Les Affaires reprennent

En cette fin de matinée, c'était le branle-bas de combat dans la propriété contrôlée par la bande à Venec. Les deux larges vantaux de la porte d'entrée s'ouvrirent en grand sur un convoi de plusieurs chariots poussiéreux qui s'éparpillèrent dans la grande cour tandis que les hommes sortaient à la hâte des différentes dépendances pour prêter main forte aux personnel du convoi, récupérant des mains des cochers les rênes des animaux de trait. Un frisson parcourut cependant l'assemblée lorsque plusieurs yuan-ti (tous de la caste des abominations) entrèrent à la suite des chariots, carquois dans le dos, arc en main et flèches encochées.
Mais avant qu'un geste malheureux se parte, Venec sauta du chariot de tête et leva les bras en signe d'apaisement.
"Du calme ! Du calme ! Ils sont avec moi !
(Hector arriva alors dans la cour) ... Venec ? On ne t'attendait pas aujourd'hui ! Du personnel de Lady Chang ? Pourquoi est-ce-que tu ... ?"

Le rideau du chariot d'où était descendu Venec s'ouvrit sur une femme, le teint olive, et un sourire de suffisance clairement affiché.
"J'ai eu quelques petits soucis sur le trajet, juste avant d'arriver ! Mais rassure-toi, j'avais déjà pris les devants ! (Venec tendit sa main vers la jeune femme qui l'accepta pour s'aider à descendre avec grâce du chariot) ... Je te présente Sing Jyantsu ! Elle travaille effectivement pour Lady Chang et j'ai engagé ses hommes pour m'escorter jusqu'ici ! (Hector salua la sang-pur yuan-ti)
Mais t'aurait pu me contacter, on se serait portés à ta rencontre ...
T'inquiète ! j'ai géré !"

2 des archers serpentiformes oscillèrent vers Hector et chacun posa devant lui un large sac en toile de jute. Hector s'agenouilla pour en ouvrir un. Des têtes tranchées, dont certaines lui disait vaguement quelque chose.

"Tu peux faire planter une série de pals le long du mur d'enceinte et me mettre tout çà aux bouts ?
Oui bien sûr mais ...
Que tout le monde sache bien que je suis de retour à la maison !
Faudra que tu m'expliques ! (Hector avait un visage plus sévère, quelque chose clochait)
Oui, oui, après ! Ma chère Sing ! (La jeune femme se tourna vers Venec) Tu remercieras pour moi ta maitresse pour ta diligence et celle de tes hommes ! Ils ont été très efficaces !"

Elle s'inclina et tendit une main, une bourse changea de propriétaire et elle l'accrocha à sa ceinture avant de siffler un son très strident. Tous les yuan-ti sortirent tous de la propriété, ne laissant que les hommes de Venec entre eux. Hector fit alors un signe discret et 2 hommes refermèrent les vantaux, scellant la propriété.

"Bon alors, maintenant qu'on est entre nous ...
Attends encore un peu ... (la jeune joueuse de mandoline descendait d'un chariot)
Ah tiens ! Te revoilà ...
Oui ...
Viens, viens Hector, à l'intérieur, on a à discuter ! (Venec le prit par l'épaule et ils s'éloignèrent) ... Aidez les autres à décharger ! Je ne veux plus voir ces chariots dans la cour d'ici 2 heures !"

Les vacances étaient terminées ... certains sentaient qu'avec Venec sur place, il allait y avoir plus d'activité que pendant qu'Hector assurait la gérance ...

Hector lui fit un résumé des affaires en cours ...

"Et Ménélas ? Je ne n'ai pas vu ...
Parti livrer un stock de statues pornos et un chariots de jolies esclaves pour l'Empereur d'Elegabal !
... du même nom !
Hein ?
Il s'appelle comme son royaume ! C'est très sang royal ce style !
Ce qui m'ennuie un peu, c'est qu'il a un capo sur place ! Mais bon, cet empereur tenait tellement à faire affaire avec quelqu'un d'ici ... Enfin, espérons que tout aille pour Ménélas !
Et Croc ? T'as des nouvelles ?
Les dernières que j'avais, il s'installait à Harmadrya !
A ton ancien tripot ?
Non, pas au Lotus Noir ! Même s'il peut toujours utiliser les anciens locaux, il a prit un truc plus gros, et plus central ! Après tout, le seul joueur professionnel qu'il a désormais sous la main, c'est lui ! Sans Jézabel ni moi, tenir un tripot est moins intéressant ! Et comme il avait quelques filles avec lui, autant changer les prestations !
Les Huldras sont devenus plus souples sur le ... enfin tu vois ... ?
Bah on dirait ... Il me racontera les détails à nos prochains échanges ! Tiens d'ailleurs, amène moi un fauconnier, il faut que je lui envoie un message pour le prévenir de mon arrivée !
Un faucon ? pas de pigeon ?
De mauvaises expériences à Castellac ! Les pigeons, c'est trop fragile !
Ah ok ! Et Jézabel du coup ?
Pas de nouvelles depuis un moment, faut aussi que je la recontacte, espérons que çà aille pour elle !
Toujours avec son Jules ?
Aux dernières nouvelles, elle l'épousait toujours oui !
T'as pas l'air d'apprécier ...
Bah, c'est vrai que le Vildrek et moi, çà colle pas trop ... Mais ce qui me gène surtout, c'est qu'un "joueur" qui jusqu'ici la jouait secret essaie de mettre la main sur notre business là-bas !
Tu sais qui c'est ?
Non, et çà m'énerve ! ... Tiens .... d'ailleurs ... en parlant de çà ... Tu avais vu juste !
A propos de ?
Du comique qui avait collé aux basques de Grudu et d'son pote !
Il est où lui ?
Il s'est volatilisé après son larcin commis !
Ah dommage ...
Pas grave, j'en ai suffisamment appris à son sujet ! Mais la diversion qu'il a utilisé est encore là ! Tu me l'amènes ?
La musicienne ?
Tout juste Auguste !"

Hector n'eut aucun mal à la trouver, elle buvait tranquillement dans la salle commune avec ceux qui venaient d'arriver du Camp du Nord. Prétextant de vouloir débriefer les aventures de Grudu avec lui, il l'invita à venir dans une pièce plus tranquille mais après avoir traversé un couloir, alors qu'il ouvrit une porte, l'aspect assez sombre de la pièce qui lui fit face ne la rassura pas. D'une grande claque dans le dos, il la fit entrer en refermant la porte derrière lui. Elle tenta de s'éloigner de lui mais une main surgissant de l'ombre la saisit à la gorge et la plaqua au mur. Venec qui attendait en silence approcha son visage du sien. Hector en profita pour lui prendre sa mandoline des mains. Seule entre les deux, la situation lui échappait ...

"Alors ? Tu bosses pour lui par loyauté ou parce que tu n'as pas le choix ? Je pense que tu as une longue histoire à me raconter ! Et si je dis longue, c'est parce qu'on ne risque pas d'être dérangés avant un moment, pas d'assassin subtil non plus pour te faire taire en cours de phrase, pas ici !

Qu'il me mette des bâtons dans les roues à Castellac, grand bien lui fasse, d'une part, c'est de bonne guerre, et puis d'autre part, il y est chez lui après tout, c'est moi l'étranger là-bas ! Ici c'est tout le contraire ! Et j'ai surtout bien plus de capacités ici qu'il n'en a là-bas !"

Hector savait reconnaitre le Venec des mauvais jours, et il n'avait pas Jézabel sous la main pour le calmer. La jeune barde avait intérêt à coopérer, et vite.

La jeune musicienne tenta bien de nier, de noyer le poisson, mais entre les doigts d'une main qui resserraient lentement leur étreinte sur sa gorge, et ceux de l'autre main qui rencontraient à intervalle régulier ses joues, elle sentaient bien qu'elle n'avait aucune échappatoire.

"Ils ont mes parents ! Je ne peux pas vous ...
Et bien nous y voilà ! Tu as mis le temps !
Je ne ...
Tu crois qu'ils me font peur ? Je me suis assez fait marcher sur les pieds depuis un moment ! Maintenant que je ne suis plus désarmé, on va commencer à s'amuser un peu ! D'abord, je vais envoyer un assassin magique tuer ceux qui retiennent tes parents ! Pas pour te sauver la mise ou te rendre service ! Oh non ! J'en n'ai pas fini avec toi ! Mais pour que ces "croque-mitaines" servent d'exemple pour leurs petits potes qui vont vouloir s'ajouter à la liste ! Car si j'ai bien appris une chose dans mon milieu, c'est que les avertissements, çà ne marche jamais !"

Alors que Hector avait pourtant pris la mandoline avec précaution, ne provoquant aucun son audible dans la pièce, ailleurs, une note de mandoline résonna dans la rue qu'arpentait le vieux Wyvern. Une note solitaire qui pourtant indiquait clairement dans quelle propriété se trouvait la jeune barde ...

Quelque chose vibra au cou de Venec qui en lâcha la barde. Hector prit alors le relai pour la maintenir contre le mur, jetant un coup d’œil intrigué à son patron.

"Un soucis Venec ?
Un avertissement !
De quoi ? de qui ?
(Venec semblait écouter quelqu'un d'autre, mais Hector ne voyait personne. Enfin, il leva les yeux vers son arrangeur) T'as entendu quelque chose ?
Dans la rue ?
Non, la mandoline !
J'ai fait attention, aucun son, aucun bruit !
Pourtant, elle vient d'appeler à l'aide !
Hein ?!?
(Venec rapprocha à nouveau son visage de celui de la musicienne) Ton crincrin est magique ?
Hein ? Non ... une mandoline tout ce qu'il y a de plus simple ... elle ne ...
J'te jure que je n'ai rien entendu moi !
Je te crois ... mais j'ai vécu pas mal de temps dans une cité où la Boss était non seulement leur reine, mais surtout c'était une déesse ! Et j'te l'donne en mille, la déesse tutélaire des musicos, tu la trouve pas fameuse la coïncidence ?
Dans mon expérience, les coïncidences, çà n'existe pas !
La mienne non plus ! Alors répond donc à cette question ma mignonne, Une grande harpe magique ? Çà ne te dit rien ? (elle semblait ne pas comprendre) ... Je pensais avoir un agent double dans mes rangs, mais tu ne serais pas par hasard un agent triple, plutôt ?"

Ni Hector ni la jeune fille ne semblaient comprendre où Venec voulait en venir ... quelque chose, ou quelqu'un, venait de l'avertir que l'instrument avait appelé à l'aide à distance. Méfiant de nature, Venec se demandait s'il n'y avait pas Dadga ou l'un de ses serviteurs là dessous.

"Bon, çà va, j'en ai marre des questions sans réponse ! Garde la moi au frais ici ! Je reviendrais plus tard ! Et ... on te confisque çà (dit-il en reprenant la mandoline) ! C'est plus prudent !"

Venec sortit, suivi de près par Hector qui verrouilla la porte de l'extérieur. Pas de mécanisme à crocheter, pas de pan de bois à défoncer, à moins de sortir un minotaure de sa poche, elle allait rester au calme pour un moment.

Il retourna à son bureau, laissé inoccupé depuis un moment, posa l'instrument dans un coin et entreprit de le ranger un peu lorsque Hector revint avec un fauconnier.

"Bien, bien ! Il faut que je prévienne au plus tôt mes amis que je reprend du service à partir d'ici ! Et il me faut du messager suffisamment rapide et apte à la survie pour tenir tête à d'autres prédateurs volants !

Euh ... apte à la survie, c'est à dire ? quels genres de prédateurs ?

Je ne demande pas l'impossible, rassure toi ! Face à des aigles ou des faucons ? Si un truc vraiment pas normal se pointe, de toute façon, j'ai pas les moyens d'aller contre ...

Oui, j'ai de valeureux faucons ! Suffisamment rapides pour semer un aigle à la course, et capables de tenir tête à d'autres faucons !

Bien, je vais avoir un message à faire porter alors ! Dis moi le prix pour ton meilleur élément !

Et pour où ?

Harmadrya !"

La transaction fut vite réglée. Connaissant la réputation de son interlocuteur, le fauconnier n'osa pas demander de prix anormal mais se permit tout de même de ne faire aucune ristourne, et fut surpris que Venec ne marchande qu'à peine. Le messager ailé partit en direction de Croc. Il était temps que les communications refonctionnent.

Une fois le fauconnier parti, Hector osa une question à Venec :

"Et pour Jézabel ?

Elle a une perle de communication ! Çà sera plus rapide et plus sûr !

A ouf !"

Une fois son entrevue à distance avec Jézabel effectuée, Venec rangea sa perle de communication dans son petit coffret. Il allait se diriger vers la porte pour appeler Hector lorsqu'un détail troublant attira son attention. Tournant la tête vers le coin de son bureau où il avait posé la mandoline, il ne la vit pas. Il prit quelques instants pour retourner avec inquiétude tout ce qui trainait mais non, plus de trace d'instrument à corde. Il s'élança dans les couloirs, reniflant l'entourloupe ...

Un peu plus tôt ...

Enfermée dans cette pièce aveugle, dans le noir, la jeune barde réalisa vite que ses cris ne dépassaient pas l'espace de la pièce. Personne ne viendrait à son secours et le désespoir s'empara d'elle. Bien que Venec avait parlé de tuer les geoliers de ses parents, qu'allait-il advenir d'elle ?

Soudain, le mécanisme à l'extérieur de la porte s'activa. Venec revenait déjà la questionner ? La porte s'entrouvrit en laissant entrer la lumière mais elle fut surprise de ne rien voir à hauteur d'homme. Baissant le regard elle aperçut alors un ouistiti à fourrure arc-en-ciel qui se laissait tomber en silence de la poignée jusqu'au sol. Il ramassa quelque chose derrière la porte et lui tendit ... sa mandoline. Elle ne comprenait rien à ce qui venait de se passer. Elle allait pour prendre l'instrument lorsqu'un flash émanant de la fourrure de l'animal l'éblouit ...

Venec se précipita vers la cellule de la musicienne, se rassurant un instant de voir la porte toujours fermée. Il la déverrouilla et ouvrir la porte en grand et finalement, ne fut qu'à moitié surpris de ne rien voir, pas de musicienne, volatilisée.

Il poussa un cri rageur qui attira dans le couloir les hommes les plus proches.

Retournant vers son bureau à pas rapide, il croisa un Hector étonné qui ne put qu'aller constater que la pièce était vide et que leur prisonnière s'était évadée.

De retour à son bureau, Venec ouvrit un placard et en sortit une fiole et une coupelle. Posant la coupelle sur son bureau, il commença à verser un peu du liquide de la fiole avant de la refermer et de la ranger. Il sortit un briquet à silex et d'une étincelle à la surface du liquide l'enflamma. Une flamme vaporeuse grisâtre commença à s'élever au dessus de la coupelle jusqu'au plafond. Une ombre vaguement humanoïde apparut dans la fumée. Après un long échange dans une langue gutturale, la silhouette s'inclina puis disparut, la fumée se dissipa presque aussitôt. Tout le liquide dans la coupelle s'était consumé.

Venec grinçait des dents dans le silence de son bureau.

"Si c'est cet enfoiré qui m'a fait ce coup-là, il vient de perdre son moyen de pression !"

Il marqua une pause dans ses réflexions ...

"Et puis si c'est la Reine des bons samaritains qui m'a fait ce coup dans le dos, et ben disons que j'ai libéré son agent ... Çà lui prouvera mes bonnes intentions ... c'est pas que ... mais si je peux éviter de mettre en difficultés Croc ...

N'empêche, Çà commence à me gonfler sérieux toutes ces surprises !! Il est temps que je commence à en distribuer aussi !"

Ailleurs ...

Avec l'usage de ses yeux éblouis, Kyla se mit aussi à regagner l'usage de ses oreilles. elle passa soudain du silence des couloirs du repaire de Venec au brouhaha cosmopolite des ruelles encombrées.

Comment s'était-elle retrouvée à l'extérieur ? Qui plus est, dans un quartier assez loin du QG de Venec ? Resserrant sa poigne sur son instrument, elle essaya de se rassurer. Il n'y avait plus aucune trace du facétieux animal. Mais entre voler son instrument au nez à la barbe de Venec, crocheter la serrure de sa cellule et la faire sortir de là-dedans, il n'était clairement pas naturel, et çà n'était pas son pelage improbable qui allait lui dire le contraire. Sans aucune preuve tangible, elle avait malgré tout l'intime conviction que ce ouistiti était lié à sa mandoline. Après tout, Venec avait parlé d'une note inaudible qui provenait de l'instrument. Était-ce l'instrument qui avait appelé l'animal ?

Rester statique, c'est devenir louche, elle se mit donc en mouvement, lorsque soudain au détour d'une cohue, deux silhouette apparurent sur sa trajectoire là où un passage s'offrait la seconde d'avant. Elle allait se mettre sur la défensive lorsque les yeux des deux nouveaux venus s'écarquillèrent de surprise, échappant un cri étouffé. Ils restèrent tous 3 paralysés un instant.

"Papa ?!? Maman ?!? Mais comment est-ce po ...
Kylaaa !!"

Se serrant soudain dans les bras tous les trois, la musicienne remarqua que les vêtements de ses parents était taché de projections de sang, jusque sur la joue de son père.

"Ils vous ont blessés ???"

Comprenant qu'elle parlait du sang, son père lui prit le bras et la rassura.

"Çà n'est pas le mien ! Je ... je crois qu'il est arrivé quelque chose de terrible à nos ravisseurs ! Mais qu'est-ce qu'on fait là ? Et toi ?
Venez ! Mettons-nous à l'abri ! On essaiera de comprendre plus tard !"

Se mêlant à la foule, elle emmena ses parents dans le ventre mou de la cité ...

Au petit matin, une calèche à toile claire tirée par un hongre noir traversait le souk déjà bien bruyant. Assis sur le banc à côté du cocher, Venec relisait le parchemin qu’on lui avait fait porter à l’aube.  Au détour d’une ruelle, le cocher fit ralentir le cheval. Venec leva le nez pour voir qu’un chariot de livraison était garé contre une façade, le livreur descendait péniblement du chariot, une lourde panière dans les bras. D’un coup de coude, il fit comprendre au cocher de ne pas attendre derrière mais de passer sur le côté. L’espace était serré mais la calèche avança doucement.

Alors qu’ils étaient à hauteur du chariot, arrivant de la ruelle perpendiculaire dont ils venaient, un autre chariot s’arrêta brusquement derrière eux. Soudain devant eux, le rideau d’une devanture s’écarta lorsqu’un 3ème chariot recula pour sortir de la boutique, leur barrant la route. Coincé de tous les côtés, Venec réalisa la situation juste au moment où les tentures des 3 chariots se soulevèrent.

Dans chacun des 3 chariots, 3 hommes fermement campés sur leur position pointèrent leurs arbalètes vers Venec. Il les reconnut sans mal : des arbalètes à répétition elfes noirs, avec le chargeur 12 carreaux enclenché dessus, le genre de produits exotiques que Benard Shah pouvait dégotter pour de bons acheteurs assez riches pour se payer ce genre de raretés. Juste avant que les 9 arbalétriers ne commencent à tirer, Venec plongea sous la toile de sa calèche. L’instant d’après, calèche, hongre et cocher furent criblés de carreaux renforcés à pointe d’acier.

Un bruit métallique retentit de sous la toile en charpie de la calèche et des feux d’artifices en partirent dans toutes les directions, certains touchant un mur, d’autres une toile de chariot, d’autres parfois l’un des tireurs. L’espace d’une fraction de seconde, le temps sembla arrêté lorsque soudain les 3 chariots explosèrent dans de grandes gerbes de flammes. Des bêtes de somme, des structures des chariots, des tireurs, du faut livreur et des façades de bâtiments les plus proches, rien n’y survécu. Au centre de ce carnage pyrotechnique, la calèche à moitié détruite avait échappé au feu mais restait hérissée de carreaux fichés dans le bois. Nulle trace de Venec …

Une gerbe de sable venue du sol souleva la calèche dans les airs avant qu’elle ne s’effondre plus loin, définitivement disloquée. Là où elle se trouvait juste avant, un large trou apparut. Bondissant hors du trou, 2 gobelins observèrent la scène de désolation avant de faire signe à une troisième silhouette dans le trou. Venec sortit à son tour du trou. L’un des 2 gobelins portait un harnais pour les 2 khepeshs fixés dans son dos. Quant à l’autre, sa jambe de bois en forme de lame de kriss et son bras mécanique terminé par de longues griffes aiguisées le rendait nettement plus reconnaissable.

"Alors marchand ? demanda le cyborg
Ok … ok … je double les termes du contrat, et vous démarrez maintenant, ça vous irait ?
(L’œil acéré de l’autre brillait d’une lueur malsaine) et tripler ?
… Vous avez raison, d’accord, je triple la somme convenue !
Alors considérez que çà sera fait !"

Le bruit de détente d’un arc à poulie retentit au loin. Mais soudain, juste avant qu’une puissante flèche d’acier n’atteigne Venec, la griffe de Zybotron l’attrapa au vol, l’acier émit une plainte juste avant que la poigne ne brise la flèche comme du bois sec. Le tireur n’eut pas plus de chance car Schlykkro avait repéré d’où venait le tir et sortit de sous sa manche une étoile de jet couleur plume de corbeau. Gardant le sniper à vue, il souffla sur son projectile qui vola de sa main jusqu’à sa cible, prenant une trajectoire incurvée juste avant qu’un cri retentisse d’un toit au loin.

Venec retourna au grand jour à son repaire, escorté des deux assassins gobelins.

Cet évènement qui n'était pas passé inaperçu fut le point de départ d'une série d'autres, nettement plus sanglants ...