Castellac

La réaction des citadins fut plus interrogative que paniquée. Des murmures et des questions commencèrent à s’élever mais le Lieutenant qui menait les soldats prit rapidement la parole :
 
« Ca suffit ! Il y a bien eu un raid sur le village près du Puy. Mais les assaillants ont été vaincus. Nous n’avons pas fui, nous sommes victorieux ! Ceci grâce au courage des soldats du Comté et au soutien des habitants. Quant à toi, fauteur de troubles, tu as la langue trop bien pendue pour ton propre bien et tu vas quelque peu profiter de notre hospitalité pour y réfléchir. Arrêtez-le. »
 
Deux gardes s’emparèrent de l’homme et l’emmenèrent sans façon rejoindre leurs collègues.
 
« Ne vous laissez pas gagner par la peur. Nous sommes bien présents et nous veillons de notre mieux à votre sécurité. »
 

Les soldats se rendirent alors au palais du Comte pour y faire leur rapport, emmenant leur prisonnier avec eux.

La nuit se passa sans encombre. Le lendemain, le Chambellan les fit mander pour leur annoncer la décision prise par le Seigneur quant à leur village saccagé et aux mesures prises pour les aider à s’y rétablir.
 
Les trois hommes furent amenés dans un grand bureau élégant et raffiné mais ne suant pas du tout l’ostentation.
 
Le Chambellan les fit asseoir et leur offrit une boisson chaude et amère, noire, nommée kaffè.
 

« Messieurs, je vous ai convoqués pour vous faire part de la décision du Seigneur suite à votre demande. Voici ce qu’il a décidé : une escorte formée de quarante soldats appuyés d’un Prêtre d’Ambre et un magicien vont vous escorter et rester sur place pour vous protéger. De plus, il a décidé d’allouer une somme de cinq mille pièces d’or à la reconstruction du village. Oui, vous avez bien entendu. Cette générosité l’honore et je ne me fais aucun doute sur l’usage productif que vous en ferez. Bien sûr, il y a trop pour reconstruire le village, mais vous devrez aussi ériger des palissades, une tour de guet et un tocsin. Un maître charpentier et deux de ses apprentis vous accompagneront pour aider à la réalisation des travaux. Quatre chariots de vivres et de marchandises complèteront le convoi. Cela devrait suffire à vous permettre de tenir le temps de la reconstruction mais une nouvelle caravane de ravitaillement suivra d’ici une semaine. 

Des questions ? »

Le Chambellan acquiesça.
 
« Il faut une demi-journée pour préparer les chariots. Départ en début d’après-midi. »
 
Il laissa partir les hommes et se rassit dans son fauteuil, soucieux. Les terres étaient de plus en plus harcelées et le cas de ces villageois n’était pas isolé. A ce rythme-là, les caisses du Comté allaient fondre et l’armée aussi.
 
Il ne pouvait cependant pas blâmer le Seigneur, il aurait sans doute fait de même à sa place. La question était plus cruciale que ça : résister était difficile et voué à l’échec si un regroupement ne se faisait pas rapidement. Alors comment envisager de riposter ?
 

Ils n’avaient pas les effectifs, c’était une évidence. Les hommes étaient moins nombreux que les Gobelinoïdes. Et ils manquaient aussi de personnes suffisamment puissantes pour faire la différence.

Dans le bureau du Boss, le Consiglière lui fit un rapport sur l'épisode passé hier.
" QUOI!!! AH NON!!! il ne faut surtout pas que les gens du peuple recommencent à croire en leur seigneur. C'est quoi cette histoire!!! Merde à la fin!!! TOUT se déroulait parfaitement et maintenant les soldats font preuves d’héroïsme. C'est QUI les cons qui ont attaqué le village?"


Le Consiglière l'ignora


" C'est emmerdant. Très emmerdant."



Il s'assit à son bureau et commença à écrire une ordonnance



" Tu vas me trouver d'autres cul-terreux pour faire un scandale en plein milieu de la place de village. Pas trois paysans, beaucoup plus et évite d'aller là où les soldats ont gagné leur estime. Dès que tu les as trouvé, tu prends le moins con-con et il faudra qu'il récite ce petit texte"

Citation :

Vous n'avez pas de morale
Vous voyez bien que tout l’monde râle

Êtes-vous à ce point vicieux Pourquoi toujours rester polis
Pourquoi toujours cacher ces tics
On n’joue pas au monopoly Quand on fait de la politique
On  râle, on n'est pas content
On a beau frapper à votre porte C’est la sourde oreille qui l’emporte

Le Consiglière repartit pour accomplir le nouvel ordre et pendant ce temps là le Boss chapeautait d'autres plans

Et au seizième jour, la charrette transportant des sacs de farine passa les portes de la ville.

La scène se déroule un peu avant l'arrivée des troupes d'Oghma avec les ambassadeurs Huldras.

Devant les portes de la ville c'est le chahut, le désordre avec des soldats paniqués.

Une armée de fourches, de pelles, de râteaux, de pieux pointues s'agitent en criant en coeur "Vous n'avez pas de morale
Vous voyez bien que tout l’monde râle

Êtes-vous à ce point vicieux Pourquoi toujours rester polis
Pourquoi toujours cacher ces tics
On n’joue pas au monopoly Quand on fait de la politique
On râle, on n'est pas content
On a beau frapper à votre porte C’est la sourde oreille qui l’emporte"

Le petit texte pondu par le Boss eut son petit effet. A l'intérieur de ville ça commençait aussi à gueuler. Poussés par les commerçants, des protégés de Gnarlak, les villageois huerent et bousculèrent les soldats qui attendaient les ordres.

Pendant ce temps, Oghma, ses hommes et les Huldras s'approchèrent et entendirent des bruits de toutes sortes. Sifflements, cris, des chants, ect...