A la poursuite de la Denrée - 2ème essai

Il ne fut pas difficile aux Nains de repérer l’auberge qui trônait sur la place du village. Ils s’y rendirent et confièrent leurs cochons au palefrenier puis entrèrent dans un établissement relativement cossu pour un village de cette taille.
 



Par contre, il n’était à cette heure que peu peuplé et les voyageurs n’eurent presque que l’embarras du choix pour leur installation.
 

 
Rapidement, l’aubergiste, un homme mince au regard intelligent, vint les trouver.
 

« Des voyageurs ! C’est plutôt rare en ces temps troublés ! Surtout si peu nombreux. D’où venez-vous, messeigneurs, et que puis-je vous servir ? »

" Votre spécialité" beugla Zak, " 3 machins de votre truc qui tabasse."
Il regarda autour de lui,
" C'est bien calme pour l'heure du déjeuner, vous avez, vous aussi, des problèmes dans la région?"

" Une mousse pour moi, je préfère rester lucide. Je vais profiter de cette halte pour voir le marchands de graines. Notre ferme ne propose pas assez de légumes et Harmadrya a besoin de vivre."

"Ouais sinon comme Zak' a dit, le truc qui tabasse ! Çà m'ira ! Mais cette fois-ci, on reste raisonnable ! On n'a plus de temps à perdre !"

« Harmadrya vous dites ? Y a des gens qui sont revenus là-bas ? C’est une terre morte peuplée d’araignées. Qu’est-ce que vous pensez pouvoir y faire ? »
 
L’aubergiste posa les quatre tord-boyaux sur la table ainsi que le pichet de bière pour Gorazin.
 

« Je vous prépare des chambres pour la nuit ? » demanda-t-il en regardant spécifiquement Zakakin, comme sûr qu’il n’allait pas pouvoir repartir.

L’aubergiste sourit de toutes ses dents à la réaction de Zak’.
 
« Ca fait toujours ça la première fois ! C’est comme le tabac, le deuxième passe mieux et le troisième est divin. Après, votre goût est acclimaté et vous aimez ça comme le lait d’vot’ mère ! Allez mon gars. T’en as juste commandé le bon nombre… Par contre, j’suis pas sûr qu’tu l’encaisseras. »
 
Il regarda Zak’ d’un air dubitatif.
 

« Donc, j’vous les mets, ces chambres ? Ou pas ? »

L’aubergiste jeta un regard amusé au nain.
 
« Bien sûr messire Nain. Tout le monde n’a pas le coffre pour encaisser notre Absindard… »
 

Il s’en alla chercher la nouvelle commande, laissant les trois verres de Zak’ sur la table.

L’aubergiste empocha les pièces avec la rapidité de celui qui a déjà vu son paiement s’envoler devant lui.
 

« Le marchand de grains se trouve dans l’allée de gauche en sortant d’ici. Vous verrez son entrepôt d’ici. Bon voyage messires. »

"Foudiouuuu de cochonaille turbopropulsée !!! C'est çà qu'il faut au combat pour charger ! "

" HALTE!!!" Cria un garde
" RENFORCEZ LA PORTE, NOUS SOMMES ATTAQUÉS!!!" Alerta les gardiens de la porte de la ville.

En bas, sur les cochons supersonic les nains commençaient à paniquer.
" Impact imminent, mettez vos casques et les têtes baissées" conseilla Zak.

"Non mais c'est pas vrai ! C'est qui ces zigotos ?
- FERMEZ LES PORTES !
- Portes fermées Sergent !"

Le Sergent et ses hommes se regroupèrent au-dessus de la barbacane et regardèrent les cochons foncer sur les portes renforcées. 

"Ils vont se tuer ces cons !"

Un soldat hurla aux Nains de sauter bas de leur monture, mais ceux-ci étaient en train de mettre leurs casques, leur ouïe était difficilement à son meilleur à ce moment-là.

"Sortez les arcs bande de moules ! ALLEZ ! Du nerf !
- On va trouer du cochon Sergent ?
- On va voir, mais tenez-vous prêts."

Les soldats obéirent puis tous se penchèrent pour regarder les cochons arriver à l'impact.

"Ils vont tous crever, cette porte, c'est du béton armé...
- Pas sûr, las Nains, ça a la tête dure. Les cochons par contre...
- Ouais, faut voir qui est quoi et en quelle proportion hein Chef ?
- DE QUOI ?
- Euh non, rien..."

"Mettre un cas ... Quoi ?!? "


"Ils vont viser qui ces soldats ? la cochonaille ou les barbus ? "


"Fin-de-dieu-de-bordel-de-Boudiou-de-merde-de-roulade-de-zut ! "

Il s'étala par terre et essaya de lever la tête pour voir où en étaient les autres.

 
 
 
 
 
 

Le Sergent écouta patiemment les explications confuses - principalement à cause des interruptions inopportunes et absolument non constructives de Zak' - données par Gorazin.

"Donc, si je résume vos propos, vous me dites que les meurtriers du fils du Seigneur Vildrek auraient enlevé votre soeur, c'est bien ça ?"

Il se pencha en avant, les yeux plissés comme pour percer des ténèbres insondables.

"Et comment savez-vous ça ?"

Bonne question. Les Nains se regardèrent, manifestement inconfortables sur leurs sièges. Comment parler de cette drôle de novice sans passer pour des fous ? Un soldat se pencha à l'oreille du Sergent et lui murmura quelques mots. L'homme se retourna brusquement sur lui.

"Je... Comment ? Tu es sûr ?
- Certain Sergent."


Le Sergent soupira. 

"Très bien. Mon Caporal me signale que vous êtes des Huldras. Comme si ça pouvait tout expliquer. Cet homme a néanmoins toute ma confiance, aussi je vais vous laisser le bénéfice du doute et vous remettre entre les mains de l'assistant du Chambellan du Comte, Messire Estambiet. Veillez à ne pas me le faire regretter" dit-il avec un regard appuyé à Zakakin.


Le Caporal sortit du bureau du Sergent et demanda aux Nains de le suivre. Il les emmena à travers la ville jusqu'au palais où se trouvait le bureau de Messire Estambiet.


Entre-temps, Jéssoif avait lui aussi reconnu les Huldras et décidé de se faire bien voir par la nouvelle Comtesse. Son patron, Vénec, ne le payait que bien et il savait que s'il parvenait à obtenir une promotion ou un poste plus intéressant, il serait alors très bien payé.


Vénal, il fila comme son ombre jusqu'au palais. Il savait que Messire Estambiet ne recevrait pas les trois courtauds si vite et il avait déjà une belle avance sur eux, lui qui avait des jambes deux fois plus longues que les leurs. Bien sûr, il n'aurait jamais accès à Dame Jézabel. Mais il savait où trouver Babette...


Une heure plus tard, Babette se présenta devant sa Maîtresse et lui glissa quelques mots à l'oreille. Le Seigneur Vildrek quant à lui était occupé à expédier les affaires militaires avec son Conseil de guerre.

"Madame, le soldat Jéssoif a porté à mon attention que trois Nains, apparemment des Huldras, viennent d'arriver en ville. Ils disent qu'ils sont à la recherche de leur soeur et que celle-ci se trouverait avec les meurtriers du fils du Seigneur. Le Sergent les a adressés à Messire Estambiet, mais peut-être préférerez-vous les recevoir vous-même ou participer à cette entrevue ?"


Babette salua respectueusement, attendant les consignes de sa Maîtresse.

Messire Estambiet attendit encore un moment, parce que les Dames se font toujours attendre, et il fit entrer les Nains dans son cabinet lorsque Dame Jézabel lui fut annoncée, afin de lui permettre d'entrer en dernier et de faire du coup son entrée comme elle le désirait.


Les Nains furent donc introduits dans le bureau de Messire Estambiet, où il leur fut proposé de s'asseoir sur des chaises robustes capables de résister au poids de leurs corps doublés de métal tandis que l'homme prenait place dans un confortable fauteuil derrière son bureau et que deux gardes restaient postés à l'extérieur de la porte.

"Asseyez-vous messires. J'ai oui dire qu'une importante nouvelle vous amenait en nos murs ?"

Messire Estambiet acquiesça poliment aux remerciements de Gorazin avant de balayer ses excuses comme si ce n'était qu'une broutille sans importance, puis se pencha en avant sur son bureau.

"Les informations se propagent décidément bien vite. Votre soeur dites-vous ?"

Il jeta un regard vers Jézabel, qui n'avait pas démenti leur identité, et supposa donc qu'ils étaient bien ceux qu'ils disaient être. Il remarqua avec approbation qu'en s'asseyant, elle avait croisé les jambes du bon côté et ne dévoilait qu'un joli mollet.

"Très bien. Nous avons en effet envoyé une escouade à la poursuite de ces dangereux criminels. Nous savons que ce sont des mercenaires esclavagistes. Des orcs, pas des Orks, heureusement. Ils sont cependant très forts, car ils ont anéanti une escouade de nos meilleurs soldats. Si vous savez que nous avons envoyé une troupe à leur poursuite, vous savez également pourquoi : ils ont tué l'héritier du Comte Vildrek. Et une grosse prime a été promise pour leur capture, morts ou vifs."

Il se leva et se rendit à la fenêtre, continuant à parler tout en jetant un oeil à l'extérieur.

"Nous savons qu'ils sont partis au nord-est. Aux dernières nouvelles, ils allaient vers les camps de mercenaires assujettis aux armées de Thran."

Il se retourna.

"En tant qu'alliés Huldras, je peux vous donner de l'équipement et de nouvelles montures. Vos cochons ne vous conduiront plus bien loin avec leurs crânes fracassés. Pour le reste, je ne peux que vous souhaiter de retrouver votre soeur et de gagner la prime, ce qui voudra dire que vous aurez éradiqué la menace. Mais soyez prudents. Ces orcs sont terriblement dangereux."


Il regarda la future Comtesse. Avait-elle quelque chose à ajouter ?

Sur le même ton de l'apparté :

" Il me semble que la belle dame t'as entendu" chuchota Gorazin à Thor'



" Si vous comptez remettre en route une équipe, nous serions bien heureux de nous joindre à vous" S'immisca t'il entre Jezabel et Estambiet.

En attendant la décision, Gorazin chapotait un plan dans sa tête. L'idée était simple et la stratégie basique. Il pensait prévenir les autres pour qu'ils assurent l'arrière train.

Messire Estambiet regarda tour à tour les Nains et Dame Jézabel.

"Oui, ce serait possible. Mais à la condition qu'ils intègrent l'équipe. S'ils agissent comme des électrons libres, ça ne fonctionnera pas. Bien entendu, intégrer l'équipe, messieurs, ne veut pas dire être aux ordres du Capitaine d'escouade, mais collaborer au mieux dans les deux sens."


L'homme regardait plutôt Zakakin, ayant comme tout le monde repéré le maillon faible de l'équipe.

"Nous avons une équipe qui doit partir demain en direction de Mortval. Il me semble qu'il serait tout indiqué d'y adjoindre nos trois amis ici présents. Nous pouvons vous fournir l'équipement de base nécessaire, ainsi que les montures.

Si cela vous convient, je vous ferai présenter au Capitaine de l'escouade après notre entretien."

"Très bien. Trois poneys et une mule pour porter un tonneau de bière, ça peut le faire. Mais pour la bière, faudra voir avec le Capitaine, parce que si c'est pour nuire à la discipline, c'est non."

Messire Estambiet regarda les Nains, puis Dame Jézabel. 

"Autre chose ?"