En route vers Harmadrya

Les premières heures se passèrent calmement. La progression sur du sable était de toute façon plus lente que sur une terre dure.

Bientôt, Al Hinna n'était plus visible, cachée derrière les dunes.

Lorsque soudain, au détour d'une nouvelle crête de dunes, les éclaireurs revinrent au galop pour prévenir la tête de colonne. Remontant les chariots un par un pour faire part de leur découverte, les premiers chariots reprirent leur route sans attendre le reste, pour être les premiers à arriver sur les lieux.

Dans un creux de vallée créé par plusieurs dunes, gisait à moitié enseveli un gigantesque ver des sables. D'un diamètre de 4 à 5 mètres, il avait extirpé du sable pas moins d'une vingtaine de mètres de son long corps annelé. Il demeurait immobile, sa grande bouche ouverte. Les chariots s'alignèrent un par un sur la crête, observant avec un mélange de curiosité et de craintes l'animal visiblement mort. Ces monstres des sables sont parmi les plus dangereux prédateurs du désert et il est très rare d'en observer un et d'y survivre. Mais visiblement, celui-ci avait croisé la route de plus fort que lui.

Le chef de caravane remonta la file de véhicules immobiles jusqu'à atteindre le chariot d'Emma. Il s'approcha du siège.

"Dame Emma, vous voudriez bien venir ... examiner son corps ? Les éclaireurs l'ont étudié mais nous aurions besoin d'un avis ... d'expert ..."

"Çà serait une erreur de celui qui essayait de le dompter ? Après tout, apprendre comment planter les crochets est une chose, connaitre les points faibles d'une proie, c'est autre chose !

Par contre, l'un des éclaireurs a remarqué autre chose ! Venez-voir !"

Ils longèrent son flanc, disparaissant à la vue de la caravane derrière l'imposante créature. Il se mit à chuchoter comme s'il racontait quelque chose de secret.

"L'eau explique sa mort ... mais pour ce qu'il a vécu avant ..."

Il lui montra différents endroits du flanc. A plusieurs reprises, des étoiles de jets à 3 branches en acier étaient fermement plantées dans sa carapace. Certaines étaient brisées, sûrement à cause des frottements dans le sable, mais la plupart étaient intactes. Dans un repli entre deux plaques, il trouva un manche grossier en bois qui dépassait. Prenant appui du pied, il tira de toutes ses forces. Il en sortit une sorte d'épée courte, à lame dentelée. Le fil de l'acier semblait corrodé. On aurait pu croire que c'était d'avoir séjourné dans la chair du ver, mais Emma reconnut rapidement la décoloration. Seul un poison pouvait avoir dégradé l'acier de cette façon. Mais à en voir l'état de la chair de l'animal autour de la plaie, ce poison n'avait pas eu grand effet sur le ver. S'il avait s'agit d'une créature de taille humaine par contre, rien n'était moins sûr ...

Repensant aux trous bien placés là où avaient dû se planter les crochets ...

"L'apprenti dompteur semblait quand même savoir ce qu'il fallait faire ... au moins en partie ! Mais tous ces impacts, des armes de jet, même une épée ... Ils ont dû être nombreux ceux qui ont attaqué le ver ! Surtout pour employer des moyens si peu efficaces en plus !

Mais vous avez raison ... çà n'est sûrement pas pour la balade ! Et çà ne présage rien de bon ! Qui sait ce qui ce serait passé si le ver était resté en vie ?

D'après les éclaireurs qui ont inspecté la zone, le ver n'avait pas eu le temps de se déplacer à la surface, il était en train de sortir, le reste de son corps doit être juste en dessous à la verticale ! Mais alors les crochets ont été plantés à un autre moment ? Ou peu de temps avant qu'il ne meurt ?"

Il marqua une pause ...

"... Il y a des rumeurs ... enfin plus des légendes ... sur un peuple ancien, profondément enfouis sous la surface ... avec tout un tas de malheurs qui nous arriveraient s'ils faisaient surface ... vous connaissez les légendes !

Certains caravaniers disent qu'ils ont ressenti comme un tremblement de terre ! Ici en plein désert ! Il y a quelques jours ! ... Pourtant, cette région est stable normalement ! Tout çà ne me dit rien qui vaille !"

"Çà semble plausible ! Mais personne ne nous croira là-bas ! J'espère juste qu'ils vont rester bien sagement dans les profondeurs de la terre ... Parce que si toutes les histoires pour faire peur qu'on raconte sont vraies, personne ne va aimer les voir arriver à la surface !

Tout ce qu'on peut faire à notre niveau, c'est repartir et croiser les doigts pour qu'on ne trouve pas d'autres mauvaises surprises sur notre route !"

Il beugla le rappel. Tous ceux qui avaient quitté la colonne pour s'approcher de la bête retournèrent à leur poste. Les éclaireurs remontés en selle repartir à l'avant. Le convoi allait repartir.

"Merci pour votre analyse ! Souhaitons que la suite de cette journée soit meilleure, Inch'Allah !"

Le reste de la journée se passa sans autre mauvaise rencontre. Alors que le soleil commençait sa course descendante, les éclaireurs avait repéré et inspecté l'endroit prévu pour le bivouac du soir. Le campement s'installa dans l'ordre, les chariots mis en cercle et plusieurs feux de camp préparés. Alors que la pénombre s'installait, un petit groupe de cavaliers apparut à la lisière des lueurs des feux de camps. Ils avançaient au pas, et dans le calme. Ce qui étonna les sentinelles étaient de ne pas les avoir entendu avant de les voir. Les montures étaient caparaçonnées d'un grand voile, sûrement pour les protéger du soleil, et les cavaliers portaient de large coupes-vent, capuche sur la tête.

Plusieurs hommes d'armes se portèrent à la limite du camp, pour les accueillir. Les cavaliers s'arrêtèrent à quelques mètres et seul l'un deux continua de s'approcher. 2 mercenaires s'écartèrent et laissèrent passer le chef du convoi.

"Olà cavaliers ! Que me vaut votre visite si tard ?
Bonsoir maître caravanier ! (lui répondit le cavalier avancé d'une voix grave qui résonnait sous sa capuche) Nous avons vu les lueurs de votre camp !
Vous souhaitez l'hospitalité pour ce soir ?
Nous ne pouvons nous arrêter pour la nuit, mais nous souhaiterions vous demander quelque chose ...
Vous allez continuer votre route en pleine nuit ?? Mais c'est suicidaire !
... Nous aimerions juste nous ravitailler auprès de vos marchands avant de repartir ! Nous avons de quoi payer !
(Reprenant ses réflexes d'homme d'affaire, le chef de convoi mis de côté son étonnement) Que vous faudrait-il ? De l'eau ? Nous n'avons pas ...
Non ! (nouvel étonnement du chef de convoi) Nous cherchons plutôt des briquets d'amadou, de la poudre noire si vous en avez, des flèches pour nos arcs et des sacoches solides ! (l'un des autres cavaliers restés en retrait se redressa sur sa selle comme pour l'appeler, le porte-parole reprit alors) ...Ah ... et nos réserves de poisons sont épuisées, si vous aviez un alchimiste parmi vous ... Nous vous en serions reconnaissants !"

Le chef de la caravane était en mode "homme d'affaire", il faisait le tour des marchands, proposant de faire affaire, ceux qui se sentaient intéressés venaient discuter avec le grand emmitouflé. Un armurier proposa 2 carquois remplis et conclut rapidement son affaire. Les carquois passèrent entre les mains des différents cavaliers le temps que chacun rempote son propre stock. Une fois vides, les carquois furent rendus au vendeur.

Un autre marchand déclara qu'il possédait quelques sacs parmi son stock. Le porte-parole fit un signe et l'un de ses cavaliers descendit de cheval pour s'approcher du chariot du marchand. Lorsqu'ils étaient arrivés à cheval, cela ne s'était pas entendu. Mais maintenant qu'il marchait sur le sable, des cliquetis métalliques trahissaient la présence d'une armure sous leurs amples vêtements du désert. Écartant sa bâche, il sembla chercher dans une caisse ses articles de maroquinerie. Étalant sa marchandise devant l'homme silencieux, celui-ci se pencha pour examiner les sacs proposés et en sélectionna quelques uns du doigt. Le marchand tenta bien durant l'opération de deviner ce qu'il y avait sous la capuche mais son interlocuteur tournait à chaque fois subtilement la tête pour qu'il ne voit que de l'ombre. La somme proposé par le marchand ne fut, là non plus, pas discutée.

Lors des 2 transactions, les yeux indiscrets des marchands (et ceux plus suspicieux d'Emma et Yocheb) remarquèrent que les cavaliers payaient avec des pièces d'or de vieilles factures (frappées aux armoiries d'empires disparus depuis longtemps selon l'avis de Yocheb qui le chuchota à Emma) mais les marchands ainsi payés acquiesçaient après vérification de l’authenticité du métal.

Vint ensuite un autre marchand qui proposa 2 tonnelets de poudre noire. Tandis qu'il discutait avec le porte-parole, le chef arriva alors devant le petit groupe d'Emma et lui demanda, à voix basse :

"Bien le bonsoir Madame, auriez-vous d'accessible dans vos marchandises des poisons à leur vendre ?"

Celui qui s'était redressé de sa selle, comme pour réclamer qu'on n'oublie pas d'évoquer un achat de poisons était descendu de cheval lui aussi. A la réponse négative d'Emma, il eut un léger mouvement d'épaule qui pouvait trahir une pointe de déception. Il leva très légèrement le menton vers les autres marchands mais aucun autre n'avait de poison, à nouveau ce mouvement d'épaule déçu.

Maintenant qu'ils étaient trois à pieds à déambuler parmi les caravaniers, à faire leur petit marché en payant toujours avec du vieil or, quelques yeux aguerris (comme ceux de Yocheb et Aldir par exemple) remarquèrent certaines pièces de leurs équipements qui apparaissaient au détour d'un mouvement de leurs amples vêtements. Leurs armures devaient être un mélange de plaques et de mailles, et ce qui était visible n'était clairement pas uniforme entre eux. Celui qui s'intéressait aux poisons portait un chakram à la ceinture ; celui qui s'était occupé de choisir les sacs avait un gladius sanglé sur le côté et le porte-parole avait une clef qui pendait à une lourde chaîne autour du cou.

En entendant sa réponse, le porte-parole avait tourné distraitement la tête vers le chariot d'Emma. Plus lourdement rempli que ceux des autres marchands ; peut être pas pour de la vente, plus probablement un déménagement ; le fait que ses caisses ne soient pas étiquetées allait dans ce sens, un déménagement oui.

"Peut être un autre jour, si d'aventure vous revenez dans le désert ! Nous sommes encore ici pour un moment ... D'ailleurs cela me fait penser ...

Est-ce que l'un d'entre vous s'y connait en métaux rares ..."

L'un des marchands leva la tête, vu sa tenue, certainement un joaillier ...

"Métaux précieux ?

Hum ... Plutôt métal alchimique que métal précieux ! (Le joaillier déclina l'expertise. Le porte-parole regarda Emma) ... Et vous Madame, est-ce que vos connaissance alchimiques sont concentrées sur les poisons ou vous y connaissez-vous aussi en métallurgie ?"

"Nous ... (il baissa d'un ton) ... ressentons sa "magie" ... (NDLR : comment çà vous ressentez la magie ?) ... plus qu'un caillou ensorcelé, je pencherais plutôt pour un minerai naturellement magique ! C'est pour çà, la précaution de la boîte !

Sa texture est semblable à du charbon, mais en plus dur ; d'un vert très sombre, presque noir ; mais ses arêtes et quelques veines sont d'un vert plus clair, presque fluorescent"

Il y eu un hochement de tête vertical de la part de son interlocuteur.

"Merci de votre aide !" Il se porta la main au cœur en signe de remerciement.

Juste un instant fugace, Emma aurait presque cru voir une lueur sous la capuche, à moins qu'il s'agisse d'un effet de lumière du feu de camp.

L'un des deux autres cavaliers s'était approché de son porte parole pour écouter la conversation lorsqu'il resta en arrêt non loin de Yocheb, assis devant le feu de camp. Au bout d'un moment, son immobilité éveilla l'agacement du jeune homme.

"Quoi ?
Ibagorane ? (Le même genre de voix grave que le porte parole)
... Oui, pourquoi ? Vous avez quelque chose contre eux ?
Du tout !"

L'encapuchonné partit alors dans une mélopée, mi-chantée, mi-parlée, dans une langue inconnue, peut être un vers d'un poème. Yocheb fit de grands yeux étonnés et termina le poème dans la même langue bizarre. Ils s'échangèrent un salut tribal et les deux encapuchonnés repartirent vers leur monture.

Aldir se pencha à l'oreille de Yocheb.

"Tu nous expliques ?
Les Ibagoranes sont l'une des tribus du coin ! Et mes parents étaient issus de cette tribu !
Et le charabia ?
C'est un poème ibagorane pour souhaiter bonne route aux voyageurs !"

"Il dit qu'ils l'ont déterré ? De où ? Ici dans le désert ? Ils ont dû trouver un site sacrément particuliers ! C'est donc pour y retourner, les explosifs et les sacs ?"

"Çà ne coûte rien d'essayer ..."

Alors qu'ils terminaient de charger leurs achats sur leurs montures, Aldir s'approcha des cavaliers. Il commença à discuter de tout et de rien avec eux, histoire de noyer les questions importantes. Tout en conversant, il les observait fixer solidement leurs paquetages.

Quelque chose clochait. Par certains aspects, il y avait de quoi tenir de longues périodes, comme des nomades (pelles, pioches, cordes et tous le matos non réutilisable); mais pas de couchage (couverture, sac de couchage, tente) ni vivre pour tenir plusieurs jours de voyage de nomade (outre d'eau ou autre liquide, rations de voyage). Comment pouvaient-ils crapahuter pendant plusieurs jours dans le désert sans avoir de quoi dormir ni se nourrir ?

Il réalisa aussi qu'aucun des animaux du convoi ne s'approchait de leur groupe. Restées à l'écart dès le début, leurs montures étaient étonnamment calmes et aucun des chevaux ni autres chiens du convoi ne venait "faire connaissance" avec leurs chevaux caparaçonnés de leurs coupes-vent sombres.

*Bon sang ! Comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte avant ?*

Lorsqu'ils eurent fini de se préparer, le porte-parole remercia poliment mais sobrement le chef de convoi, les quelques marchands venus leur dire au revoir et Aldir et les cavaliers repartirent d'où ils venaient avant de disparaitre dans la nuit du désert.

Aldir revint vers le feu d'Emma et reprit sa place.

"Il n'a pas voulu me dire ce qu'ils fouillent ni où, mais au moins çà ne l'a pas mis en colère mes questions ...

Par contre, j'ai une autre énigme : ces cavaliers n'ont visiblement pas besoin de dormir, de boire ou de se manger !

Ah si ... il a quand même répondu à une question ! Il m'a dit qu'il bossait pour un certain ... Dratché ... non ... Draquentché ... tchève ? Un truc comme çà ... çà ne me dit rien ... Çà n'est pas un gars qui emploie du personnel à Al-Hinna en tout cas !"

"Alliés des Huldras ... tant mieux alors ...

Euh ... un vampire ? (releva Yocheb) ... mais alors s'ils n'ont pas besoin de dormir ou de manger, et qu'ils bossent pour un vampire ... c'est des morts-vivants ?

Çà serait logique ! Ils ont gardé leur intelligence et savent toujours communiquer, on exclut donc les inférieurs façon zombie ou goule ... mais ils sont tangibles, donc pas de spectre non plus ... ce serait des revenants ? Un allié des Huldras envoie des revenants prospecter dans le désert ?

Et ... et les Huldras ? Ils sont comment eux ?

Tu bosses pour Venec non ? Quelques uns des anciens de sa bande ont vécu dans la cité des Huldras durant un temps, ils ne t'en ont pas parlé ?

C'est surtout Hector qui me file des trucs à faire ! Et lui n'a jamais quitté Al-Hinna ... alors je n'en connais que les légendes et les racontars !"

Le repas se termina et les divers feux de camps devinrent vite plus calmes. Ne restèrent éveillés que les personnes désignées pour les premiers tours de garde, tous les autres allèrent dormir.

Selon leur itinéraire, le chariot d'Emma allait quitter le convoi dans la matinée du lendemain en direction d'Harmadrya. A partir de là, s'en serait fini de la relative protection du convoi, l'alchimiste et son escorte seraient seuls pour la suite de leur voyage.

Dehors, c'était au tour de Vicky de monter la garde. Assise en tailleur devant leur feu de camp, elle entretenait son matériel pour passer le temps.

Ayant appris que le chariot d'Emma allait quitter la caravane au lendemain, l'un des hommes du chariot d'à côté s'était dit qu'il n'aurait plus l'occasion de tenter sa chance avec la cavalière engagée par l'alchimiste. Il s'approcha tranquillement du feu de camp gardé par Vicky.

D'où elle était, Emma entendait faiblement la conversation, enfin suffisamment pour juger le baratin embrouillé, maladroit, très orienté, mais plutôt simplet. Vicky comprenait très bien les intentions du bonhomme mais pour le moment, elle l'éconduisait poliment.

Alors que l'homme tentait de lui prendre la main, le brusque bruit d'un déplacement d'air sortit Vicky de la distraction. Elle eut juste le temps d'amorcer un plongeon sur le côté qu'un objet frôla sa tête. Le gourgandin n'eut pas cette chance. Le temps qu'il comprenne ce qu'il se passait un shuriken à trois côtés était planté dans sa gorge. A l'autre bout du campement, un homme beugla un cri d'alarme.

C'est alors qu'un pan de la toile du chariot s'écarta, le visage d'Emma se retrouva à quelques centimètres d'une tête de muridé tandis qu'une main griffue se détendait vers elle. Le geste de l'homme-rat fut stoppé net. Othello venait de l'attraper par la nuque et le projeta en arrière.

Partout dans le campement, c'était la même confusion.

Le temps de saisir arc et flèche, Aldir réveillé en sursaut, décocha un tir droit vers un assaillant. Mais d'un réflexe inhumain, sa tête s'écarta de la trajectoire du trait, la flèche n'emporta que sa capuche. Encore un autre homme-rat.

Ailleurs, une flèche enflammée s'éleva droit dans le ciel et alors qu'elle atteignait son apogée, les flammes percèrent la pointe creuse. La flèche explosa à la manière d'un feu d'artifice, créant un peu de lumière. Des cris vinrent des dunes mais les skavens semblaient aussi surpris que les humains ...

Aldir avait beau n'être qu'à moitié elfe, il avait l'ouïe assez fine pour l'entendre. Vicky et Othello étaient trop loin mais il put transmettre l'idée d'Emma à Yocheb. Finalement, dans cette confusion, la troupe d'Emma avait réussie à rester proche d'elle.

L'éclaireur passa son arc en bandoulière et dégaina une épée courte tandis que Yocheb glissait son poignard dans sa main gauche pour ramasser un sabre incurvé skaven qui trainait par terre à ses pieds. Ils allaient essayer d'en isoler un dans un coin d'où Emma pourrait tirer dessus.

C'est alors que des cris lointains vinrent des dunes. Se découpant dans la semi-lumière des étincelles créés par la flèche pyrotechnique, une silhouette apparut au sommet de la dune la plus proche. une petite forme humanoïde était juchée sur un scorpion géant. Quelques flèches partirent de derrière la créature et s'abattirent sur les skavens restés hors de la mêlée.

A leur tour les skavens se mirent à pousser des cris d'alerte. Les nouveaux venus n'étaient pas dans leur camp. Presque aussi rapidement qu'ils avaient lancé l'attaque, les homme-rats déclenchèrent une fuite qui pouvait sembler désorganisée mais s’avéraient bougrement efficace. Son escorte occupée à chasser du skaven, Emma fut la première à sentir que quelque chose bougeait entre les colis de son chariot. Le temps de se retourner, elle vit un bref mouvement passer dans son dos et sentit un souffle chaud derrière sa nuque.

"Permet Skrykurr t'emprunte cela ? (à la limite du champ de vision d'Emma, une main griffue lui montra l'un des petits paquets qu'elle avait soigneusement préparés) Merci Dame-Poison-Mignon-mignon !"

Le skaven plongea sous le chariot d'où il disparut sans laisser de trace. Comme la plupart de ses congénères d'ailleurs.

Le calme survint presque aussi subitement que le chaos était apparut. Seuls restaient les silhouettes énigmatiques à la lisière de la dune. Quelqu'un passa une torche au cavalier sur scorpion géant et celui-ci commença à descendre à la rencontre de la caravane. A la lueur de sa torche, son identité était plus évidente : un gobelin rouge, et il tenait son scorpion géant grand comme un buffle avec des rênes, comme on conduirait un cheval. Il prononça à haute et intelligible voix quelque mots, mais en gobelin. Le chef de caravane comprit ce qu'il disait et rassura les gardes des différents chariots, leur demandant de ne pas pointer leurs armes trop directement vers les gobelins. Il s'avança à sa rencontre. Dès qu'ils furent à portée de voix, ils s'arrêtèrent et un dialogue commença en langue gobeline ...

"Comment ils ... ?!? (le chef de caravane afficha sa surprise) ... Hector et moi avons veillé à ce que personne ne sache que vous alliez intégrer la caravane ! C'est impossible qu'une poursuite ait pu ..."

Ne comprenant pas ce qui se disait devant lui, le chef des gobelins rouges les interrompit pour demander qu'on lui traduise. Le caravanier se calma un peu et fit l'intermédiaire entre Emma et le gobelin.

"Alors ... ces ... coureurs nocturnes ... sont en maraude sur le territoire de Scarabée de Feu depuis plusieurs jours ! Lui et ses hommes les traquent mais à chaque fois ils s'échappent et ils perdent leur trace ... Il dit qu'ils ont du prendre notre campement pour une proie tentante ... Ah oui et que l'arrivée des gobelins tient autant du hasard que de la chance !

... Oui .... non .... oui .... Je lui explique qu'ils vous ont volé quelque chose ... je ne lui ai pas dit que ce vous transportez mais il demande si vos marchandises peuvent avoir une odeur ? ... Il dit que cette vermine a un odorat plus développé que celui d'un chien ! Que peut-être vos marchandises ont éveillé leur intérêt ...

(Le cavalier gobelin partit alors dans une longue tirade. Le caravanier se mit à réfléchir et se tourna autant vers Emma que vers les autres marchands) ... Il demande si l'un d'entre nous a prévu d'aller vers l'ouest, il a un message à faire porter ... par voie ... non officielle il a dit ..."

Les marchands commencèrent à décliner l'un après l'autre. Le chef de caravane se pencha vers Emma et lui murmura discrètement :

"Nous, çà n'est pas vraiment notre direction ... Vous non plus d'ailleurs mais c'est quand même plus de votre côté ... je lui dis que quelqu'un pourrait faire faire une partie du chemin à son message, sans lui dire qui bien sûr ... ou je lui dis qu'on n'a personne qui puisse l'aider ?"

"Ils ont toujours été de bons partenaires commerciaux ! D'accord je vais lui dire que c'est ok ..."

Le chef gobelin ne comprenait pas tous les mots que Emma prononçait mais l'un d'eux tilta dans ses oreilles et dans sa tête ... *Huldras* ... Il eut une petite moue gênée qui le quitta assez vite, espérant que çà ne s'était pas trop remarqué.

Le caravanier lui traduisit ce qu'il avait manqué.

Pendant ce temps, Yocheb et Aldir se regardaient.

"Je ne pense pas qu'ils utiliseraient sur un chariot isolé la bombe qu'ils vous ont volée ! Ils ne gaspilleraient pas aussi vite une telle prise !
Genre un super odorat ? Alors ils auraient senti la poudre noire ? Et l'odeur des poisons aussi ? Pas cool ces bestioles !
Ceci dit, une fois seuls, on sera une cible encore plus intéressante à attaquer ! Il va en effet falloir accélérer le rythme ! Peut-être un peu pousser les montures, au moins au début !
Ok, dès qu'on sera sur de la vraie terre ferme, je vais les faire accélérer un peu !
Nous traquer nous spécialement ! Pas sûr ... Si on était leur cible privilégiée, ils n'auraient pas perdu de temps sur les autres chariots tout à l'heure ! Mais ne tentons pas le diable !"

Le gobelin et le caravanier échangèrent à nouveau. Ce dernier traduisit à nouveau pour Emma.

"Il a une autre demande, il demande en plus si vous pouviez faire un détour durant votre voyage et passer par la cité des Huldras, je ne lui ai pas dit où vous alliez réellement ! Pour porter là-bas un second message ! Pour le premier message, il ne souhaite plus que vous alliez jusqu'à son destinataire, juste l'acheminer à un certain endroit !"

Le chef de caravane traduisit au gobelin rouge qui désigna un coin de sable à quelques mètres de là.

"Il veut bien vous répondre, mais il préfère que çà reste entre vous deux, je vais vous laisser, il maitrise mal notre langue mais s'y connait un peu quand même !"

Le scorpion géant se déplaça vers l'emplacement désigné, assez loin des autres gobelins rouges et des marchands pour pouvoir parler tranquillement à voix basse. Il attendit qu'Emma soit assez près de lui.

"Possibilité déposer message à Bois-Cornu ? Auberge "Chez Taklin", donner Truiron !

Je faire rédiger deuxième ! Pas lien direct mais ennemi d'un ennemi ... Reine sait peut être mais information à partager !"