Manoir Drakentcheiev - Visiteurs inattendus

Cachée derrière une haie, Vivéka les observait en silence tandis qu’ils pénétraient dans ses jardins.

Les rustres, les philistins, les barbares ! Que viennent-ils faire sur mon territoire ? Si jamais ils touchent à quoi que ce soit, je vais faire un massacre !

Laisse-les avancer !

Le comte venait d’apparaitre sans bruit derrière elle. Elle se retourna surprise, mais sans pour autant trahir sa présence.

Maître ?

Je suis à peu près sûr qu’ils vont être plus intéressés par l’intérieur du manoir que par une visite de tes rosiers … j’aimerais savoir ce qu’ils viennent faire ici, laissons-les faire encore un peu, veux-tu ?

Bien sûr Maître, comme il vous plaira !

Ils observèrent comme des ombres les intrus s’avancer dans les jardins.

Soudain, un craquement de brindille. Quelque chose approchait ?

Une jeune femme apparut de derrière une haie. De longs cheveux pourpres, une rose dans les cheveux, une longue robe fendue noire en dentelle, un tour de cou en soie noire, des mitaines de soie noire. Elle semblait contrariée, elle se pencha sur sa jambe découverte et rajusta une jarretelle en dentelle. En se relevant, elle huma l'air.

"Il y a quelqu'un ? Sortez de votre cachette s'il vous plait, j'ai horreur des attaques surprises !"

La porte de derrière les amena par un couloir de service vers la cuisine où s'affairait un vieil homme vouté au dessus des marmites fumantes. Il laissa tomber sa cuillère dans une marmite.

"Oups ! Quel maladroit ! ... Ah vous voici !

Hein ?

Mesdames, Messieurs ... On m'avait prévenu de votre arrivée, voudriez-vous passer dans la salle de réception ? (Il désigna la porte de l'autre côté de la pièce) ... Je me dépêche de finir de préparer le repas et je vous l'amènerais ensuite ! Cela fait tellement longtemps que nous n'avons pas eu de visiteurs, je n'ai plus l'habitude de préparer les repas en temps et en heure, veuillez m'excuser !"

Il leur fit un sourire poli.

"Oooh ! Un homme ! me voilà rassurée, j'ai horreur de tous ces rustres d'orcs ou autres monstruosités !

Comment trouvez-vous mon jardin ? Il est bien entretenu n'est-ce pas ? Je me nomme Vivéka ... Vivéka Belladone ! (Elle lui fit la révérence) ... Et vous beau guerrier, quel est votre nom ?"

Elle ne semblait en effet ne présenter aucun danger ni menace, arborant un sourire angélique à damner un saint.

La salle de réception était richement décorée. La table à manger était garnie d'une vingtaine de chaises. A chaque extrémité, une cathèdre en bois massif. Il n'y avait personne dans la pièce.

Au bout de 10 mn, Igor entra à son tour portant un plateau d'argent garni de cochonnailles. Il manqua de se prendre les pieds dans un tapis et le plateau ne dû son salut qu'à une paire de mains secourables qui arrivèrent à temps. L'avantage quand on est brigand aux abois, c'est qu'on ne gâche jamais la nourriture, il est des réflexes de survie qui sauvent des plats.

"Un peu oui, je suis sortie sans manteau mais avec cette brume là haut au dessus de nous, le soleil ne réchauffe pas assez ! Oooh une cape ? je veux bien un instant oui, je vous suis, où est-elle ?"

Elle se laissa guider vers la planque qu'il occupait.

"Mais c'est le Comte Vassili Drakentcheiev (comme si c'était évident), ce manoir appartient à sa famille depuis des générations ! (des générations d'humains ou des générations de Drakentcheiev ? comprenne qui voudra) ... L'avantage de ce coin isolé, c'est que nous sommes rarement importunés par des malfaisants, mais l'inconvénient, c'est que nous recevons rarement des visiteurs !  D'où mon empressement, mais je vous remercie d'avoir rattrapé mon plat !

Ceci est pour vous faire patienter, je me dépêche de finir le repas pendant ce temps là !"

Igor s’essaya à une petite courbette mais ses courbatures l'en empêchèrent et il se contenta de retourner en cuisine.

Elle s'était déjà rapprochée de lui et se retourna pour lui présenter son dos, elle fit un pas en arrière, presque collée à lui, déjà blottie dans la cape.

"Oh merci mon sauveur ! me voilà entre de grands bras musclés et protecteurs !"

Un parfum d'orchidée s'élevait de ses cheveux et de son décolleté.

Lorsqu'Igor rentra dans cuisine, il trouva Augustus en train d'installer une série de verres sur un petit plateau autour d'une bouteille de vin finement poussiéreuse.

"Ah Igor ... nos invités vont bien ?

Oui Messire Mirabo ... que ... ?

Ce vin ? Une cuvée spéciale ! Ils vont positivement l'a-do-rer !

Qu'a-t-il de spécial ?

Il est à la fois très doux au palet, très légèrement piquant, mais surtout fortement alcoolisé sans que cela se sente ! Un de mes petits chefs d’œuvre !

Je dois le leur amener ?

Oui, fait donc ! Je surveille tes marmites pendant ce temps là !"

Igor revint donc plus prudemment cette fois-ci avec son plateau de verres et de vin.

Il était au bord de l’inconscience, Vivéka avait bu le calice presque jusqu’à la lie. C’est vrai qu’il était vigoureux. Elle s’était presque laissée emporter par l’élan du moment, elle avait failli le vider entièrement. Cela faisait bien longtemps, on perd l’habitude de se contrôler dans ces cas-là.

Il était dommage de gâcher un mortel si prometteur. Le maître ne lui en voudrait pas trop si elle se permettait de se faire un séide, juste un petit séide de rien du tout … ce n’est pas comme si elle avait voulu infanter, elle savait qu’il refuserait sûrement … mais là, un petit séide… çà peut toujours être utile …

Profitant d’être penchée sur lui, elle s’ouvrit doucement la veine du bout de l’ongle et laissa perler 2-3 gouttes de son sang sur les lèvres de Gareth. Le liquide s’infiltra dans sa bouche et épuisé qu’il était, il les avala à la recherche d’énergie. Elle se massa le poignet le temps que sa peau régénère, attendant que la réaction se produise dans le corps de l’humain. Si peu de sang n’était pas suffisant pour créer un vampire, il aurait fallu par deux fois un vrai échange de sangs, mais ce « baiser de sang » édulcoré suffisait pour créer un vrai lien, une vraie dépendance, et en contrepartie, lui insuffler une vigueur surnaturelle. C’est ce qui avait surement dû se produire avec Igor qui avait servi loyalement le pater de Vassili avant de reporter sa loyauté sur Vassili après sa mort.

Les pupilles de Gareth se rétractèrent et l’espace d’un instant, son cœur s’arrêta. Puis il repartit doucement, le souffle régulier, il semblait dormir. Elle lui caressa les cheveux, remettant en place une mèche et se releva en le portant. Elle fit le tour du manoir pour le porter vers les quartiers des serviteurs. Cela faisait bien longtemps que cette aile de la bâtisse n’était occupée que par Igor, il était temps de faire revivre la splendeur des lieux qu’elle n’avait pu qu’imaginer en lisant en cachette les carnets intimes du pater de Vassili.

Ils se distribuèrent les verres, ouvrirent la bouteille et se servirent. Le vin était effectivement très facile à boire, et la bouteille fut finie assez vite. L’ivresse affleurait doucement. La grande porte menant vers le centre du manoir s’ouvrit et entrèrent dans un silence théâtral Vassili suivit d’Augustus. Ils semblaient glisser sur le parquet.

"Mesdames, Messieurs, soyez les bienvenus dans ma demeure ! J’espère que cette collation vous est agréable, le diner va bientôt être servi !"

Il s’assit sur l’une des cathèdres de bout de table, et Augustus à sa gauche.

"Comment s’est passé votre voyage ? La contrée est assez inhospitalière en général !"

"Hé bien mon mignon, comme tu y vas ! Je te croyais en train de te reposer, tu as déjà récupéré ? Voilà qui est intéressant !"

Les autres ont dû faire la connaissance du Maître à l’heure qu’il est … dois-je les rejoindre ? … oh et puis Augustus et le Maître arriveront bien à s’en occuper tous seuls … je peux m’accorder une petite pause …

"Je devrais m’absenter … mais nous avons encore un peu de temps devant nous … montre-moi donc !"

"Et bien très chère ... un soucis ? Peut être le vin n'est-il pas votre fort ? ... Qu'à cela ne tienne, je peux demander à Igor de vous ramener un pichet d'eau du puits ! Il n'y a pas plus pure !"

Canines rentrées pour pouvoir sortir en société sans éveiller de soupçons, il lui présenta un sourire étincelant, dents impeccables.

"J'espère qu'il se sera surpassé pour le diner ... j'attends de voir ce qu'il nous a mitonné ! Pas vous ?"

Il n'avait pas régénéré assez de sang pour le moment, le mordre maintenant serait trop risqué. Par contre, il s'était renforcé sans s'en rendre compte.

Elle rétracta les canines, plus prudent, mais fit tout de même jouer sa langue. Elle appréciait cette nouvelle force.

Les conversations allant bon train, il se leva et alla s'asseoir sur la chaise à côté de celle de Minstra. Ainsi, il se pencha pour lui parler plus bas sans avoir à hausser le ton pour se faire entendre. Cela avait aussi pour avantage de favoriser les intonations hypnotiques dans sa voix.

"Oh vous m'en voyez navré chère Minstra ! Vous ne savez pas ce que vous aller rater ... il est certes un peu maladroit mais c'est un vrai cordon bleu !

Et bien je suis enchanté de vous rencontrer, je me nomme Augustus, Augustus Mirabo, pour vous servir !

Je dois avoir dans la cave quelques liqueurs pour aider à détendre les organes récalcitrants ! Je pourrais éventuellement aller y voir ce que je pourrais vous proposer après le repas !"

Sa conversation était agréable, et il semblait tout prêt à lui être le plus serviable possible. Il y avait dans son regard plein de gentillesse quelque chose de captivant, elle en oubliait les bruits des conversations autour.

Igor arriva avec les plats. Rien de gargantuesque, mais malgré tout un festin de rois. Il fit preuve d'une étonnante adresse pour poser un par un tous les plats sur la table sans en renverser. Les viandes étaient essentiellement du gibier.

Pendant ce temps, Vassili distilla discrètement ses questions afin d'apprendre qui ils étaient, ce qu'ils étaient venus faire dans la région, ce qu'ils avaient vu lors de leur périple.

Quartier des serviteurs

Vivéka avait une lueur de défi dans le regard : "Je … que … çà va pour le moment, je n’ai aucun soucis … C’est plutôt toi qui devrait être en train de te reposer !"

Salle de réception

"Allons, l’idée de me moquer de vous ne me viendrait pas à l’esprit ! Tout ceci est compréhensible, vous arrivez dans un lieu inconnu, vous ne nous connaissez pas et réciproquement, cette prudence était tout à fait compréhensible !

Vous voulez m’accompagner ? Et bien volontiers, j’avoue que je n’ai pas souvent l’occasion de faire visiter la cave du manoir, c’est moi qui en est la charge, j’espère que la visite vous plaira … Nous commençons ?

Quoi ? Maintenant ?

Bien sûr, vos amis ont l’air bien occupés dans leurs conversations, nous avons donc un peu de temps pour une petite visite !"

Il se leva et lui tendit le coude. Elle se leva à son tour et passa son bras dans le sien. Au moment où ils passèrent la porte, Vassili fit un clin d’œil à Augustus qui hocha la tête en retour. Elle se retrouva à déambuler dans les couloirs jusqu’à un escalier en pierres descendant dans les ténèbres. Elle n’aurait su dire si elle avait marché ou volé jusqu’ici, et sans non plus se souvenir de l’itinéraire. La descente lui parut plus longue qu’elle ne se le serait imaginée.

Arrivés en bas, il claqua des doigts et une série de torchères s’alluma, dévoila les râteliers de la cave à vin, des bouteilles plus ou moins poussiéreuses y étaient entreposées. L’air était frais et sec.

"Ooh !!

Un petit tour de prestidigitation, j’en fais à mes moments perdus ! Venez, les liqueurs sont pas ici !"

Il la conduisit vers le fond de la cave …

Enivrés par le vin d’Augustus et hébétés par le pouvoir hypnotique de Vassili, Jerain et Harl repensèrent à leur idée de cabane de jardinier. Comme le comte était en train de converser avec Keren et quelques autres, personne ne remarquerait leur absence. Harl se leva silencieuse et emmena sa collègue vers la cuisine. Igor n’y était plus, ils la traversèrent dans le sens inverse de leur arrivée et se retrouvèrent à nouveau dehors. Aucun des deux ne remarqua l’absence de Gareth et retrouvèrent facilement la direction de la cabane de jardin.

… …

Igor arriva par la grande porte et s’approcha du comte. Il lui murmura quelque chose à l’oreille et repartir aussitôt.

Vassili se leva solennellement.

"Mes amis, que diriez-vous de finir ce repas par un digestif au petit salon ? Vous y serez mieux qu’ici !"

Il les conduisit à un salon tapissé de velours, décoré de bibliothèques garnies de livres finement reliés. Des fauteuils, un canapé, et toute une série de coussins brodés au sol complétait le mobilier. Au centre de la pièce, un guéridon, sur lequel étaient posées quelques bouteilles de liqueurs et une série de verres, semblait les appeler.

"Allez-y, installez-vous ! Je vais aller voir auprès d’Igor s’il pourrait préparer de quoi vous reposer de votre voyage ! On devrait être un peu juste en chambres d’invités mais en rajoutant un ou deux matelas dans certaines vous devriez pouvoir tous tenir !"

Il les laissa, livrés à eux-mêmes, plus très conscients de grand-chose. Seul dans le couloir, il se concentra et étendit ses sens à toute sa propriété.

Bien … Vivéka et Augustus s’occupent chacun d’un ! Il y en a deux dans le jardin, mais ils n’iront pas bien loin … le marchand de sable les fera dormir le cas échéant, rien d’urgent … me reste ceux-là … une bande organisée qui sait se battre … ce serait dommage de l’utiliser comme du bétail ! (terme vampirique pour la masse des mortels qui pensent vivre dans la quiétude alors qu’en fait ils servent de garde-manger ambulant) … Je pense qu’on va avoir besoin de main d’œuvre par les temps qui courent …

Manquerait plus que çà qu’il pense pouvoir m’épuiser avant lui !

"Dis-donc mon mignon, à qui crois-tu être en train de parler là ?"

Elle le repoussa sur le côté et se retourna sur lui. A califourchon, elle entreprit de le chevaucher, d’abord doucement pour lui permettre de reprendre son souffle puis de plus en plus vite, les mains plantées dans les pectoraux. Elle enfonçait ses ongles juste ce qu’il faut dans la chair pour piquer et se cramponner, mais juste ce qu’il faut aussi pour que le sang ne perle pas, il ne faut pas gaspiller ce précieux nectar inutilement.

Une main posée au-dessus de son cœur, il fut facile pour elle de trouver le bon rythme pour qu’il soit au bord de la jouissance sans pour autant réussir à l’atteindre. Elle le maintint dans cet état intermédiaire un temps qu’il lui parut interminable, les crampes commençaient à se faire sentir, des mollets à l’échine, mais coincé entre ses cuisses, elle ne l’autorisait pas à atteindre l’ultime limite de libération.

Une main sous chaque bras, il l’aida à se redresser, son visage à quelques centimètres du sien.

"Oh çà ma chère, c’est le grand air d’ici, à bichonner les quelques ares de vignes qu’il y a derrière le manoir. Je vous les ferais peut-être visiter demain si vous le voulez ! Sous la lueur diaphane du soleil (le manoir est constamment entouré d’une « bulle » de brume enchantée qui filtre la lumière du soleil, cela évite aux vampires de brûler le jour), le raisin est magnifique … Cà et quelques exercices ! … Mais dites-moi, vous vous entretenez bien aussi à ce que je vois !"

Elle sentait sa poitrine appuyée contre le torse d’Augustus. La soie de sa chemise à jabot exhalait un petit parfum musqué. Sans même qu’elle s’en rende compte, il avait lâché un de ses bras et de sa main libre venait de lui présenter un petit verre à liqueur déjà rempli. De la prune à l’odeur, ou peut-être qu’il y avait quelque chose d’autre en plus.

"Dites m’en des nouvelles de celui-là … vous devriez l’aimer je pense …"

Malgré la fraicheur du lieu et le contact du corps du vampire, elle se sentait envahie par une douce chaleur.

Dans le jardin.

A l’entrée du potager trônait un épouvantail. Les bruits on ne peut plus éloquents provenant de la cabane du jardinier firent fuir les quelques oiseaux qui stagnaient, perchés sur les arbres alentours. L’épouvantail sembla comme sortir d’un sommeil profond, il se désolidarisa du piquet qui le maintenait planté au sol et remit correctement sa capuche sur sa tête. Il empoigna l’antique faux posée non loin, seul objet ayant survécu à la disparition de son précédent propriétaire, le spectre qui gardait le jardin autrefois.

Il s’approcha de la cabane et observa l’intérieur par l’interstice entre 2 planches. Deux petits yeux rouges s’allumèrent au fond de sa tête de paille. Il glissa en silence sa main libre dans une petite sacoche à sa ceinture, plongeant ses doigts dans le sable qu’elle contenait.

Il se remémora l’ordre de son maître : Ssssurveiller …

Dans le salon.

Aidé par les breuvages préparés par Augustus, Vassili maintint la pièce dans cette atmosphère extatique de semi-ivresse. Leur esprit devenait bien plus pénétrable. Plutôt qu’une longue psychanalyse de chacun, il put ainsi s’abreuver de leurs souvenirs.

Il se changea en brume et passa par le trou de la serrure. Planant au plafond de la pièce, il resta ainsi, immobile à les observer.

Nourri de leur psyché, il s’attaqua ensuite à leur corps. Il était heureux pour Vassili que Vivéka et Augustus soient occupés ailleurs. Erick aussi mais sa loyauté indéfectible écartait tout risque. Comme tout suzerain, Vassili évitait de dévoiler trop de ses petits secrets à ses disciples. Ils étaient tous dans un tel état que tous les pores de leur peau étaient dilatés. Profitant de sa constitution vaporeuse, il s’insinua subtilement par la peau et pénétra sans douleur leurs organismes, se nourrissant ainsi de leur sang, tout comme Vivéka, afin de les affaiblir discrètement et de préparer le lien de sang qui allait suivre.

Pour que personne ne s’aperçoive de rien, il n’exerça aucune pression sur leurs pensées ni leurs désirs, les laissant assouvir leurs pulsions comme ils le voulaient.

Dehors

Le marchand de sable attendit qu’elle s’éloigne pour faire le tour de la cabane et entra à l’intérieur. Afin de s’assurer que le dormeur ne se réveille pas en route et déambule on ne sait où, il sortit une poignée de sable de sa sacoche, la porta à son visage de lin et souffla pour la disperser sur le brigand. Il plongea dans un sommeil paradoxal.

Le voilààààà endormi pour plussssssieurs heures ! Bon … où est-elle partie celle-là ?

Il sortit et suivit le sillage d’odeurs qu’elle laissait derrière elle. Lorsqu’il rejoignit la porte de derrière, il sut qu’elle était de retour dans la bâtisse. Sa mission s’arrêtait ici et il retourna vers le jardin.

Tapis dans l’ombre des couloirs secrets du personnel, Igor s’assura qu’elle trouve toutes portes menant au petit salon ouverte et toutes les autres portes fermées.

S’avançant au grès de ce labyrinthe orienté, elle trouva une pièce où stagnait des odeurs de sueur, de stupre et d’alcool mélangés, une fine couche de brume planait au plafond signe qu’il devait faire chaud là-dedans. Ses amis étaient en pleines acrobaties. Elle était au bon endroit pour se payer du bon temps.

Quartier des serviteurs.

Elle se retint de rire, se contentant de sourire.

"Allons ne t'inquiète pas ... je vais très bien pour le moment !

Tu crois pouvoir m'en remontrer ? Voilà qui est intéressant !"

Elle se contracta un instant, le laissant coincé là où il était, juste pour lui rappeler qui dirigeait la manœuvre, puis le relâcha doucement.

La cave.

Elle sentit deux mains vigoureuses glisser le long de son dos, caressant l'échine, l'une d'elle remonta vers la nuque tandis que l'autre descendait dans le creux des reins, s’arrêtant sur le fessier.

Sentant son emprise sur elle, il approcha son visage du sien et l'embrassa à pleine bouche.

Alors comme çà tu es la plus prudente et la plus méfiante du groupe ? Tu vas me faire une parfaite petite espionne toi !

"Vos lèvres ont un goût exquis très chère ..."

Petit salon.

Content de l'état dans lequel il avait mis ses invités, Vassili glissa hors de la pièce par la serrure, discrètement. Une fois dans le couloir, il se reconstitua.

Une présence derrière lui le fit se retourner. Igor venait d'arriver par une porte dérobée des couloirs des serviteurs.

"Avez-vous encore besoin de moi pour nos invités, Maître ?

Non mon bon Igor, Augustus et Vivéka sont chacun en train de se faire un séide, grand bien leur fasse, ils vont être occupés un moment, je réserve ceux là à Erick !

Et vous monseigneur ?

Nul besoin que je m'abaisse à leur donner de mon sang ... mais comme je tiens à ce que la majeur partie de cette troupe soit dirigée par celui en qui j'ai toute confiance, tu voudras bien me prévenir dès qu'Erick rentrera !

Bien sûr Maître ... comme il vous plaira !"

Jardins du manoir.

Revenant de son inspection à Harmadrya, Erick toujours en chauve-souris volait sous les frondaisons et arriva enfin en vue du manoir. Tout de suite, il sentir que quelque chose n'était pas habituel, il fit un rase motte au niveau des jardins et se retransforma sous sa forme humaine.

Il fit quelques pas prudents, sentant une présence au niveau de la cabane de jardin.

Venant du potager à sa rencontre, l'épouvantail l'accueillit d'un hochement de tête de paille.

"Qu'est ce qui se passe ici ? Il y a des mortels au manoir ?

Un groupe de brigands sssss'est introduit dans le domaine ... Le Maître veut les assssservir, j'en ai endormi un dans la cabane pour plussssssieurs heures ... les autres sont à l'intérieur !

... Hum ... oui du personnel ... c'est vrai que cela peut servir ! ... D'accord, le Maître et les autres ?

Tous à l'intérieur ausssssssi !

Bien, retourne à ton poste, Merci !

Comme il vous plaira Messssssire Erick !"

Erick rentra par la porte principale ...

Igor arrivait justement par le grand hall.

"Ah Messire Erick ! Bien content de vous voir revenir ! Vous ...

... Oui, le marchand de sable m'a prévenu ! C'est quoi cette bande de brigands ? Pourquoi sont-ils venus dans cette région isolée ?

Ils cherchaient un abri contre les menaces qui planent sur la région !

Ah çà, des menaces, la région n'en manque pas, c'est clair !

Le Maître vous cherche !

Je vais aller lui faire mon rapport oui !

Pas ... pas pour çà ! Il voudrait que vous asservissiez une bonne partie des membres de cette bande !

Ah ? ... Bien, où sont-ils ?

Dans le petit salon !

D'acc..."