les affaires internes du Monastère

« Non, je ne crois pas que tout le monde me mente. Mais ça n’empêche pas de glaner des informations complémentaires. Parce que je sais qu’Enora est une brillante jeune femme, et très belle de surcroît. Mais je ne sais rien d’elle et je vous demande donc des informations à son sujet. Ca ne me semble pas déraisonnable étant donné que je vais devoir travailler avec elle et même mettre probablement ma vie entre ses mains à certaines occasions. »

Il regarda le livre de plus près. Un vieux volume. Quel titre… ? De la soumission des prisonniers et de la coopération des esclaves en langage Drow. Mine de rien, il le prit et le souleva, faisant mine de l’inspecter pour mieux voir le dessin en-dessous. Puis il l’ouvrit délicatement. C’était un vieux grimoire, les pages craquelées frémissaient sous ses mains.

« Intéressant… Vous voulez retourner ça contre eux ? »

Il offrit un sourire éclatant d’amusement anticipé au Père Caboche.

Braddar s'assit.

"Là j'ai une requête Père Caboche."

Le vieil homme posa sur lui un regard inquisiteur.

"Déjà ?
- Je ne veux pas travailler sous les ordres d'Angelus. Vous ne répondez à aucune de mes questions, vous continuez à vouloir me faire travailler en tandem alors que je vous dis que je travaille mieux seul. D'accord, vous êtes le chef, c'est vrai, mais il y a des limites à ce que je suis prêt à faire. L'ordre m'intéresse et je suis prêt à lui jurer fidélité. C'est un fait. Travailler en équipe ne me plaît pas mais je le ferai. C'est un fait. Ne pas recevoir de réponse à mes questions ne me plaît pas non plus mais elles ne sont pas vitales, donc je comprends et c'est de toute façon votre droit de ne pas me répondre. C'est également un fait. Mais je ne peux et ne veux travailler pour Angelus. Si cela devait arriver, il est fort probable que de lui ou moi un seul sorte de la salle de réunion. C'est également un fait. Comme je suppose que vous ne voulez pas perdre son concours même si c'est un connard, je vous demande la permission de ne prendre mes ordres que de vous."

« Je ne suis pas encore à l’aise. L’environnement est agréable mais je ne me le suis pas encore approprié. Et je ne connais pas suffisamment les gens pour savoir si je les aime ou pas. Donc mon avis est toujours réservé. Mais moi aussi j’ai une sacrée faim. »

Le vent jouait dans les cheveux de la jeune femme et faisait virevolter ses mèches rebelles. Braddar étudia sa tenue en souriant.

[HRP : Enora s’est-elle apprêtée ? A-t-elle gardé sa tenue décontractée ? A-t-elle simplement changé de tenue pour une tenue plus appropriée à l’équitation ?]

"Mes petits cafards m'ont averti. Il faudra tout de même être méfiant, ce n'est pas des novices ces enquêteurs."

Après quelques heures à cheval, ils s'approchèrent d'un bourg.

"Nous arrivons. On va s'arrêter à l'auberge Le Poney qui tousse"
Le Poney qui tousse est une taverne et une auberge de qualité. C'est le rendez-vous préféré des baroudeurs. Fromages des collines, charcuterie et alcools fins.

"On va manger un ragoût de restes de viandes cuites. C'est une tuerie."

Chevaux attachés, petit massage des fessiers, ils passèrent la porte. L'aubergiste les accueillit avec un grand sourire et les accompagna à une table, dans un coin. L'aubergiste pensait que c'était des amoureux. Il demanda ce qu'ils désiraient. Enora commanda leur fameux ragoût, deux chopes de bière et deux alcools fins maison. L'aubergiste prit note et se retira.
Enora regarda partout, Braddar le remarqua.

"Tiens moi la main"

"Encore plus maintenant..."

Il se pencha sur le visage d'Enora et du doigt essuya une goutte de sang sur sa pommette. Il porta le doigt à sa bouche et lécha le sang, les yeux dans ceux de sa partenaire.

"Plaisir ou travail ?" demanda-t-il avec un vague signe de tête vers les corps que l'aubergiste s'attelait à sortir de la salle commune à gros renforts d'ahans.

Mais continua son ragoût ( lol )

Braddar haussa un sourcil intéressé.

Qu’a-t-elle derrière la tête ?

Prêt, à l’affût mais en retrait, il décida d’attendre pour voir ce qu’elle comptait faire.

La porte de devant s’ouvrit avec fracas tandis que celle de la cuisine était dégondée par un violent coup de pied. Une dizaine de miliciens se ruèrent dans la pièce, arbalète au poing, mettant directement les deux assassins en joue. Ils se placèrent en arc de cercle autour de leur table, bloquant toute issue.

Derrière eux, un homme en armure, plastron rutilant et cape bleu éclatant, manifestement l’officier commandant du détachement, prit la parole.

« Rendez-vous sans faire d’histoire et tout se passera bien. »

Enora et Braddar furent emmenés séance tenante chez le Bailly.

L’imposante demeure était située au centre du village, sur la place du marché. Ils furent rapidement emmenés dans la salle principale, celle où le Bailly recevait les doléances des villageois, procédait aux médiations, rendait sa justice, gérait la vie du village somme toute.

Le vieux Bailly les reçut en compagnie de ses principaux conseillers : le Père Xavelay et le marchand Naysman.

Cette audience, publique, n’offrait pas aux deux assassins l’opportunité de parler librement. Le Bailly regarda avancer les deux prisonniers avec sévérité, cependant, dans son œil Enora distingua une lueur de reconnaissance.

« Gundron, pourquoi ces assassins présumés ne sont-ils pas désarmés ?
- Ils ont accepté de venir se soumettre à votre justice de leur plein gré Messire.
- Ah oui ?
- C’est un point en leur faveur, intervint le Père Xavelay.
- C’est une bonne chose, c’est exact. Vous êtes néanmoins accusés du meurtre de trois membres appréciés de notre communauté. Qu’avez-vous à répondre à cette accusation ? »

Chez le vieux Bailly,


"Ils puaient de la gueule, ce sera une perte pour personne. Ça vous va comme défense?"

Braddar la regarda d'un air Mais elle est folle celle là


Sans attendre une réponse punitive de Bailly, elle s'adresse au Père Xavelay

"Excusez moi mon père? mon clerc?"
- je suis le Père Xavelay.
" Vous prêchez la bonne parole, mais laquelle?"


Bailly laissa faire et attendait lui aussi la réponse du Père Xavelay. La question que l'assemblée se pose : A quel procès assistons-nous?

Le prêtre sourit.

"Ma foi s'adresse à Phaëlle, la Déesse du jour et de la lumière."

Il s'inclina légèrement et Enora put voir son symbole religieux, accroché une grosse chaîne de fer à son cou. Celui-ci figurait un astre scintillant (probablement le fer avait-il été légèrement incrusté d'argent afin de paraître scintillant dans les jeux de lumière) et Enora distingua dessous deux mains jointes en signe de prière.

"Je cherche à apporter sérénité et réconfort en fonction du besoin et mon devoir est de guider cette communauté sur le droit chemin, ce à quoi je m'efforce, notamment en participant au Conseil."

Son sourire n'avait pas quitté son visage et il posait sur Enora et Braddar un regard bienveillant qui pouvait paraître étonnant étant données les circonstances de leur présence.

[HRP : Pour ceux qui n'auraient pas lu le topic "Les lames de Serril", le symbole au cou du Père Xavelay est, à quelques variantes près, le même que celui qui orne l'étendard de la troupe. Etant donnée l'importance de l'astre, on peut penser à un soleil - et c'est d'ailleurs ce que les gens font - mais la présence des mains remet en perspective l'astre lui-même qui du coup ramène à une étoile, symbole du Dieu unique. Le symbole du Père Xavelay est tout en subtilité adressé à son réel Dieu tout en le couvrant aux yeux du commun.]

Le marchand lui lança un regard interloqué.

« Vous êtes la personne accusée de meurtre et c’est vous qui posez les questions ? Vous ne manquez pas de toupet !
- Allons Naysman, rien n’empêche un peu de courtoisie, intervint le Père Xavelay.
- Grrmbll. Non, mon Père, je suppose que non. Le marchand semblait avoir beaucoup de respect, voire de déférence pour le Père Xavelay. Je suis Naysman, marchand de mon état et principal fournisseur de ce village. C’est également grâce à moi que la chapelle a pu être édifiée.
- Mais puisque nous en sommes aux présentations, dites-nous qui vous êtes vous-même voulez-vous ? » demanda le Père.