Le chef du village resta encore un moment à contempler les terres avoisinantes. Il semblait préoccupé. On l’aurait été à moins. Il avait la charge de toutes les âmes de Quatre-Chemins. Et bien que les Huldras aient rebâti le bourg, il n’en était pas moins désespérément vide. Ils manquaient de tout. Fournitures, habitants, bétail…
Mais il avait espoir. Demain serait radieux. Il faudrait encore beaucoup travailler et les sacrifices seraient encore nombreux mais le bout du chemin arrivait. Les Huldras étaient de retour. Une escouade de soldats de Castellac serait bientôt là, ramenée par P’tit Luc. Les caravanes reviendraient. Peut-être déjà avec les soldats, qui pouvait savoir.
Un vent froid venu de l’est se leva, porteur d’embruns glacés et du présage d’une averse à venir. Il se tourna vers Hélène.
« Venez ma chère. Il pleuvra d’ici peu et j’aimerais autant que l’averse ne nous trouve pas sur son chemin. Je préfère de loin la regarder tomber auprès d’un bon feu. »
Il lui offrit son bras et la ramena chez lui. La fin de soirée fut paisible. Il fit un feu dans l’âtre car l’air avait fraîchi et la crudeur s’insinuait dans les interstices des fenêtres montées à la va-vite. Il mit une pierre à chauffer afin d’avoir une bouillotte pour chauffer le lit. Une fois chaude, il la prit dans un large tissu et la monta à l’étage.
« Je crois qu’il est temps de nous quitter maintenant. La nuit est tombée et demain sera une rude journée. Nous devons réorganiser le village et récupérer tout ce que nous pourrons pour recommencer à vivre. Nous allons avoir fort à faire. »