La salle des Doléances

Meneriel trouva l'entrée brouillonne . La nature avait recouvert une grande partie du jardin.
Elles rentrèrent et se trouvèrent dans le grand hall. Ne sachant où se presenter elle resta comme un navet au milieu de l'entrée.

Derrière elles une voix les interpellèrent
" Il y a encore du travail mais tu as fait du bon boulot."
Ménériel et Ovéa se retournèrent immédiatement et se retrouvèrent face à Dagda qui sentait l'air de la mer.
" Je vous écoute, que voulez-vous m'annoncer?"

Toujours grande et éclatante, elle n'avait pas pris une une ride. Le temps n'avait pas d'emprise sur elle. Ménériel plia les genoux et fit une révérence à sa reine.
" Je suis bien entourée et le chantier avance bien mais."
Voilà le moment que redoutait Ménériel; Comme lorsqu'on retire une écharde, elle sollicita Dagda sans fléchir.
" Il manque cruellement de fonds. J'ai embauché des hommes pour réparer le port au plus vite mais je n'ai pas de quoi les payer." La demande était simple et implicite même si elle ne demandait pas directement de l'argent.

L'argent n'était pas obnubilant à l'époque. C'était comme elle le dit, un refuge. Un refuge où il faisait bon vivre malgré les menaces qui nous entouraient.
Aujourd'hui c'est toujours un refuge, les menaces sont toujours là mais les gens ont changé, les mentalités ont changé.
L'argent était devenu obnubilant et une force.
" Posséder pour donner, s'enrichir pour enrichir la communauté, j'aimerais croire en une autre solution. Une relation de coopération, l'intérêt collectif, le donnant-donnant mais je dois être réaliste. Vous avez raison ma Reine mais je ne souhaite pas être une collectrice d'impôts.
Moi je pense et vous me dites si c'est trop mais nous pouvons commencer par un impôt extraordinaire pour financer la guerre. Le seul souci et pas le moindre c'est que certaines personnes n'ont rien comme moi. Il est trop tôt pour taxer les gens, ils ont besoin d'espoir. 
Et puis j'aimais l'idée qu'Harmadrya soit un refuge rempli de bonnes personnes avec de bonnes volontés où l'argent n'était pas une priorité. Mais la voir s'agrandir et devenir une cité cosmopolite est tout aussi bien."

Elle en savait rien. Elle venait quémander sans connaître le montant qu'elle avait besoin. Ce n'était pas sérieux et son attitude montrait une fragilité.
" Je"
Elle se tourna vers Ovéa mais ça ne servait à rien. Elle reprit sa position.
" Je suis rassurée de savoir que nous pouvons compter sur vous sur ça aussi. Puis-je revenir vers vous lorsque je saurais précisément, là je prendrais quelques pièces pour mon ingénieur, mes amis et les pêcheurs que j'ai convaincu.
Vous cherchez un trésorier, je pense que j'aurais besoin aussi de quelqu'un qui est familier avec l'argent."

Un petit coffre vola dans la pièce et se posa sur le bureau. Dagda l'ouvrit et tendit une grosse bourse à Ménériel.
" Pour commencer et lorsque tu sauras ce dont tu as besoin tu reviendras me voir. Et si tu trouves un trésorier, tu me l'enverras. Aucun nom me vient à l'esprit et il nous faut une personne de confiance."

" Merci ma reine"
Toutefois c'était sa cité, c'était normal qu'elle raque!
" Si la chance de croiser cet oiseau rare, je vous jure que je vous l’emmènerais."
Comment se sauver sans être impolie?
" Avez vous besoin de nous ou pouvons-nous disposer?" Elle ne trouva pas mieux comme fuite.

Autonomie d'accord mais nous restions vulnérables.
" Merci ma reine"
Après de belles courbettes, Ménériel se retira avec Ovéa. En rejoignant la sortie, on entendait le tintement des pièces d'argent dans le palais.
Une fois dehors, elles prirent le chemin du port.

Après un vite arrêt au Port Ménériel dut retourner au Palais pour quémander à sa reine une masse de Géant. Dans ce grand hall, la capitaine du Port trouva toujours cet endroit lugubre. Les statuts la toisèrent, elle en avait son sang d'elfe glacé.
Ne sachant toujours pas comme s'annoncer elle tenta timidement un appelle
" Ma reine!" sa voix se perdit dans les nombreux couloirs du palais. Ménériel resta figée au centre du Hall en défiant du regard, si on peut dire, les statuts de pierre.

Dagda quitta la chambre de Selene et dans les couloirs elle entendit la voix de Ménériel. Sa main glissa sur la rampe et marcha jusqu'à se trouver sur le balcon du Hall.
Elle regarda Ménériel qui scrutait scrupuleusement les statuts.
" Elles n'écoutent que ma voix et le son de ma harpe. Le jour J elles nous aideront. Dis moi, tu as oublié quelque chose? ou tu voulais autre chose?"

Elle sursauta dès les premiers mots puis leva la tête.
" Désolée de vous importuner encore une fois mais nous aurions besoin d'une arme pour Boidor. Exactement il nous faudrait une masse à sa taille pour qu'il puisse casser des gros rochers. Nous avons besoin de pierre pour solidifier la tour et les pontons."

Mais quelle sotte pensa t-elle. Venir chercher une arme de géant toute seule, elle passa pour ce qu'elle voulait absolument éviter, une nulle.
La seule attitude qu'elle adopta c'était de rester droite et faire front.
" Je voulais être sure que vous en ayez. M'en voila ravie, je vais chercher des hommes pour aider."
Elle remercia sa reine et la quitta pour une heure ou moins.

Meneriel rentra dans le palais comme dans un moulin avec les 4 gaillards. 
La sécurité du lieu était la reine pensa t'elle et sûrement des sortilèges de protection.
Elle demanda donc à ses déménageurs de faire attention et surtout à ne rien toucher s'ils ne voulaient pas mourir dans d'affreuses souffrances. Foutre les chocottes était maladroit mais cette ruse pouvait être efficace. Elle avait à faire  à des hommes forts et pas à des enfants qui défient toutes décisions.
Avertissement donné, Meneriel retrouva la reine qui lui passa la clé de la salle d'armes. Ici tout était inédit comme la clé qui avait une forme étrange. Une pièces en métal avec deux boucles aux extrémités et un retour avec trois pointes au milieu. En la regardant elle s'était dite qu'elle aurait dû demander à Dagda comment ça marchait.
Face à la porte elle tourna la clé dans tous les sens pour savoir comment l'insérer dans la serrure et après plusieurs soufflements des hommes derrière elle trouva. Elle inclina la clé à l'horizontale, enfonça les trois pointes dans les trous, posa ses mains sur les deux boucles et enfin tourna. La porte était ouverte, la poussa et ils découvrirent un arsenal. La massue était facile à trouver, elle était accrochée au mur, elle prenait la place tout le long. Les hommes la souleverent pas sans mal et c'était reparti pour le port. Les hommes soufflés comme des bœufs et meneriel les regardait, impuissante.
Elle redonna les clés à Dagda et sur le pas de la grande porte elle croisa Lila et sa garde. Après des embrassades entre les deux elfes, elles se quitterent et chacunes reprirent leurs missions.