Le camp du Nord

Dans les contreforts rocheux, un relais de montagne avait été investi par une troupe de cavaliers. Une bande de brigands des montagnes. Composée en grande majorité de peaux-vertes, elle était menée par Zog-Roha Malmo, un orc gris arborant fièrement sa crête. Zog et 2 grunts étaient partis à la chasse et revenaient chacun avec un sanglier sauvage au poil noir. En arrivant près de la grande cabane, Zog remarqua aussitôt la présence d’une charrette attelée à 2 percherons exténués ainsi que l’absence des sentinelles laissées là.

"C’est koi c’visiteur qui détourne de leur boulot mes zommes ?

Encore un marchand ambulant tiens !

Ou alors une poule nomade qui offre ses services !

Arrête de réver toi !

Viendez les gars ! On va voir pour quelle raison j’vais leur tirer les zoreilles !"

Ils entrèrent dans le relais.

L’ambiance semblait lourde. Presque tous les autres hommes de la bande étaient là, y compris les sentinelles. A la table centrale, un troll bleu, mince et élancé était assis seul face à un ogre vêtu d’une cotte de maille ajustée à sa grosse panse et d’un manteau de fourrure de grande qualité. Tous regardèrent les trois arrivants avec surprise, comme s’ils avaient interrompu quelque chose. L’ogre afficha un très large sourire.

Trop poli pour être honnête c’ui là !

"Chef !! Le sieur Baraglud ici présent a une très intéressante affaire à nous proposer ! On va tous gagner mastok !

Trogokarst !! On peut savoir ki t’a nommé Chef adjoint ? ou Négociateur attitré d’la bande ?

Nan mais chef écoutez c’que Trogo’ a négocié pour nous ! C’est trop bien comme aff…

… Toi l’mioche, tu parleras kand j’te l’aurais autorisé ! Et les sentinelles bordel de merde ? Vous espérez surveiller les alentours d’ici ?

Arrête de râler Zog ! Les géants mènent de grandes guerres de conquêtes et il y a plein d’bon blé tout frais à s’faire à bosser pour eux ! l’sieur Baraglud est l’un de leurs recruteurs !

On a d’jà un kontrat j’te rappelle andouille ! T’as p’t’être aukun remord à chier sur ta parole mais moi j’en ai k’une ! Et si on s’met en r’tard pour le repas, on va être en r’tard pour le rendez-vous après !

Trrravailler pour des humains ne vous fait pas honte, noble chef orc ?

(Zog ignora proprement l’ogre et resta focalisé sur le troll) … Tu peux m’expliker nouveau super négociateur autoproclamé komment c’t’étranger fait pour savoir avec ki on est en ch’ville ?

J’ai mon prrroprrre rrréseau voyons, Je m’intérrresse à votrrre bande depuis un moment déjà !

Sans blague ? Cà m’fait une belle jambe ! J’travaille avec ki j’veux ! Cà m’regarde !

Ben justement, on trouve avec les gars ke tu prends des décisions pas normales des fois !

Toi l’révolutionnaire, tu m’chauffes les zoreilles ! J’te rappelle ke si tu veux t’la jouer konservateur et dogmatique, faut m’lancer un duel à la hache ! Et que seul le survivant aura l’droit d’ouvrir sa bouche ! Les mutineries et autres koups en douce komme c’ui là, c’est bon pour les zumains ! Alors vient pas pleurer k’je passe des kontrats avec eux si toi d’ton côté t’agit komme eux ! C’est klair pour tout l’monde ici ?

Allons allons maîtrrre orrrc ! Calmez vous ! Mes maîtrrres payent bien ! Vous vous y rrretrouverrrez ne vous inquiétez pas ! Que sont ces quelques médiocrrres humains comparrrés à la puissance de mes maitrrres ?

Alors toi j’va t’raconter une histoire ki m’vient d’un vieux pote, un ork rassure-toi ! Dans son monde, les géants sont les bêtes de sommes, les machines de guerre des bandes de guerre orc ! Ils leurs servent soit de bélier pour défoncer une défense, soit d’aimant à projectiles pour protéger les troupes ! C’est eux les larbins ! Et ben tu sais koi ? Cà m’plait bien çà comme rapport de force ! Pourkoi k’les zorcs y devraient forcément s’asservir aux géants d’abord ?

Mais chef, elle nous plait bien sa proposition !

(Zog voyait de plus en plus rouge, le sens de la conversation ne lui plaisait pas et il semblait que le troll avait bien préparé son coup d’état) Alors toi l’mioche, j’t’ai déjà dit d’la fermer quand les grandes personnes parlent entre elles ! Et toi l’gros lard, tu vas m’faire l’plaisir de ficher l’camp d’ici et d’dire à tes maitraillons k’j’en ai rien à carrer d’leur proposition ! Et toi l’rebelle, tu m’cours sur le harikot depuis pas mal de temps, t’as un problème avek mes zordres ? Ben dis leur direktement pétochard ! Vas-y ! Ose me défier bordel !"

Le ton montant, les voix s’élevèrent, certains cherchant à calmer le jeu, d’autres argumentant d’un côté ou de l’autre. L’ogre sentit que l’atmosphère n’était plus du tout propice à une négociation intelligente, et la porte semblait si loin tout à coup.

Au loin dans la vallée, on pu voir une colonne de fumée noire s’élever des montagnes. Quelque chose d’inflammable brulait abondamment là-haut.

Plus tard, au camp du nord, un cavalier solitaire approcha au petit trot. Zog, l’air sombre, la peau couverte de suie, tenait fermement ses rênes, un autre orc était affalé en travers de la selle.

Les sentinelles le virent s’approcher calmement. Il leur fit signe de la main.

"Hééé Zog !! On ne vous attendait plus ! Pourquoi c’retard ? Elle est où ta bande ?

Y’a plus d’bande de Zog, konsidérez ke la bande de Zog est officiellement dissoute ! Dites z’avez un médecin pour mon pote Yrgha  ? Il est gravement blessé !

Ouais, vas-y, passe-le, fait-le descendre on va l’amener à l’infirmerie !

Il s’est passé quoi là haut ? C’était vous le feu de tout à l’heure ?

Ouais … dites les mecs, les chefs sont là ? Faut k’je parle d’urgence à Venec ou à Croc !

Croc est là oui ! Dans ses appartements !

Ok ! Amène-moi à lui s’te plait ! J’ai des truks à lui dire, et çà n'va pas lui faire plaisir !

Ah super, il collectionne les mauvaises nouvelles aujourd’hui !

Ouais, j’krois k’on en n'a pas fini !"

L’humain guida l’orc vers la tente de Croc ...

Bien le bonjour de Croc, Huldras fut un temps,
Mon petit doigt m'a averti de votre retour,
Une merveilleuse nouvelle qui nous redonne espoir,
Nous sommes étranglés par le nouveau seigneur,
Ne nous laissez plus, ne nous abandonnez pas,
Nous avons besoin de vous,

Zog lui raconta que désormais la bande de Zog, qui devait les rejoindre, se résumait à un chef sans bande, et un blessé grave qui une fois remis sur pied ne devrait plus être utile qu'à s'occuper du camp. Il lui raconta que les autres par contre ne rejoindraient pas pour autant les rangs des ennemis de l'humanité.

Car la nouvelle la moins réjouissante que Zog tenait à partager avec Croc était que les guerres gigantiques se rapprochaient dangereusement d'ici, que les géants s'étaient adjoints les services des ogres et qu'ils étaient entrain de recruter tous les ogroïdes et les orquoïdes qu'ils pouvaient trouver ... et que çà, çà ne sentait pas bon pour les races humanoïdes.

Après avoir arraché les infos d'un recruteur de la Horde, il lui annonça que le royaume des elfes du soleil n'était plus qu'un champ de bataille ravagé, qu'il y avait déjà eu plusieurs incursions mineures sur les terres de ce satané Vildrek et que les géants risquaient fort de développer sans fin leurs conquêtes jusqu'à ce que quelqu'un puisse les arrêter.

Zog était morose, las et semblait triste. Il n'avait même pas pris le temps de s'enlever la suie qui le couvrait ni le sang de ses frères sur ses mains avant de se présenter devant Croc.

"L'heure est grave mon ami ! Je crains que bientôt ... les races s'entre-déchirent ... et çà ... çà me révolte !"

"Dacodak !"

Zog inclina la tête respectueusement en se levant.

"Même sans bande, konsidère que t'as au moins mes services ! Ce sont les plus sûrs que ceux que j'aurais pu te proposer !

J'y vais de ce pas, si t'as besoin d'moi, je s'rais au comptoir !"

Sortant du QG de Croc, il bifurqua d'abord vers la rivière et s'éloigna un peu derrière un coude, en aval du camp. Il enleva bottes cloutées, pantalon de cuir et plongea dans l'eau pour se laver. Une fois la suie partie, divers cicatrices récentes encore à vif apparurent, l'eau était bénéfique pour laver les plaies. Zog se lava les mains du sang séché en réfléchissant

Les géants veulent raser Harmadrya ? Envoyer un message à une Huldras ? Ils sont rev'nus ? ... C'est p't'être le moment d'partir à la r'cherche des survivants d'la vraie bande d'origine ! (Il avait un petit air nostagique, les yeux dans le vague)

"Héé mon grand ! (Une matronne sur la berge portait sous le bras un baquet plein de linge) ... Tu sais qu'c'est pas prudent d'se balader à poil comme çà ?

J'me lave !

J'vois çà ! (Elle n'avait l'air nullement gênée devant les lunes de l'orc. Il préféra rester malgré tout de dos, ne tournant que la tête vers elle) ... Dis ton froc, tu veux que j'te lave, tant qu'j'y suis ! J'allais laver du linge un peu plus bas !

Nan merci çà ira ! C'est l'seul ki m'reste ! Toutes mes affaires ont brûlé !

Comme tu voudras mon grand ! A plus !"

Elle continua à longer la berge vers l'endroit où elle allait battre le linge. Zog sortit de l'eau, s'ébroua un instant, redressa sa crête de cheveux, et se rhabilla avant d'aller en quête du bar pour vider quelques choppes.

Venec arriva enfin au camp. Tandis que les chevaux et Swan étaient emmenés dans une direction, Venec fut conduit vers les appartements de Croc.

"Ah te voilà enfin !

Oui ! Bien content d’être enfin libre et d’être enfin arrivé ici ! Alors … vas-y … raconte-moi tout … parce que j’ai pas l’impression que tous nos messages ont bien voyagés dans un sens comme dans l’autre !"

Croc lui raconta les dernières nouvelles qu’il avait des Huldras mais surtout la visite du prêtre et sa proposition.

... ...

A son tour, Venec lui résuma les dernières tractations du seigneur avec Jézabel. Venec s’affala dans le coussin qui lui servait de siège.

"Visiblement, il semblerait que ces petits malins me mettent gentiment sur la touche et vous font tout gérer, toi et Jezabel … l’un dans l’autre … çà va me laisser les coudées franches pour agir comme je l’entends …

Ah tu trouves çà drôle !

J’ai pas d’inquiétude pour toi, par contre … Je m’inquiète un peu pour Jézabel !

Arrêtes de te tracasser Venec ! Elle sait se défendre ! Fait lui confiance !

Oh mais j’ai confiance en elle … c’est dans ce Vildrek que je n’ai pas confiance !

Oui et ses alliés du clergé d’Ambre, c’est pas mieux "…

... ...

"Parfait !!! En plus de mon côté, j'ai utilisé cette "période de repos" pour semer des graines dans toute la ville ! Une fois que la clique de Vildrek nous aura débarassé des meneurs de la concurrence, nous auront déjà des gens à nous dans quasiment chaque lieu, çà aidera à faire tourner le commerce à plein régime sans perdre de temps dans une transition complimentée !

On est du même avis, je le disais justement l'autre jour à Jezabel, notre salut viendra des Huldras !

Par contre, je me méfie de ce prêtre ... j'ai réussi à m'éloigner de leurs griffes, c'est pas pour qu'ils te piègent toi ! Un exécuteur notarié serait en effet une bonne idée ! Avec une escorte qui présente bien ... oui, tu as raison !

Pour ce qui est de l'instabilité de la région, j'ai rendez-vous dans quelques jours avec un mercenaire free-lance ... j'essaierais de voir si je peux lui demander de faire l'espion du côté des belliqueux ... histoire de glaner un maximum d'informations de ce côté là ... si jamais on doit décamper, qu'on puisse anticiper la mise en branle des bagages !"

"Cette petite bande m'a l'air plutôt pas mal ! Espérons qu'ils affrontent le plus longtemps possible l’œil inquisiteur de ton prêtre et tout se passera bien !

D'ici là je vais me reposer un peu, j'ai besoin de refaire le plein de lumière après ce séjour en prison offert par ce cher Vildrek !

Quand j'irais à mon rendez-vous, j'aurais besoin d'un ou deux hommes sûrs ... t'as des noms à me suggérer ?"

"Plutôt du genre costaud j’avoue !

Le point de rendez-vous est en zone assez neutre, mais j’ai pas super confiance dans l’environnement… la forêt est louche ces temps-ci … et puis j’ai pas non plus une grande confiance dans mon futur interlocuteur … je préfère être prudent … "

"Ah oui Zog et 2-3 gaillards, çà ira très bien !

Dis donc, si c’est c’qui y’a de mieux comme aide-de-camp … on n’est pas rendus … T’es mal parti mon pauvre ! Je sais pas toi, mais je trouve que la qualité des recrues baisse depuis quelques années … je sais pas à quoi c’est dû … mais les gars malins, çà devient super rare !"

"Ah Zog !

Croc m'a raconté pour ta ban... ton ex-bande ... désolé ...

Oui, et tu ne seras pas de trop pour seconder les 3 que Croc m'a présenté hier soir !

C'est koi le danger ?

Le lascar que je dois rencontrer dans la forêt !

C'est koi ce crokmitaine ?

Un chasseur free-lance ! Il est libre de contrat en ce moment, et franchement, avec tout ce que j'ai appris sur les plans des Géants ces temps-ci, j'aurais bien besoin d'un espion qui ne risquera pas de se faire tuer par tous les dangers qu'ils agglutinent autour d'eux !

Juste un espion ?

Disons qu'avec le budget que je compte mettre sur la table, il n'acceptera qu'un boulot d'espion ! Son vrai métier est un cran au dessus question finances ! Normalement, il est réglo d'après mes sources ... mais je préfère être prudent et m'assurer une escorte ... on ne sait jamais !

Ok, je briefe les hommes et on se tiendra prêt à ton signal !"

Le cheval de Corell arriva au trot par l’entrée principale du camp. Les sentinelles avaient repéré le corps allongé sur la selle, cramponné à l’encolure. A proximité de l’entrée, les gardes rattrapèrent les rênes et stoppèrent le cheval, l’amenant sagement dans le camp. Une grande quantité de sang couvrait la selle et les flancs de l’animal. L’un d’eux tâta le pouls de Corell.

"Il vit encore ! C’est faible mais il vit !

Amène-le vite à l’infirmerie ! Faites appeler Croc !"

Lorsqu’il fut averti, Croc arriva au triple galop à l’infirmerie. Corell était allongé sur un lit de campagne, torse nu, une petite plaie que le médecin était en train de nettoyer à l’eau, mais il semblait exsangue. Croc se porta à son chevet et d’une voix faible, son homme commença son récit. En cours de route, Croc fit appeler Venec.

Il arriva à son tour et tandis qu’on lui répétait ce qu’il avait raté, Corell termina péniblement son récit avant d’expirer son dernier souffle. Le médecin fit une moue sans équivoque et le couvrit du drap ensanglanté.

Croc redoutait une chose, il ferma les yeux juste avant que tous les autres sursautent. Venec venait de fracasser une table d’un coup de poing rageur.

"Je suis prêt à supporter toutes les humiliations et tous les compromis du moment que çà préserve le business et les vies du personnel ! Mais là !!! Ce cloporte … cette fiente de morpion !!! Sacrifier des vies juste pour satisfaire son besoin psychopathologique de respect des conditions au pied de la lettre au poil de cul prêt coupé en 4 ! Je vais lui donner un cours de négociation dont il va s’en souvenir ! Quand j’en aurais fini avec lui, son monastère sera devenu un Bordel à Dockers !

Je ne suis pas sûr que tout le personnel contenu dans ce monastère sera d’accord avec ça !

Oh mais ils pourront y rester … pour l’éternité si ça leur chante ! Bien réarrangés, des ossements font de très beaux lustres gothiques … et bien traités, des crânes de très beaux bougeoirs ! Je connais un artisan demi-ogre qui fait des merveilles avec les ossements ! Il les polit et les assemble pour en faire de vraies œuvres d’art !

Tu ne vas quand même pas déclarer une guerre ouverte avec le clergé d’Ambre ?

Ooooh non ! Ces inutiles ne méritent pas un tel honneur ! Une leçon j’ai dit ! Il n’y aura ni guerre, ni conflit, ni même guérilla digne de ce nom ! Le cours ne fait que commencer !"

Croc pensa en lui-même : Hé merde ! Il va déconner à plein tube là ! Tout çà à cause d’un connard de prêtre qui se la joue trop ! Vivement que j’ai des nouvelles de Gyneco, on a plus que jamais besoin des Huldras !

Venec desserrait à peine les machoires. Il avait du mal à retrouver son calme.

"Rassurer les gars ? Alors si il s'agit de leur vendre du rêve, çà je peux, pas de soucis ! Mais soyons réaliste ... la situation n'a rien de rassurante ! Les gobelins sont toujours là pour emmerder le monde, les géants semble vouloir déclencher un nettoyage de grande ampleur, et il n'y a même plus d'espoir à attendre des civilisations humaines ! Franchement, c'est clair, si notre salut ne vient pas des Huldras, on est cuit de chez cramé !

En attendant, il ne nous reste plus qu'à s'assurer que comme tu en as passé la consigne, tout le monde soit prêt à plier bagage en un temps record ! La seule incertitude est de savoir s'il faut se préparer à s'inventer un nouveau camp ailleurs, ou si on pourra s'abriter chez les Huldras en attendant que la tempête passe !"

"Comme tu dis !

Bon de toute façon, si jamais on devait avoir à se planquer chez eux ... çà ne serait que temporaire ! Parce que je vois mal ces catastrophes s'éterniser dans la longueur ... soit elles se font éliminer, soit elles rasent tout ... donc soit on squatte un temps et on ressort quand c'est fini ... soit on crève avec tout le monde et le problème sera clos !

De toute façon, nos petites affaires et nos établissements qui se trouvent à Castellac ne peuvent pas être rapatriés dans le coin, il va falloir serrer les fesses et espérer que les forces de Vildrek et de ces enfoirés d'empaffés de parasites de mes roubignolles arriveront à défendre c'te cité ! Pour nous autres, reste les murs d'Harmadrya si le mauvais vent vient par ici !"

Venec resta dans l'ombre du drapé de la tente. Il observait le petit discours de Croc. Son visage était impassible et serein mais son poing droit était encore serré.

Bien ... concis mais rassurant ... Il valait mieux que çà soit toi qui le fasse ce speech !

Quant à moi ... je vais préparer mon plan B ... mettre nos hommes à l'abri d'abord ! La leçon ensuite !

Et vivement qu'on ait des nouvelles du côté des Huldras !

Les blessés furent menés à l'infirmerie, les vaillants se regroupèrent au centre du camp où une cantinière vint leur amener un peu de charcutaille pour patienter.

Venec et Croc accueillirent Oghma sous la "tente d'état-major".

"Et bien ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous arrivez dans un sale état tous !"

Ayant eu vent de l'arrivée du groupe d'Oghma, Zog s'approcha tranquillement de la tente et resta hors de vue, près de l'entrée, pour écouter ce qui s'y passait.

Venec croisa le regard de Croc afin d'avoir son assentiment.

"Aller ... disons qu'en souvenir du bon vieux temps, les infos seront gratuites aujourd'hui !

Nan plus sérieusement ... concernant ce qui se passe dans le coin, on n'a pas de certitudes mais il semblerait que des ogres au service des géants sont en train d'enrôler toutes les bandes de peaux vertes qu'ils peuvent ! Vous avez donc dû croiser une de ces bandes engagées ! Quant aux ogres, s'ils ont disparu sans vous affronter, c'est que soit ils étaient à la recherche d'une bande d'orcs et vous ne correspondiez pas à leurs attentes, soit ils étaient en repérage !

En tout cas la proximité de ces gobelinoïdes et de ces ogres ne sont pas bonnes pour nous ! Pour les ogres, s'ils se barrent quand on s'approche d'eux, çà va encore ! Mais les autres ... si tu veux on peut te louer à un prix symbolique quelques hommes pour renforcer ta troupe quand tu partiras en chasse ! Si on pouvait s'assurer que tu les éradiques jusqu'au dernier, çà fera une épine de moins dans le pied !

Par contre, ton histoire de dragon ... pas bon du tout çà ! J'ai croisé autrefois une équipe de chasseurs de dragons, avec balistaire, lance-harpon à filets plombés et tout le toutim ! Mais nous, on n'est ni équipés ni entrainés pour ce genre de choses ! Et puis ...

(Un des hommes du camp arriva avec un magnifique aigle sur le bras) Chefs ! Chefs ! Un messager ! Le message est signé de la main de Jézabel !

Pas de coursier à cheval ni de pigeon ? Et puis c'est pas donné ces bêtes là ! Elle avait tant que çà besoin d'urgence et de sûreté ?

(Venec et Croc s'échangèrent un regard peu rassurés) Vas-y ! File moi ce message !

(Il lut le message attentivement) ... Alors, elle dit quoi ?

Visiblement, il semblerait que Vildrek ai sous-estimé la dangerosité des bandes qui pillent son protectorat !

Pourquoi ?

En tout cas, tu t'en sors mieux que d'autres ! Une autre équipe envoyée par Castellac a eut un sort plus funeste ! Pas de survivants !

Et en quoi c'était si urgent que l'on apprenne cette nouvelle ?

Ce n'est pas le réel but du message ! Jezabel a une requête ! (Plus bas à Croc ) Je t'en parlerais après ... (Il reprit un sourire de convenance envers Oghma) ... problèmes internes, ne t'inquiète pas ! En attendant, que ton équipe se repose chez nous ! Tes blessés sont sûrement déjà en train de se faire soigner à l'infirmerie, on viendra te faire chercher si on a d'ici là d'autres infos qui pourraient t'être utiles !"

"L'autre équipe envoyée chasser les orcs, elle était menée par un anti-paladin d 'Ambre, le propre fils de Vildrek !

C'est fâcheux pour ce tyran, mais en quoi çà nous concerne ?

Jézabel nous demande de faire ce qu'on peut pour identifier et dénicher le ou les coupables de cet assassinat ! Elle est prête à payer les frais éventuels sur ses deniers personnels !

Hein ? A quoi elle joue ?

Ces informations ne peuvent intéresser qu'une seule personne en fait, Vildrek lui-même !

Alors c'est lui qui lui as demandé de se renseigner, s'il a pensé à elle pour çà, c'est qu'il a pensé à nous !

C'est dommage pour lui mais ces temps-ci je suis enclin à torturer personnellement de l'Ambrien, alors enquêter sur les assassins d'un anti-paladin ...

Oui d'accord mais la demande vient de Jézabel, pas de Vildrek !

Oui je sais, et c'est çà qui me contrarie ..."