Quartier des artisans

"Pour les anciens villageois, ils se sont installés dans les quartiers d'habitation près du port ! Comme la plupart des familles étaient des pêcheurs dans les villages alentours, la zone côtière çà leur connait ! C'est là-bas qu'on les trouvera !

Pour les commerçants, il n'y a que la boutique de Pierre pour le moment, vu que la Grande Forge d'Imgeldor est vide !"

Prolaïca était dans l'arrière cour de son "futur" établissement, occupée à déblayer l'espace du fatras accumulé. 2 jeunes villageois étaient venus l'aider. La perspective d'obtenir dans un avenir proche de bons outils pour les champs les avait motivés. Ils avaient beau l'aider (en théorie), ils se laissaient facilement distraire par le moindre incident ou bruit bizarre. Ils virent passer Ménériel et ne purent s'empêcher de s'octroyer une de leurs nombreuses pauses pour taper la discut'. En apprenant l'objet de ses recherches ...

"-Un chariot costaud ? Ah ben pour sûr, si qu'on sait où en trouver un !
-Ouais ! Dans l'établi à côté de la grande forge du vieux nain absent ! Il a tout un tas de matos ! Et dedans, ya un gros chariot ! Tout bardé d'acier de partout ! Ya des râteliers fixés sur les rambardes, sûrement qu'il l'utilisait pour transporter ses productions !
-Mais en tout cas, question costaud, il se pose là ! Il n'a même pas l'air abîmé par les années !
-Mais chut hein ? Dis pas à Prola' qu'on t'a dit où il était, elle nous a interdit d'aller dans l'établi d'la concurrence ! Soit-disant qu'c'est interdit, qu'c'est pas loyal, surtout en son absence !
-Ouais, elle dit qu'elle veut se débrouiller sans rien piquer au Him'quelque chose ! Qu'il va bientôt rev'nir !
-N'empêche qu'on a besoin d'un forgeron et qu'il est pas là, alors vivement qu'la Prola' elle puisse ouvrir sa forge !"

Voilà qui donnait une indication à Ménériel pour un chariot, mais quid des bêtes pour le tirer, les chevaux de monte ne vont être assez costauds pour un chariot blindé, il va falloir de la vraie bête de somme ...

Elle le trouva dans le quartier du port où s'étaient installés les villageois arrivées avec Edéo et Ovéa. Tous ceux qui savaient pêcher l'avait rejointe au port pour aider TIleston, mais il en restait quelques uns qui s'occupaient de leur installation.

Devant l'une des maisons, Ménériel repéra 2 bœufs gardés dans un enclos fraichement construit. Occupé d'abord à se faire un logis correct, il n'avait pas encore pu commencer à s'attribuer un champ, et encore moins à le labourer ou l'ensemencer correctement. Du coup, ses bêtes étaient au repos.

Une femme s'approcha de Lila.

"M'dame vot' seigneurie ! S'cusez moi ... Mon mari ! Mon mari y travaille la terre normalement ! Même qu'on a 2 bœufs pour l'aider à labourer ! Mais ... euh ...

(un gamin d'une 8aine d'années se colla dans les jupons de sa mère) ... C'est la capitaine du port ! Elle l'a emmenée avec elle ! Avec Butor et Ronchon, papa l'aide à euh ... une histoire de mine je crois ...

Oui ... soit poli avec la dame tu veux ... Oui c'est çà ! mon mari m'a dit hier soir que la Dame du port a emprunté un gros chariot au forgeron (NDLR : emprunter un chariot à Himgeldor ? Mais le vieux nain n'est pas là !) et avec nos 2 bœufs, ils ramènent des pierres depuis une mine en dehors de la ville jusqu'au port ! Mais euh ... en l'absence de mon mari ... si vous vouliez bien ... euh ... un lopin de terre ... on vous serait éternellement reconnaissants vot' seigneurie !"

Le gamin secouait le tablier de sa mère, il avait l'air content mais elle essayait de le calmer un peu, au moins le temps de pouvoir répondre à Lila :

"Euh ... ben quand on est arrivés ... il y avait 2 autres familles qui avaient des champs là où on habitait avant ... Je peux vous les retrouver si vous voulez, je sais quelles maisons ils ont choisi !"

"Ben je sais que toutes les familles de pêcheurs se sont rassemblées dans le quartier du port, pour les autres, on s'est un peu éparpillés ..."

Accompagnée de son fiston collé à elle, la fermière emmena Lila voir les 2 autres familles d'anciens fermiers. A chaque fois, la même composition familiale, un couple et des enfants en bas âges ; pas de grands-parents, soit parce qu'ils avaient préféré rester là où ils habitaient, soit parce qu'ils étaient décédés. Les hivers sont parfois durs à passer pour les personnes âgées en milieu rural, et les attaques récentes de pillards et de kidnappeurs n'ont rien arrangé non plus.

La famille Merlone s'en sortait le mieux puisque son mari avait pu ramener ses 2 bœufs avec lui.

Pour la famille Ravenor, seules quelques chèvres et un bouc avaient supporté le voyage, elles broutaient paisiblement devant la maison que les fils de la famille nettoyaient avec leur père. La mère et les filles s'occupaient des bêtes.

Pour la famille Orchard, lors de la dernière attaque qu'ils avaient subi dans le village où ils habitaient, le fermier y avait laissé une jambe, sectionnée à mi-mollet. Il avait encore du mal à s'habituer à sa jambe de bois et passait le plus clair de son temps dans un rocking-chair sur le pas de la porte. Sa femme tenait la maison comme on dit, et ses enfants n'avaient pu ramener que ses outils agricoles. Mais il n'avait pas encore eu le courage de les ressortir.