En route vers Harmadrya

"S'unifier ? C'est pas trop leur style ... ou alors c'est que la situation est vraiment inhabituelle ! Mais il a voulu en même temps envoyer un message aux gobelins d'ici et aux Huldras ? Sans prendre le temps de préparer des messagers séparés ? C'est que çà devait être sacrément urgent alors !

Urgent et important ! Sinon, il aurait envoyé 2 des siens ! Or il a tenu à discuter avec Emma d'abord et lui a filé les 2 d'un coup !

Que dis le message que vous devez porter à la Reine de la cité ? Il est scellé ou on peut le lire ?"

"Ceci dit ... on dépend pas d'vot' juridiction nous ... alors si on y jette un coup d’œil sans vous l'dire ... cà n'vous mets pas dans une mauvaise position par rapport à vot' reine ... si ce n'est pas grave, on vous dit rien, comme çà, vous savez rien ... et si c'est du costaud, on vous l'dis ?

Mais savoir ce que le chef des gobelins rouges veut dire à la Reine des Huldras ne te permettra pas forcément de savoir ce que contient le message destiné aux gobelins d'ici !

Ah ben j'ai pas dit que j'avais que des bonnes idées non plus !"

Ils se regardèrent les uns les autres mais au bout de quelques secondes, Aldir réalisa que les 3 autres le regardaient.

"Bon ..."

L'éclaireur prit délicatement la lettre des mains d'Emma et commença à l'ouvrir. Il commença à lire silencieusement mais au fur et à mesure de sa lecture, ses yeux s'écarquillaient de plus en plus ...

"Ah oui ... le scribe du chef a beau savoir écrire le commun ... c'est quand même ... écrit par un gobelin ... alors ...

... Par le saphir stellaire de Corellon !!! ... ... ... Euh ... co ... co ... comment dire ... déjà, vous n'avez trahi personne si çà peut vous rassurer !

T'en a trop dit ou pas assez !

T'avais dit qu'on ne pouvait pas deviner le contenu de l'autre message en lisant celui-ci ?

C'est ... c'est ce que je pensais oui, mais en fait ... il dit dans celui-ci ce qu'il a mit dans l'autre !"

Aldir reprit le message du début. Pour les premiers mots, il se contenta de lire, mais au fur et à mesure de sa lecture, il ne put s'empêcher de prendre malgré lui un léger accent aigu et nasillard de gobelin :

"Ô Reine de Forêt Enchantée, Guide des troubadours et Huldrasienne,
Moi, El-Bekri, chef des tribus du désert parler urgence, nous ennemis de longue date,
Roi Uglagob l'unique, des clans de l'ouest, être ennemi lui aussi, mais moi prévenir circonstances importantes,
Guerre ancestrale des royaumes du dessous changer visage, Uglagob ne maintient plus les Skavens dans profondeurs,
Ils ne désirent plus plein contrôle des terres du dessous, exode drow vers surface ne sert plus à rien,
Skavens font surface à plusieurs endroits, Je penser ils laissent le dessous aux gobelins,
Mais fausse victoire car Skavens désormais très nombreux, ils désirent la surface pour eux,
Je pressens veulent toute la surface, Thran vaste armée pourrait ne pas pouvoir les empêcher,
Pour l'honneur des tribus, je devais prévenir vous et Uglagob,
Avant la fin de prochaine lune, je préviendrais aussi les autres seigneurs gobz,
Séphiroptis des déserts septentrionaux et Xon le tunnelier,
Préparez-vous !

Ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi il parle de Uglagob l'unique ? Le roi actuel ne s'appelle-t-il pas Uglagob III ?"

(NDLR : Ce que El-Bekri ne sait pas, c'est que les messages envoyés à Séphiroptis et Xon ne leur parviendront jamais. L'un sous Nécros Polis, l'autre sous les terres des géants, ont tous les deux, ainsi que leurs peuples, succombés aux vents de peste de Morgane)

"Des vieilles histoires qu'on m'en a raconté, leur nature est tellement chaotique qu'ils se trahissent régulièrement entre eux, alors s'entendre avec une autre race ... çà serait sûrement éphémère !

C'est pas forcément une consolation çà ! Çà va bientôt être un sacré bordel sans nom ! Bon ben vivement demain qu'on arrive à destination, qu'on refile notre mauvaise nouvelle et qu'on ... qu'on fasse quoi ?

Notre mission sera accomplie une fois arrivés, pas avant ! Ensuite, j'essaierais de trouver un médecin pour pouvoir repartir ! Et après ... je rentrerais à Al-Hinna ! (répondit Othello)

Euh moi ... Je bosse pour Hector ... alors je ferais comme toi, je rentrerais aussi à Al-Hinna !

Pas moi ! Une fois mon engagement terminé, je ne dois rien à Hector, alors je pense que je resterais dans cette cité ! Je ne suis pas un homme du désert comme vous ! Pour les évènements qui vont bientôt arriver, je serais plus utile dans cette région !"

Vicky sentit que les regards des 3 hommes se posaient sur elle. Jusqu'ici, personne n'avait encore réfléchi à ce qu'ils feraient après. Mais avec de telles nouvelles sur le futur, on faisait forcément le point sur sa situation.

Après quelques instants d'introspection ...

"Moi ? Si je retourne à Al-Hinna, tôt ou tard, un salopard ou un autre va tenter de me mettre la main dessus ! Là où on va, je ne connais pas ... mais si j'ai bien compris, ils n'ont ni marchés aux esclaves, ni esclavagistes, alors je serais plutôt tentée de suivre le choix d'Aldir !"

Aucun des 4 ne semblait plus rassuré qu'Emma ceci dit. Deux désiraient rentrer à Al Hinna, les deux autres envisageaient de rester à Harmadrya. Puisqu'il semblait que cette nuit serait peut être la dernière où ils seraient encore tous les 5 ensembles, la veillée autour du feu se fit, malgré les mauvaises nouvelles, assez détendue et elle s'attarda légèrement dans la nuit. Les tours de garde n'en seraient que plus courts.

Au milieu de la nuit, une forme se glissa dans les ombres et se laissa couler le long d'un arbre en silence. L'ermite s'assit au sol, dos contre l'arbre. Profitant du silence pour faire le point.

*Bon ... j'ai réussi à les trouver ... C'était donc là qu'ils étaient ... Bien ... ils sont presque arrivés ...*

Il plongea doucement dans une méditation assez peu profonde, tous ses sens déployés dans la nature ...

Des présences furtives se glissèrent dans les ombres en silence. Malheureusement, aucune n'arriva jusqu'au cercle de lumière des feux du campement. Aussi rapidement que le claquement des mâchoires d'une plante carnivore, du lierre rampant entrava leurs jambes, des lianes tombant des frondaisons s'enroulèrent sur leurs corps et chaque trajectoire s'empêtra inexorablement dans un réseau inextricable de fils de soie collants.

Totalement immobilisés et incapables d'émettre le moindre son, ils sentirent avant de le voir que quelqu'un s'approchait en silence. Sorti de sa méditation comme une araignée réveillée par une mouche prise dans sa toile, l'ermite vint à eux. Quelques lucioles l'escortaient afin d'éclairer pour lui le visage des assaillants.

"Le teint vert, mais plus petits que le gob moyen, un pif proéminent qui occupe la moitié de votre visage ! Ne vous présentez pas, inutile, vous êtes des gnoblars c'est çà ? Donc vous agissez pour le compte des ogres ! Et qui dit ogres, dit géants ! J'aimerais juste savoir si vous les attaquez sans raison précise, juste parce qu'ils sont sur votre trajectoire ? Ou si vous savez que l'une d'entre eux est une Huldras et que c'est pour çà que vous lui voulez du mal ?"

Il ne fit desserrer aucun lien devant les bouches des gnoblars. A la place, des colonies de fourmis se répandirent le long du lierre et des liane jusqu'à s'infiltrer sous la moindre couche de vêtement des peaux vertes. Littéralement fouillés, les fourmis commencèrent à amener aux pieds de l'ermite des poignards tordus et brillants d'une viscosité malsaine (du poison ?), des pièces de monnaie disparates montrant des marques de morsures (on n'a pas confiance en son employeur ?), des osselets (superstitieux ?), des dents (ce sont des dents humaines ! A qui les ont-il pris ?), et enfin, alors qu'un groupe de fourmis acheminait un collier fixé à un cristal de quartz, les yeux des assaillants s'agitèrent.

"Ah ? Çà vous gêne qu'on ai trouvé çà ?"

Il le ramassa et porta le cristal à son regard. Une faible lueur apparut au centre du quartz. Il tourna alors le bâtonnet vers le campement et le quartz se fit un peu plus lumineux.

"Je suis avant tout un élément de cette forêt, mais il y a un peu d'Huldras en moi ! Par contre, dans ce campement, il y a une ancienne Huldras qui revient parmi les siens ! Donc vous aviez bien un détecteur vous permettant de cibler vos proies ! Bien, donc votre mission s'achève ici !"

Les fourmis refluèrent dans la végétation, laissant la place à une nuée de petites araignées qui entreprirent de tisser des cocons hermétiques de soie autour des pauvres assassins gnoblars ...

Un petit papillon de nuit s'approcha et voleta à l'oreille de l'ermite, le chatouillant du duvet de ses ailes.

*Ah flûte !*

Délaissant les araignées qui terminaient tranquillement de sceller les sarcophages de soie, l'ermite s'approcha légèrement du campement.

"Pardon, je suis désolé de vous avoir réveillée, mademoiselle ! Mes amis et moi avons pourtant essayé d'opérer le plus silencieusement possible, pour ne pas vous déranger ! Tranquillisez-vous !"

Puis, comme si tout ceci n'avait été qu'un rêve, la présence qui s'était approchée s'estompa ... il n'y eu plus de bruit suspect, plus de mouvements dans la nuit, rien que le calme et les activités normales des animaux nocturnes ...

Au petit matin, Othello, qui faisait son quart et préparait tranquillement le petit déjeuner, remarqua un détail qu'il n'avait pas repéré la veille. Allant voir, il découvrit dans un fourré non loin du campement plusieurs cocons de soies finement serrées à moitié ensevelis sous l'humus. Il n'y avait aucun indice sur ce qui pouvait se trouver dans les cocons.

"C'est venu là comment ? C'était pas là hier ! Cette forêt est de plus en plus bizarre ! Bon, je vais aller réveiller les autres ! Plus vite on sera repartis, plus vite on arrivera à cette cité !"

A l'attitude d'Emma, les autres surent que quelque chose n'allait pas. Et Othello se chargea d'enfoncer le clou en leur parlant des cocons qui avaient "poussé" dans la nuit, là-bas dans les fourrés.

Vicky et Yocheb aidèrent à remballer en bon ordre pour repartir au plus tôt. Aldir se permit d'aller voir tout de même de quoi il en retournait. En effet, des cocons, tissés serrés, et bien épais, à moitié ensevelis sous l'humus. Se penchant sur l'un d'eux, il commença à attaquer la soie avec son épée courte. Ayant pratiqué une incision large comme le plat de la main, il écarta les bord pour regarder prudemment dedans ... et tomba nez à nez avec une tête de gnoblar toute desséchée.

*Un gnoblar ? momifié, vidé de son humidité ? Vu la taille des autres, ils doivent avoir le même contenu ! Mais ils étaient là avant et sont sortis de terre dans la nuit ? Ou alors tout çà n'est arrivé que hier soir ? Cette forêt n'est pas comme les autres ... Je ne la sens pas ... de la même façon ... Elle semble ... presque trop ... vivante !*

Il rejoignit les autres et ils purent partir assez tôt ... direction la côte et le pont de l'estuaire ...

Il était effectivement resté très mutique depuis le petit matin. Il brisa enfin ce silence :

"Tout ceci m'intrigue en effet ! Mais je n'ai aucune certitude ! Le tissage des cocons était bien hermétique, et épais d'un bon pouce ! Il faut une sacrée quantité de fils de soie pour emballer comme çà une proie ! Ma première idée : des araignées géantes auraient pu le faire, mais je n'ai vu aucune toile déployée autour de nous, ni dans les branches hautes au dessus de nous ! Et surtout aucune trace de passage de créatures aussi grosses ni au sol, ni dans les arbres ! Comme si les araignées étaient venues jusqu'ici "sur la pointe des pieds" pour chasser leurs victimes, mais étaient reparties sans les prendre !

Et rien autour de notre campement, ni traces de pattes, ni traces de pas autres que les nôtres ! Donc leurs victimes ne se sont pas non plus approchées assez près du campement !"

Devançant la prochaine question :

"Des gnoblars ! Je n'ai pas regardé tous les cocons, mais je pense qu'ils avaient tous le même contenu ! Ce sont des goblinoïdes, un peu plus petit que le gobelin normal, bras un peu plus longs, petite tête, grandes oreilles, et très gros nez ... Mais le plus important concernant ces bestioles, ils font partie intégrante de l'écosystème des ogres ! Çà n'est pas vraiment une symbiose, mais ils coexistent là où vivent les ogres, comme de serviles subalternes qui les aident dans toutes les tâches et vivent de leurs restes !

Donc, soit il y a dans le coin une tribu d'ogres, ce à quoi je ne crois pas trop ! Soit, tout comme les araignées qui les ont tués, ils sont partis d'ailleurs pour arriver jusqu'ici !

C'est cette forêt ! La clé de l'énigme vient d'elle ! J'ai l'habitude d'arpenter les forêts, toute forêt est vivante, à un certain degré ... et avec de l'entrainement, un elfe peut percevoir "cette vie" ... mais cette forêt ... Je n'en ai jamais croisé de semblable ! Lugubre est un bon descriptif oui ! La réflexion que je me suis faite tout à l'heure, c'était qu'elle était "trop" vivante ! Depuis qu'on s'approche de la côte et qu'on est rentré dans cette portion boisée, je me sens épié, observé ! Mais ce ne sont pas forcément des ennemis qui nous espionnent, j'ai plus l'impression que la faune et la flore nous surveille depuis que nous sommes entrés dans cette forêt !

Je me demande quelle sera l'ambiance une fois qu'on aura traversé le pont de pierres qui enjambe l'estuaire !"

Ce faisant, il n'avait pas tourné le regard vers Emma, tout le temps qu'il lui parlait, il continuait à regarder tout autour d'eux les arbres et les feuillages ...

L'attelage progressa en direction de la côte dans un silence assez lugubre. Aucun des 5 voyageurs ne parlait, tous trop attentifs à l'environnement pour avoir envie de se déconcentrer à se faire la conversation.

Lorsque les derniers obstacles furent derrière eux, ils aperçurent le pont de pierre qui enjambait l'estuaire. En son centre, une tour de guet se dressait.


Ils furent étonnés d’apercevoir au sommet de la tour deux silhouettes, mais surtout, 2 fanions accrochés qui s'agitaient au vent. L'un des deux, tous le reconnurent, était aux armoiries de Castellac. Quant à l'autre, Emma était la seule qui le connaissait, celui d'Harmadrya, les autres ne l'avaient jamais contemplé. Du haut de leur observatoire, ceux de la tour avaient dû repérer le chariot car une troisième silhouette apparut à la base de la tour, il s'avança sur le pont mais attendit tranquillement que le chariot arrive jusqu'à lui ...

S'avançant sur le pont assez large pour faire traverser une compagnie de cavaliers, ils purent voir que l'homme qui les attendait portait une armure légère, une hallebarde qui brillait au soleil du matin, et un tabard à la livrée d'Harmardrya.

"Olà Visiteurs ! D'où venez-vous ? Et quelles sont vos intentions ?"

Instantanément, les 3 natifs d'Al-Hinna, ainsi qu'Aldir et Emma, reconnurent l'accent de ceux de la ville du désert.

A l'évocation d'Al-Hinna, Emma remarqua une brève grimace sur le visage de son interlocuteur mais qui se dissipa vite.

"Je ne suis pas natif de la cité, désolé si je ne vous reconnais pas ! Je ne suis en ville que depuis quelques semaines, mais, à ce que j'en ai vu, la plupart des maisons sont toujours là ! Peut être vous faudra-t-il la nettoyer des toiles d'araignées que vous y trouverez ... à moins qu'une famille de réfugiés ne s'y soient installés, croyant la bâtisse libre ...

Et euh ... ne vous inquiétez pas ... les services d'ordre surnaturels sont partis ! (genre comme si la cité avait l'habitude d'avoir en faction les gardes squelettes de Dagda et les démons d'André. L'ex-esclave ne pouvait pas savoir quel "aspect d'avant" de la cité, Emma connaissait) Les vivants ont pris les commandes des murailles !

... Euh ... la garde est peut-être actuellement en faibles effectifs, mais nous avons reçu l'assistance temporaire d'un petit contingent de soldats de Castellac ! Et grâce à l'instructeur et au connétable, nous aurons bientôt des renforts !"

Le mec se voulait rassurant, essayant de faire l'article pour une chouette ville en train de renaitre.  Mais bon, hormis le temps de formation, il fallait encore que de nouveaux volontaires se présentent à Léviander. Et maintenant qu'il avait laissé André affecter son escouade d'anciens esclaves d'Al-Hinna à des postes définitifs, il n'avait plus en formation que 2-3 "élèves spéciales" et quelques gamins de ferme qui eux mettraient du temps à devenir de vrais bons soldats.

Entendant qu'il s'agissait d'une ancienne d'Harmadrya, les 2 au sommet de la tour s'étaient semble-t-il détendus, reprenant l'observation du paysage alentours et délaissant un instant la surveillance du chariot.

"Bien entendu, vous pouvez ! Au delà du pont, vous devriez avoir route calme jusqu'à la cité !"

Il allait s'écarter pour laisser la place au passage du chariot lorsqu'il se rappela d'une chose :

"Ah .. et euh ... je vous ai dit que les surnaturels de garde étaient partis de la cité ... mais si dans la forêt vous apercevez de nombreuses araignées, ne vous inquiétez pas, d'une certaine façon, elles protègent la cité ... et parmi les populations accueillies en ville, il y a 1 géant, 1 homme-lion et quelques dryades !"

Il avait compris que les orcs, les nains et les elfes faisaient partis des espèces historiques de la cité, et avait supposé qu'il en était de même pour les gobelins. Étant natif d'Al-Hinna, voir gobelins et humains dans la même cité ne l'avait pas étonné. Il ne savait pas qu'ici, les gobelins étaient plutôt des ennemis habituels pour les gens de la cité, et qu'en soit, la présence d'Indrius et de Choupinou aurait dû paraitre inhabituelle. Quant à Koben, hormis "la familia", il était plutôt discret en ville et le garde n'avait même pas remarqué qu'il y avait aussi un kobold à demeure.

Il retourna vers le porche de la tour, laissant le chariot rejoindre Emma pour reprendre leur traversée du pont.

"Lorsque le Cap'tain' (c'est ainsi qu'il appelait l'instructeur Léviander) nous a affranchi moi et les autres, c'est un peu çà qu'on s'est dit nous aussi ! Alors c'est vrai qu'on va de surprise en surprise depuis qu'on est ici ! Cette cité ne ressemble pas du tout aux autres ! Mais on va faire au mieux avec nos moyens !

Bon retour chez vous dans ce cas !"

"Ah ... euh ... oui ... C'est l'instructeur Léviander que j'appelle le Cap'tain' ! Ceux des gardes qui ont la livrée d'Harmadrya risquent eux aussi de l'appeler ainsi ! Et le connétable dont j'ai parlé, c'est le sorcier drow, c'est lui qui dirige les défenses ! Quant au géant, j'ai cru comprendre qu'il s'agit d'un dissident, accueilli en effet en ambassade par la Reine !" (NDLR : une sorte de "Alexeï Navalny" des temps fantastiques quoi)

De l'équipage, le vaurien, le mercenaire et le voyageur ne remarquèrent rien de plus, mais l'ex-serveuse menacée par les marchands d'esclaves repéra sans mal une marque à moitié dissimulée sous la cote du garde. Voilà pourquoi il parlait d'affranchi. Une partie des gardes de cette cité étaient donc d'anciens esclaves d'Al-Hinna affranchis par cet instructeur. Un nom elfique à priori. Vicky avait hâte de faire connaissance avec tous ces gens hors norme. Un instructeur bienfaiteur, et un connétable drow ? Que voilà une combinaison militaire inattendue !

Aldir tendit la main à Emma et tandis qu'elle montait à bord, le chariot repartit, traversant le pont sous le regard bienveillant des gardes.

Harmadrya, nous voilà !

Le reste de la route se fit sans encombre, le chemin était dégagé et cette partie de la forêt semblait moins "sauvage". Enfin au détour d'un virage, le chariot fut en vue de la muraille.

Un mur de ronces sauvages couvrait la face extérieure de la muraille sur un peu plus de la moitié en hauteur. Othello en fit la remarque à voix haute car il ne trouvait pas çà très prudent, des assaillants pourraient utiliser les ronces pour escalader la paroi, mais Aldir observant attentivement les plantes grimpantes, émit un avis plus modéré. Les tiges entremêlées étaient couvertes d'épines acérées, le genre d'escalade plutôt dangereuse au final. Et puis à force de se concentrer dessus, il ne pouvait s'empêcher de penser que ces ronces semblaient aussi "vivantes" que la forêt qu'ils avaient traversée pour arriver jusqu'ici. Il conseilla aux autres de se méfier tout de même de ces ronces, on ne sait jamais.

Yocheb, peut intéressé par l'analyse des vivaces qui colonisaient la muraille osbservait lui le chemin de ronde et la porte vers laquelle ils se dirigeaient.

"Il y a du monde ici aussi qui observe ! Ils n'ont pas l'air nombreux, mais on est repéré ! On s'avance ?"