon zumains, et quand ils se repointent, je mets le civet à chauffer et je les kalme par l'estomac ! Çà amadoue tous les zestomacs çà un bon civet !

Indrius prépara sa besace et sortit de la cabane direction la plage et le coin de forêt la longeant. Pourvu que ses collets soient garnis.

De son petit coin de "chasse", Indrius avait récupéré 2 lapins. Pas bien gros, mais çà suffirait. De toute façon, il n'allait pas faire la bouffe pour un régiment d'gobz affamés mais pour une elfette, çà ne mange pas beaucoup çà les elfettes. Y'a qu'à voir comment elles sont minces.

Il revenait au petit trot, content de sa prise. Il fit un détour le long de la plage, parmi les cabanes abandonnées, certaines avaient des potagers dans le temps. Il réussit à dégotter quelques légumes sauvages. Pas un plein panier, mais pour un seul civet, çà suffirait.

Si avec çà elle m'en veut enkore, j'aurai plus k'à m'karapater loin, bien loin ! Mais j'aurais du mal à r'trouver une aussi bonne planque k'ici ...

Me d'mande s'ils s'sont trouvés des bonnes planques les 2 zigotos ? Nan ! 'Passent leur temps à s'jetter dans les ennuis ! Peuvent pas s'en empêcher !

Une fois revenu au port, il se chercha un bon chaudron dans les cabanes des pêcheurs pour préparer son civet ...

Longeant les cabanes de pêcheurs, plusieurs des hommes de Ménériel avaient été envoyés par Tileston ramasser tout le bois flotté échoué sur la plage qu'ils pourraient. Effectuant plusieurs aller-retour du bord de l'eau jusqu'aux anciens potagers des cabanes, ils regroupaient en plusieurs tas de bois tout ce qu'ils trouvaient.

A mesure qu'ils progressaient, ils s'éloignaient petit à petit du port pour dépasser la dernière tour de la muraille. De loin en loin, ils étaient désormais en vue de leurs collègues, dépêchés eux à la lisière de la forêt pour ramasser tout le bois mort dont les arbres n'avaient plus besoin. Eux aussi faisaient des fagots qui seraient plus faciles à transporter ensuite.

Vers le milieu de la matinée, ils furent les premiers à entendre quelque chose. D'abord, de faibles bruits de roues grinçantes. Ensuite, les bruits semblèrent se rapprocher, plus nombreux. Mais aucun n'était du bon côté de la forêt. Ce qui se déplaçait devait se trouver sur la route venant de l'ouest.

L'un d'eux, peut-être plus intrépide, ou plus jeune que les autres, lâcha son affaire et avança prudemment entre les arbres.

Traversant le "bras" de forêt qui longeait la muraille, il arriva à la lisière, en vue de la route. Il fut le premier à les apercevoir. Un à un, 3 chariots s'approchaient de la cité. Tirés par de vieux et énormes sangliers au pelage gris et ruisselant de sueur, ils étaient lourdement chargés de sacs en tout genre et de corps entassés. Sur le banc de chacun des 3 chariots, 1 orc vouté et visiblement épuisé, guidait tant bien que mal son sanglier tracteur. Repérant malgré sa cachette le jeune pêcheur, l'orc de tête fit arrêter le convoi. Sans quitter son siège ni ouvrir la bouche, il fit signe à l'homme de s'approcher.

Après quelques instants d'hésitation, il sortit des bois et se dirigea vers les chariots. S'approchant plus près, il repéra des têtes se lever doucement dans sa direction. Les corps entassés sur les chariots, ils semblaient tous vivants mais dans un piteux état. Lorsqu'il fut assez près pour pouvoir poser une main sur la roue du premier chariot, l'orc se décida à ouvrir enfin la bouche.

"Si ... s'il vous plait ... va ... chercher ... responsable ! Nous ... demander ... asile ... accueil ... manger ... boire ... un boss !"

Prononcer ces quelques mots décousus semblait épuiser le cocher. L'ouvrier réfléchit à toute vitesse. le "contremaître-charpentier" était reparti sur les chantiers, mais la patronne, il savait où la trouver. Elle serait certainement à l'échoppe du poissonnier gobelin !

"Bougez-pas ! Je reviens ! Je vous ramène tout de suite quelqu'un !" Ni le cocher, ni aucun des autres orcs présents sur les chariots n'avaient semble-t-il l'intention de bouger en fait.

Il se mit à détaler à toute vitesse vers l'entrée de la cité, croisant au passage les 2 premiers gardes, un portant tabard d'Harmadrya, l'autre tabard d'Oghma. Ayant aperçu à leur tour les chariots, ils venaient à leur rencontre.

"J'vais chercher la patronne ! J'revieeeeens !" leur fit-il sans s'arrêter. Ils n'eurent aucun mal à deviner, avec sa tenue d'ouvrier, qu'il parlait de Ménériel. Puisqu'il se chargeait d'aller chercher un responsable, ils purent se concentrer sur les chariots et s’avancèrent prudemment mais, à moins qu'ils soient tous de très bons comédiens, les 2 soldats avaient plutôt l'impression d'observer des réfugiés en fin de course que de dangereux envahisseurs. Aucune arme n'était visible, et les seuls orcs à vue semblaient malingres et épuisés, pas du tout prêts à se battre. Ceci dit, ni Briquet pour l'un, ni Léviander pour l'autre, ne leur avait appris la naïveté, aussi restèrent-ils malgré tout sur leurs gardes, au moins le temps que Ménériel ne soit dépêchée sur les lieux.

Se dirigeant vers la poissonnerie, le jeune croisa la route d'Horacio, le chef des hommes de Léviander. Il revenait justement de l'aire d'entrainement. Intrigué, il alla voir à la porte de la ville.

Là, les deux soldats de garde le virent et l'appelèrent.

"Chef ! chef ! Des réfugiés ! (fit l'ancien d'Al-Hinna)
Capitaine Horacio, il semble qu'une colonne de réfugiés orcs épuisés demandent asile ! Un des ouvriers est parti chercher la responsable la plus proche ! (rajouta de manière plus protocolaire et militaire l'homme formé par Briquet)

Allons bon ! Bon, amenez moi à eux, je vais voir s'ils ont un ... porte-parole, responsable, ou quelque chose dans le goût, en attendant que ... qui ? Ah Dame Ménériel ? Oui, en attendant qu'elle arrive !"

Pendant que le jeune pêcheur accompagnait Ménériel, le Capitaine Horacio avait fait le tour des chariots. Les trois cochers orcs étaient en fait les plus valides et les plus costauds, c'est à dire qu'ils étaient épuisés, les joues creusées et se tenaient voutés sur le banc de leur chariot. Il semblait à Horacio que leur demander de se lever serait légèrement au delà de leurs capacités actuelles. Dans les chariots, entassés sans vraiment d'organisation, des outils, des vêtements, des armes rudimentaires et abimées entassées dans un tonneau, d'autres orcs, plus faibles emmitouflés dans des couvertures, des outres d'eau vides pendaient le long du bastingage, pas de trace de vivres par contre. Il y avait là principalement des femmes, des enfants, et un couple de petits vieux qui bougeait à peine.

Lorsque Ménériel arriva avec son guide, il n'y avait plus qu'un seul des 2 gardes avec Horacio. Mais les autres pêcheurs du groupe de cueilleurs de bois étaient arrivés sur les lieux. Ils avaient fait descendre ceux qui le pouvaient et quelques orcs étaient assis par terre, adossés à leurs chariots. L'un des gardes leur avait amené une outre d'eau du poste de garde et ils se la passaient de main en main pour s'abreuver dans le calme. Certains des pêcheurs avaient dans leurs poches des sardines grillées récupérées à la poissonnerie qu'ils se gardaient comme encas à grignoter. Ils les avait aussi distribués à qui voulait bien en gouter.

"Ah !!! Dame Ménériel ! (fit Horacio) Le gamin vous a trouvé !

J'ai demandé à l'un des hommes d'aller chercher sieur André et Varag !

Ils disent qu'ils viennent des villages orcs au nord ! Varag nous avait dit que tout avait été rasé et qu'il n'avait trouvé aucun survivant suite au raid du roi-goule mais ceux-là ont pu s'enfuir et se cacher dans les bois ! Ils ont mis plusieurs jours à se regrouper, et ne sachant pas où aller, ils ont récupéré tout ce qu'ils ont pu et sont venu jusqu'ici !

Je pensais qu'il y avait le domaine du ... vous-savez-qui ... entre les plaines où vivaient ces orcs et ici, mais ils ont dû passer à côté sans le voir ...

Que doit-on faire Madame ? Il reste des habitations inoccupées dans votre quartier ?"

Lorsque soudain, une tornade de poussière se leva près d'eux avant de s'effondrer sur elle-même, laissant apparaitre à la place André, Varag et le soldat parti les chercher.

"Nous y voilà !"

Horacio fit un salut tout militaire à André qui lui rendit poliment avant de s'entretenir avec lui, laissant Varag rejoindre Ménériel.

Varag se fit répéter les consignes de Ménériel :

"Oui, tu as raison ! Bonne idée !

Des villas là-bas, on pourrait utiliser celle des elfes de Llanowar, non ? Depuis leur départ pour rentrer chez eux et le départ d'Izil, y'a plus personne là-dedans et elle, elle est nettoyée au moins ! Parce que hormis celle utilisée par les gnomes, toutes les autres n'ont pas été nettoyées depuis notre retour !

Je vais les aider à descendre de leurs chariots ! Et pendant que vous vous occuperez d'eux, je me chargerais de leurs bêtes !

Çà te va Méné' ?

Hé dis André ! Tu pourrais téléporter tout le monde là-bas directement ?"

"Ouais, c'est sûr, faudra pas leur dire ! L'père Llano', 'l'est un peu soupolait des fois !"

Varag repensa à sa première rencontre avec Llanowar et ses hommes : ils avaient bien failli s'entretuer sans la gueulante surprise de Lanthir qui les avait tous virés manu-militari de SA forêt, déclenchant l’hilarité des "punis".

Ensuite, dans la maison d'André en s'opposant un peu trop fermement au maître des lieux juste avant de se faire "éjecter" ... Décidément, ce bel exemple d'Elfe Solaire n'avait que peu de choses en commun avec Ménériel, l'elfe la plus "cool" que connaissait Varag.

"De toute façon, cette infirmerie de campagne, j'vois plutôt çà comme du temporaire ! Dès qu'on pourra, j'essaierais d'leur dégotter de vraies habitations individuelles ! Y'aura plus qu'à donner un coup d'chiffon à la villa pour que d'éventuels autres Solaires puissent venir !

Par contre, là où çà peut coincer ... c'est côté r'mise en état ! J'sais pas si l'akuponktur' d'Niku' va pouvoir tous les retaper ! Dangel parti en mission, on n'a plus ses capacités de régénérer les blessur' ... J'passerais p't'être à la villa d'à côté chez les Rabowskis, j'y ai envoyé l'automate qui servait autrefois de nounou aux jumeaux d'André, il leur sert de sage-femme en ce moment ! Il pourra p't'être aider ces orcs !

André a dit qu'le vieux Lex' allait essayer d'nous dégotter des prêtres et des médics ... mais d'une, c'est pas dit qu'il puisse, de deux, çà va mettre un bon moment avant d'en voir la queue d'un ... façon d'parler !"

André les rejoignit :

"... Hum ... oui je pourrais téléporter tout le monde et leurs chariots dans la cour intérieur de l'Ambassade ! Et promis, çà n'est pas moi qui irait raconter à cet entêté qui a squatté cette villa qu'il était si pressé de quitter ! Le temps d'incantation sera juste un peu moins instantané que d'habitude mais je suppose que çà ne gênera personne !"

André nota l'expression sur le visage de Ménériel mais n'en parla pas.

Il s'avança vers les chariots et commença à psalmodier des vers dans une langue gutturale qui écorchait les tympans les plus sensibles. Une ligne de flammèches multicolores commença alors à courir au sol des pieds d'André jusqu'à l'arrière du dernier chariot, puis revint de l'autre côté en faisant le tour des réfugiés descendus par terre, contournant le soldat et les ouvriers de Ménériel pour les exclure du périmètre, repasser vers Ménériel pour l'inclure, elle et Varag dans le "cercle" et revenir ensuite jusqu'aux pieds d'André. Le chant cacophonique d'André monta un instant dans les aigus, le flammèches se changèrent en mur de lumières de l'arc-en-ciel s'élevant haut dans le ciel qui s'effondra presque aussitôt ... ne laissant qu'un peu de poussière soulevée du sol là où étaient la seconde d'avant les orcs, leurs chariots, André, Ménériel et Varag dans un silence surprenant, laissant Horacio, son homme, et les ouvriers, seuls sur le pas de la Porte Ouest ...

[la suite à l'ambassade des elfes de Thoromlallor]