Maintenant son allure depuis qu'il était parti des collines forestières non loin du camp du nord, Illyvius arrivait en vue de Long-Cochon.
Pleinement maître de sa condition physique, le satyre avait choisi une vitesse de croisière pour ménager son endurance. Il aurait pu arriver plus tôt en sprintant mais aurait été épuisé à l'orée du village, ce qui ne lui aurait servi à rien pour débuter son enquête.
La nuit était tombée depuis longtemps mais l'obscurité ne le gênait en rien, et les phéromones clairement agressives qu'il dégageait maintenaient à l'écart les bêtes sauvages. Il s'arrêta non loin du village, intrigué par un feu de camp. On lui avait parlé d'un village saccagé par des orcs, les habitants soient emportés comme esclave soient massacrés. A qui pouvait bien appartenir ce feu ?
Il s'approcha en silence et observa ...
2 hommes conversaient autour du feu. L'un d'eux portait une toge doublée d'une capeline épaisse. Un lourd médaillon à effigie d'Azzerath pendait à son cou et une masse octogonale était posée à ses pieds. L'autre portait de longue chausses de cavalier jusqu'en haut des cuisses. Un complexe harnais de cuir était sanglé sur son pourpoint, et un large chapeau couvrait sa tête. Une paire de pistolets à poudre nains pendait le long de ses hanches. De multiples couteaux de jet étaient rangés dans les lanières du harnais.
Illyvius prit le temps de humer l'air et son regard se porta soudain à un autre point du village. Sur un toit, immobile, une silhouette encapuchonnée observait la grand place, il avait une vue parfaite sur les deux premiers. Il tenait un arc long. Le satyre plissa les yeux, le regard mauvais.
*Un rôdeur elfe ! Un putain d'elfe ! Un prêtre, un répurgateur et un rôdeur ! Ces trois là sont sur MA piste ! J'ai horreur de la concurrence ! Ils vont me piétiner les seuls indices qu'il peut rester ces philistins ! C'est MA piste ! MA proie ! MA récompense !!*
Une main dans le dos, il tâtonna du bout des doigts les empennages de ses flèches de formes différentes. Il banda son arc noir et dans un silence de mort, une lourde flèche fila dans la nuit. L'instinct de l'elfe l'avertit du danger un instant trop tard. La flèche lui transperça la gorge et continua sa route dans le néant. Le rôdeur s'écroula sur le toit et le dévala avant de s'écraser au sol. Le bruit alerta aussitôt les 2 autres qui se levèrent d'un bond, le prêtre saisissant sa masse d'une main tandis que son compagnon dégainait ses armes à poudre noire.
La seconde flèche tout aussi silencieuse que la première se planta en plein torse du prêtre, le projetant en arrière. Le survivant se tourna dans la direction d'où venait le tir, braquant ses armes, prêt à tirer. Un long hululement déchira la nuit, perturbant la vigilance de l'humain. Un choc violent à la poitrine le ramena à la réalité. Une flèche barbelée dont la tige était parsemée de trous pour faire un maximum de bruit avait transpercé son pourpoint renforcé. Il s'écroula à son tour sans avoir pu voir son assassin.
Illyvius s'approcha alors et porta à sa bouche sa flûte de pan. Il joua une douce mélodie. Les 3 flèches se transformèrent alors en couleuvres noires qui s'animèrent et glissèrent sur le sol en direction du carquois du satyre. Elles reprirent leur forme originelle de flèche une fois à l'intérieur.
Négligeant de fouiller ses victimes, le satyre se mit en devoir d'enquêter dans tout le village à la recherche d'indices. Durant une partie de la nuit, il remonta le fil des évènements. Repérant là la fuite de Ménériel, à l'orée d'un petit bois les stratagèmes de Nikushimi, sur la place l'emplacement de la cage à roulette des prisonniers, allant jusqu'à humer le sol à la recherche de résidu d'odeur de plante de pieds nains (ceux de la Denrée en l’occurrence), puis retrouva l'endroit où les orcs s'étaient adonnés à la torture sur les envoyés d'Ambre. Il mémorisa l'odeur du sang et des autres fluides vitaux de l'antipaladin (le fils de Vildrek). Il avait enfin retrouvé le début de SA piste. Il pouvait déjà imaginer le poids de sa récompense dans une bourse sertie d'or.
Il repartit lentement, suivant les traces presque invisibles du chariot des orcs ...