Bois-sombre

Les dryades frémirent ... comme si une crainte parcourait l'assistance.

"Plus sûr que la forêt ... je n'en connais pas d'autre ... Nous nous sommes toujours réfugiées dans la forêt lorsqu'il le fallait ! Elle nous a toujours protégées ... jusqu'à maintenant ...

Mais nous ressentons ses inquiétudes ... Elle-même ne sait pas de quoi sera fait son avenir !

(Drycha allait d'une idée à l'autre, sans transition) Ces décharges sont des tentatives de communications ... avec le temps, l’Élue saura en discerner le sens aussi bien que les mots que l'on prononce ! Elle saura aussi en discerner le sens caché ... mais il ne faut pas croire aveuglément tout ce que l'on entend ...

(Elle sursauta, changeant encore de sujet) ... Il est un lieu enchanté ... loin sans être inaccessible ... où l'ont dit que la nature et la civilisation se mêlent l'une à l'autre ! Où de nombreuses créatures magiques, enfouies et secrètes, attendent le retour d'une déesse ...

Si ce lieu existe vraiment ... si cette déesse s'y trouve ... alors nous aurions à la fois la forêt pour nous réfugier ... le nombre pour protéger l’Élue ... et l'être capable de lui révéler son vrai potentiel !"

Un frisson parcourut l'assistance. L'attention des dryades était toute tournée vers Drycha. Elle plongea son regard surnaturelle dans celui d'acier de Ja.

"Ma rage n'a rien à envier à la vôtre ! Nous lui avons voué nos vies ! Nous sommes toutes prêtes à nous sacrifier pour elle s'il le faut ! (comme pour illustrer ses propos, elle dirigea les doigts griffus de sa main gauche vers sa propre poitrine) Vous êtes son protecteur, je n'impose rien, je ne peux que vous proposez ! C'est vous en dernier recours qui disposez !

Il s'agit de l'ancienne forêt Hulde ! Le cycle de la vie de la citadelle en son sein n'est commun à aucun autre ! Cette citadelle est en symbiose avec sa forêt et vice versa ! J'espère juste qu'elle est actuellement sortie de son hiver et que la déesse qui règne en ces lieux soit revenue sur ses terres ! Mais je n'ai aucune certitude ni sur l'un, ni sur l'autre ... seulement des espoirs !"

(NDRL : Ah les créatures magiques, va leur parler de géopolitique tout çà tout çà ... Les poulpiquets, Harmadrya, c'est des termes qu'elles ne maitrisent pas vraiment ... Ah et le concept d'Huldras ? ... des créatures éphémères qui vivraient aussi dans la cité ? oulà ... trop novateur çà ! lol)

"Alors nous allons prendre cette direction ! Le chemin va être long jusque là-bas par voie de terre, et certaines régions ne sont pas protégées par des bois, cela nous fera marcher à découvert ..."

Drycha craignait cette réponse mais c'était la plus logique.

"Oui ... par le lac, ce sera le plus rapide c'est vrai !

En fait, nous ne sommes pas à l'aise dès que nous sommes hors sol en général ... Mais notre gêne doit passer après notre mission, il suffira de construire un radeau suffisamment large et stable et çà ira !" (les autres paraissaient déçues mais acceptèrent la décision de Ja et Drycha)

Elles l'aidèrent à préparer son bûcher mais s'écartèrent avant qu'il ne l'allume. Si une étendue d'eau pouvait représenter une gêne, un feu était autrement plus dangereux. Même si c'était avant tout des créatures magiques, leur corps partageait quelques similitudes avec le bois.

Ils partirent ensuite au sud, à la recherche de la rive du lac. Quelques dryades en éclaireur, le reste en cercles concentriques autour d'Anima. Drycha elle restait proche de la jeune fille, de l'autre côté par rapport à Ja afin de couvrir les deux flancs si une menace réussissait à traverser les rangs de dryades pour l'atteindre.

Les dryades resserrèrent leurs positions autour d'Anima, Drycha et Ja. Elles attendaient des ordres mais semblaient très nerveuses.

"Des ondins ! Voilà ce que vous sentiez !" chuchota Drycha au guerrier.

*Des ondins sur la terre ferme, des dryades qui veulent prendre un radeau ... on vit vraiment une époque folle !* réalisa Drycha.

Elle se demandait comment ils seraient accueillis une fois arrivés à destination. Comment s'appelait l'ancien gardien du lieu déjà ? Ah oui ... Maxime le Forestier ...

Un frisson parcourut les dryades mais elles ne dirent mot. Drycha était leur meneuse et elle s'en était remis à Ja pour prendre les décisions. Ceci dit, elle n'en pensait pas moins.

*J'ai horreur des menaces, l'aquatique ! Parle pas de percer ... D'ici, je peux tous vous percer !*

"Et vont-ils accepter que l'on navigue sur le lac pour rejoindre la forêt qui nous intéresse ?" glissa-t-elle à l'oreille de Ja.

L'ondin avait raison. Drycha analysa les possibilités.

"Sur l'eau, nous serons des cibles faciles ! Il faudra accoster le plus vite possible ... une fois en contact avec le sol, la forêt ne sera d'aucune protection pour les tireurs !"

Le radeau fut prêt assez vite et mit à l'eau. Il flottait correctement. Les dryades n'étaient pas à l'aise mais le contact du bois les rassurait et elles purent assurer les racines de leurs jambes sur les rondins ...

La traversée de la mer intérieure se passa sans encombre notoire. Lorsqu'un prédateur marin s'approchait trop près de l'embarcation, les ondins étaient assez nombreux et assez dangereux pour gérer le problème. Lorsque le soir tombait, ils accostaient et campaient sur la terre ferme. Parfois le prédateur était terrestre, mais là c'était les dryades qui prenaient le relais et assuraient la défense, puisque de jour elles étaient en semi-léthargie sur le radeau.

Lorsqu'ils entamèrent la deuxième moitié de leur voyage, ils préférèrent longer la côte autour de Bouc Etourdi. L'autre rive, en plein territoires gobelins était trop risquée, surtout pour y accoster et camper de nuit.

Ils arrivèrent enfin au dernier tronçon de leur voyage maritime ... Déjà l'air de l'océan parvenait au dessus de l'eau. Et les ondins sentaient que les eaux de l'océan se mêlaient à celles de la mer intérieure. Ils arriveraient à l'estuaire sûrement le soir même.

Alors que la nuit tombait, ils eurent en ligne de mire l'ombre noire d'un large pont enjambant l'embouchure de l'estuaire et reliant les deux rives désormais très proches. Des lueurs et des formes semblaient s'animer sur ce pont. Drycha se porta à hauteur de Ja pour voir ce qu'il en pensait ...

(NDLR : J+25 au soir)

La suite ... dans Rive Est de l'Estuaire.