Manoir Drakentcheiev - Visiteurs inattendus

Le lendemain matin, l'ex-espionne elfe se réveilla comme émergeant d'un rêve. Des draps de satin, une chambre richement décorée d'un style un peu désuet. Aucune douleur et de douces senteurs à ses narines. Elle crut d'abord avoir rêvé toute cette affaire mais en soulevant le drap, en voyant son corps nu, elle repéra sans difficulté les marques des tortures des gobelins, y compris les éraflures récentes des buissons lorsqu'elle avait croisé les orcs qui avaient perdu la raison.

"Qu'est ce que ?!? Et la tunique du skaven ? Qui m'a déshabillée ? Je suis où là ?"

Elle se remémora ses derniers souvenirs, le sauvetage d'Augustus et Minstra ... Mais comment s'était elle retrouvée là dans ce lit ? En essayant de se lever, elle aperçut, accrochée sur un mannequin juste à côté du lit, une longue robe de soirée, échancrée, fendue sur le coté ...

"C'est pour moi çà ? Et y'a rien d'autre ?"

Au pied du lit, elle vit une paire de sandales lacées (du plus pur style elfique)

"... Bon la prochaine fois ... j'éviterais de poser la question ..."

En s'asseyant au bord du lit, elle réalisa que le parfum qui planait venait d'elle. Elle avait pris, ou on lui avait fait prendre, un bain et il était parfumé qui plus est.

"Non mais c'est tout oui ? 'vont m'entendre !"

(NDLR : Si vous trouvez que Vassili est un peu répétitif dans ses méthodes lorsqu'il accueille une elfe qui débarque sur ses terres, dites vous que c'est son petit coté "romantisme baroque" ... ou alors il a une lubie pour les elfettes )

Elle se résolu donc à enfiler la robe et les sandales pour pouvoir sortir de la pièce tomba nez à nez avec Igor qui l'invita à la suivre jusqu'à la salle à manger où l'attendait Vassili, un diner avait été préparé en son honneur.

Sans pour autant oublier qu'elle voulait les gronder pour leurs méthodes cavalières, elle accepta volontiers de profiter du repas. Vassili semblait charmant et elle en oublia son habituelle prudence en lui racontant les détails de son aventure. D'ordinaire assez mutique, réflexe professionnel oblige, elle révéla les informations importantes qu'elle avait glanées.

Vassili semblait sincèrement navré de tout ce que les gobelins lui avaient fait subir. Cependant, il releva que dans son malheur, elle avait eu pas mal de chance : s'il n'y avait pas eu les circonstances des geôles gobelines, sa rencontre avec un skaven aurait pu être nettement moins agréable ; que même s'il lui avait occasionné un ulcère à l'estomac, le breuvage magique du skaven lui avait au moins permis de soigner toutes ses autres blessures ; que malgré la rencontre avec les jeunes orcs rendus fous, le destin avait placé Augustus sur sa route. Elle pouvais remercier sa bonne étoile.

Avant que n'arrive le dessert, elle en avait même oublié les remontrances qu'elle avait préparées.

Ce n'est qu'une fois ramenée à sa chambre par Igor pour qu'elle puisse s'y reposer qu'elle se rappela qu'elle voulait leur parler de la robe, du bain, et de toute cette sorte de choses et soudain ... elle réalisa qu'elle lui avait révélé tout ce qu'elle savait. Là où les gobelins avaient échoué à briser sa volonté par la torture et les sévices, Vassili avec seulement un bon repas et une discussion agréable avait levé toutes ses barrières mentales.

*Un vampire !! Rappelle toi que tu as à faire avec un vampire ma fille ! Charmant peut-être mais je perds toute volonté dès que je suis face à lui ! Pourvu qu'il ne fasse rien de mal avec ce que je lui ai révélé !*

Elle enrageait contre elle-même mais finalement, la fatigue la rattrapait déjà, elle allait se résoudre à dormir nue dans ces draps de satin lorsqu'elle aperçut une longue nuisette translucide posée sur le lit. Elle hésita un instant entre exploser de colère ou rougir de gêne. Et puis finalement, elle opta pour la nuisette et s'endormit très vite ...

Peu de temps après, un bruit de cavalcade attira "l'épouvantail à la faux" devant l'entrée du jardin d'été. Occupée non loin à tailler ses rosiers, Vivéka s'approcha à son tour. Le marchand de sable desserra cependant sa prise sur son arme lorsqu'il aperçut la nature des cavaliers qui surgissaient du brouillard. Les revenants de Vassili avaient l'air pressés de rentrer au manoir. Ils s'arrêtèrent brusquement devant le gardien, leurs montures noires renâclant bruyamment.

Les revenants et le marchand de sable se contentèrent d'un salut martial mais lorsque Vivéka parut dans l'encadrement du seuil du jardin, ils s'inclinèrent respectueusement.

"Tiens ! Vous n'étiez pas occupés au loin par une quête au long cours pour le compte de notre hôte ?
En effet Madame ! Mais des nouvelles urgentes nous ont obligés à réduire le temps de notre éloignement ! Monsieur le Comte est ici ?
Oui ! Venez, je vais vous conduire à lui ! Tu peux rester à ton poste, je vais les prendre en charge !" (dit-elle en posant une main délicate sur l'épaule rembourrée de paille de l'épouvantail)

Ils mirent pied à terre, certains défirent leurs fontes de selle pour les emporter avec eux, et ils suivirent Vivéka à travers les allées du jardin jusqu'au manoir.

Arrivés sur le parvis, le bruit des armures métalliques sur le gravier attira l'espionne elfe à sa fenêtre. Elle observa en silence la procession de la demi-douzaine de cavaliers noirs.

Les revenants furent rapidement introduits jusqu'au bureau de Vassili qui les attendait. Vivéka referma la porte du bureau juste au moment où l'elfe arrivait dans le couloir, intriguée ...