Le Lac

Comme toute bande en maraude en terrain ennemi, ils avaient laissés des sentinelles pour faire les tours de garde. Les ondins sortirent en silence mais entre les clapotis sur leurs jambes et l'ombre qu'ils projetaient sur le reflet de la lune dans l'eau, l'un des orcs de garde chercha à apercevoir la berge.

"Putain ! Encore une satanée otarie qui vient squatter nos plantes-bandes ! Va trainer ailleurs toi avec tes fichues nageoires !"

Il se retrouva alors nez à nez avec un ondin ruisselant, trident bien tenu, et toutes dents dehors.

"Mais ?!?!?"

Un morceau de viande séchée pour servir d'en-cas durant sa garde ; quelques piécettes, à peine de l'argent de poche ; et une dague dissimulée dans sa botte en plus de ses armes en main.

Le reste du camp dormait tranquillement. La sentinelle à l'autre bout du camp remarqua à un moment que son collègue n'était plus visible. Il alla voir pourquoi l'autre tirait au flanc. Après quelques pas, il le trouva étalé par terre, 3 taches rouges en ligne dans le dos.

"Alerte ! Réveillez-vous bande de moules ! On s'est fait attaquer !"

Une fois l'alerte donnée, c'est une vingtaine d'orcs de tous poils qui se mit en mouvement, enfiler un gilet de cuir, dégainer une arme fut assez vite fait, et ils se mirent à se mouvoir, tout autour du camp, sans vraiment s'éloigner de la lueur des torches par cette nuit sans lune.

Les plus aguerris attribuèrent après examen les plaies sur le cadavre à un trident plutôt qu'à 3 coups de couteau trop bien alignés, mais dans la nuit, ils n'avaient repéré aucune trace sur la grève près du rivage. Ils ne comprenaient pas d'où venait l'attaque et s'agitaient nerveusement.

Ne s'attendant pas à une attaque venant du lac, et désorganisés par leurs recherches qui n'avaient rien donné, la moitié des orcs tomba assez vite sans que de blessures trop graves ne soient infligées aux ondins.

Seuls deux d'entre eux préférèrent rester en retrait à cause de leurs blessures lorsque les derniers orcs essayèrent de se regrouper au centre de leur campement pour former un dernier carré dans un semblant de discipline. Les 18 ondins restant les encerclaient, préparant l'attaque finale pour la curée !

Croyant à une fuite, certains orcs un peu trop impulsif les poursuivirent en poussant des cris vengeurs.

Vocifération qui couvrirent la voix du seul officier restant.

"Héé !! Rev'nez band'd'andouilles ! C'est un piég..."

Trop tard, des tridents interceptèrent les flancs des imprudents qui furent proprement achevés. Les orcs survivants avaient encore perdu la moitié de leurs effectifs.

"Tiendez la ligne, Krétins des Ziles ! Y'vont vous planter un par un si vous restez pas groupir ! Restez koude à koude ! On s'est fait piéger kom' des poulets d'deux jours ! Faut t'nir ! Au moins jusqu'au matin ! Après on tentera une sortie !"

La ligne ne tenait plus. En plus, si les tridents commençaient à se comporter comme des flèches, le plan tombait à l'eau.

"Percée ! Percée ! Chakun sa pôm' ! Sprintez kom' jamais !"

Tous ceux qui pouvaient encore bouger abandonnèrent leurs positions et coururent à perdre haleine. Le mot d'ordre était de ne pas se retourner, ne pas s'occuper des blessés, mais fuir, quitte à courir jusqu'aux terres des géants (oui bon, çà fait une sacrée trotte, mais quand t'es désespéré, tu tentes quand même)

Dans le campement, répartie dans les différentes tentes, ils trouvèrent la solde du dernier mois. Ils ne trouvèrent pas de contrat d'engagement écrit mais à bien y regarder les pièces de monnaie, elles étaient un peu larges pour des mains d'orcs (ou d'ondins) et l'une des faces était estampillée d'un visage patibulaire certes, mais pas orquoïde (NDLR : pour les plus érudits, cela ressemble vaguement à un croquis du visage de Thrall, lorsqu'il ne sourit pas. Parait qu'il ne faut pas sourire sur les gravures des pièces, c'est malsain).

L'un d'entre eux hasarda une idée :

"Les géants n'ont pas besoin de monnaie entre eux ... mais il n'en est pas pareil pour toutes les autres races ! S'ils voulaient ... comment on dit ... acheter ? louer ? le travail de races qui eux n'agissent que pour l'argent, les géants n'auraient pas 36 solutions, les forcer, les menacer, ou alors utiliser de la monnaie ... non ?"