Chez Lila, une nouvelle vie

André portait sa fille jusqu'à la chambre d'ami. Elle dormait paisiblement. Arrivé dans la chambre, elle avait un air impersonnel et surtout abandonnée depuis trop longtemps.

Non mais à quoi je joue là ? Je débloque, c'est pas possible !

Il jeta un coup d’œil vers la chambre de bébé et les 2 petits lits. D'une main, il fit léviter sa fille à côté de lui tandis qu'il tendait l'autre bras vers l'autre chambre. Les 2 petits lits lévitèrent jusqu'à la chambre d'ami. Arrivés à proximité du lit d'ami, André retourna sa main, des fils de magie en partait pour frôler les lits. Le bois se tordit, les planches se séparèrent. Après quelques minutes, les planches des 3 lits s'étaient réassemblées pour former un lit bien plus grand et confortable. Les matelas n'en formaient plus qu'un, les draps aussi.

Il la mit au lit. D'un tour de passe-passe, il chassa la poussière de la pièce. La chambre était déjà nettement mieux comme çà. Il sourit content de lui.

André sortit rejoindre les autres.

"Ah ben je vais faire mieux que çà !!"

Bernard s'approcha de la cheminée et récita des formules maintes fois récitées. Un courant d'air nettoya poussières, toiles d'araignées et dépôts de charbon dans le conduit, du bois fraichement coupé apparut, de la bourre sous la grille et le feu se déclencha. Bientôt un magnifique feu de cheminée remplissait l'âtre.

"Et voilà ! Nickel !"

Le pseudo-dragon était fier de lui. Il n'avait pas perdu la main.

"Bernard peut les défiger ... à partir de là, soit on lui pose quelques questions aussitôt après ... soit on va se reposer, je peux le mettre dans une cage dimensionnelle dans mon labo et dès demain on pourra lui poser les questions qu'on se pose ? Par exemple ..."

André fit signe à Bernard qui défigea les 2 démons et le kobold. Il fit une passe avec les mains et le kobold disparut, retenu dans une cage dimensionnelle. Les démons se volatilisèrent d'eux mêmes.

André conseilla à Léviander de dormir dans une maison abandonnée toute proche.

En regardant les derniers sortir, il conseilla à Izia et à Bernard d'aller dormir ailleurs tout en passant sa main autour de la taille de sa femme.

André lui caressait les cheveux comme si il la redécouvrait. Sentir la chaleur de son corps contre le sien était la chose la plus agréable qui lui était arrivée aujourd'hui. Il en oubliait presque son coup de déprime dans la salle du trône.

"Le problème serait ... Où aller ensuite ? Ton royaume est assiégé par les hordes qui risquent de ne pas vouloir s'arrêter là ... Et pour le reste ... il n'y a pas vraiment d'endroit sûr ... Je connais bien des lieux particuliers auxquels la plupart de nos ennemis n'ont pas accès, même avec de bonnes capacités divines ... mais ces lieux ne sont faits ni pour toi, ni pour notre fille ! Et les démons m'ont causé assez de soucis récemment pour que je n'ai pas envie d'aller les soumettre à la tentation chez eux !

Ici, il y a tes quelques suivants, mes minions, et les troupes de ta sœur ... Peut être cela éloignerait-il certains dangers ...

A mon tour de poser une question .... permets moi de te demander ... As-tu assez confiance en Izilbeth ? Je veux dire ... elle t'est dévouée, çà ne fait aucun doute ... je vois bien comment elle me regarde, je ne suis pas ce qu'elle espérait trouver ... je m'en accommoderais fort bien ... je suis en grande partie responsable de l'impression médiocre que je lui ai faite ... Mais ... j'ai aussi vu comment elle regarde Séhana ... elle n'a pas l'air de lui faire confiance ... elle se méfie d'elle ..."

André semblait sincèrement inquiet, mais ne voulait partager ce doute qu'une fois seuls, sans oreille indiscrète pour les entendre.

"Tout à l'heure au village kobold ... c'est idiot mais j'ai été un instant un peu jaloux ...

Jaloux ??

Pendant toutes ces années, Léviander a été un protecteur et durant leur trajet un mentor pour Séhana ... Des rôles que j'aurais dû tenir ... mais que je n'ai pas pu ... pas su tenir ... En plus, c'est un elfe, elle doit se sentir plus proche de lui que de moi ... Elle doit m'en vouloir terriblement de ne pas avoir été auprès d'elle toutes ces années ... Toutes ces années perdues à essayer de contrôler ... même de loin ... le pouvoir qui grandissait en son frère ..."

André serra le poing de frustration puis se relâcha, fatigué. Allongé sur le dos, il regarda le plafond.

"J'aurais dû vous rejoindre bien plus tôt ... abandonner cette cité vide ... Je ne suis véritablement pas à la hauteur de grand chose ..."

"Oui ... çà me va ... dorénavant, je serais plus présent pour vous deux que je ne l'ai été ces dernières années ...

En soit, çà m'arrange que ta sœur reprenne le devant de la scène ... Maintenant qu'Oscar est réanimé ... il va falloir qu'on remette en place toutes les défenses de la cité, et pas seulement la garde ... je verrais avec lui dès demain ... çà m'occupera le temps que je ne passerais pas avec vous ... Durant le temps où je n'avais que les araignées pour garder la cité ... j'ai pensé à quelques améliorations pour lui et ses hommes, pour les aider ..."

Il l'embrassa comme au premier jour ...

André s'habilla aussi en hâte.

"Oui... beaucoup trop ! ... une partie des Huldras sont revenus mais toutes nos défenses ne sont pas en place, il manque quelques défenses magiques et les gardes d'Oscar ne sont pas en place depuis longtemps et pas sur tout le tour de la cité ... on a perdu des pans de murs et des endroits ne sont pas fermés de toute façon ... c'est un vrai gruyère actuellement ... justement je voulais étudier quoi faire avec Oscar ...

Décidément ... nous sommes abonnés aux malheurs ...

Des drows ?? Qu'est ce que des drows viennent faire ici ? Des assassins ? mais pourquoi ?"

Il s'avança vers la porte d'entrée ...

Durant la nuit, Après avoir pris son bain délassant, Izilbeth alla se coucher dans le lit de la maison, épuisée.

Dans la maison qu'il s'était choisi, Léviander finit par laisser ses pensées de coté et s'installa en veille, près à bondir, arme contre lui. Au petit matin, le chant d'un coq le surpris à demi endormis. Il commença doucement à se détendre les muscles en s'étirant.

Llanowar lui organisa les tours de garde autour de la maison. Ils choisirent l'une des maisons proche de celle de Lila et l'installèrent en dortoir, en poste de garde. Déballant leurs couverture, ils se relayèrent, organisés.

La nuit se passa paisiblement. Le petit matin commençait doucement ...

Lorsque le cri de Varag se fit entendre, le garde elfe de faction sursauta et par réflexe se plaça devant la porte d'entrée de Lila. Léviander laissa tomber ses étirements et saisit son arme pour sortir en hâte.

Izilbeth ouvrit les yeux et se surprit à se demander ce qu'il se passait. Il lui faudrait encore sortir du lit et s'habiller.

Varag arriva en plein sprint juste au moment où André ouvrait la porte de la maison devant l'elfe qui la gardait. Varag vit aussi Léviander sortir d'une autre maison, et d'autres elfes en train de s'habiller sortirent la tête par les fenêtre d'une maison toute proche.

"Qu'est-ce qui se passe ?

Des putains d'salauds de TA famille ! Ils ont assassiné la gamine !! Et ils ont laissé sur le karreau Bernard et Izia !!

Iziaaaa !!! (cria Lila derrière l'épaule d'André)

T'es sûr que c'était des drows ? de ma ... famille ? mais comm..."

Varag dessina dans l'air le symbole du clan d'origine d'André. Celui-ci se figea lorsqu'il reconnut le symbole.

"Tu me krois main'nant !! Putain tu m'écoutes ? C'est un koup de cette satané vendetta de merde !!"

Le regard d'André se voila un instant ...

"Je reconnais que j'ai fait beaucoup d'erreurs ... mais les concernant ... mon erreur n'a pas été de renier ce clan ... non, mon erreur a été de ne pas les éradiquer dès que j'en ai eu la possibilité !

Faut les chopper ces ordures ! Trouve les au lieu de ruminer ! Bouge-toi !"

"Oui oui ... si ils sont encore en ville ... je vais les trouver !"

Entouré de Lila, Varag, Llanowar et ses hommes, Léviander, et derrière lui le regard de Séhana à la porte, André sentait une pression sur ses épaules.

Il s'agenouilla au sol et posa les mains à plat sur le sol. Un léger frémissement se fit sentir sous leurs pieds tandis qu'Izilbeth franchissait le pas de sa porte d'entrée.

Partout en ville, dans tous les recoins d'ombre de la cité, des dizaine et des dizaines de petits yeux bleus commencèrent à apparaitre et à pousser sur les murs, le sol, les tonneaux de récupération des eaux de pluie, les tuiles, les arbres ... Tous les recoins où des assassins pourraient chercher à se cacher, toutes les ombres furent méthodiquement fouillées ...

Des perles de sueurs commençaient à apparaitre sur le front d'André ... il murmurait en même temps, ses propres yeux fermés.

Ils ne sont plus là ... ils ont couru vite dis-donc ... j'ai trouvé où ils ont dormi hier soir ... il y a déjà du monde autour de la taverne, Niku est là-bas, il va s'occuper de nos amis ... Ah quelqu'un a déjà trouvé la piste de leur repère ... ils les suivent ... Je ne pourrais pas ...

Juste avant que Ménériel et Indrius ne passent le pont de bois et ne sortent de la ville, un minuscule œil apparut sur le sol au moment où Ménériel posa le pied dessus. Elle ne sentit rien, mais plus tard l’œil apparut le long de sa chaussure, remontant discrètement. De même, un œil s'invita sous la chausse du gobelin qui marcha dessus sans s'en rendre compte.

C'est bon ... je pourrais les suivre à distance comme çà ...

Mais pendant son inspection, s'il n'avait pas trouvé les drows, il trouva autre chose d'intéressant. Des dizaines d'yeux restaient braqués sur des crânes de rat plus ou moins bien dissimulés. La plupart auraient pu passer complètement inaperçu sans ce type de recherches.

Autour de chacun, les 2 mâchoires d'une plante carnivore violacée apparurent, sortant du sol. Les mâchoires se refermèrent sur les crânes et les attirèrent dans le sol où elles disparurent.

Loin sous la surface du sol, chacune de ces plantes démons resta en stase. ses parois devenant doucement comme un portail vers le labyrinthe des secrets ... Les crânes restèrent intactes, comme s'ils n'avaient pas bougé. Mais si quelque chose s'avérait d'en sortir, il se retrouverait instantanément sur un plan démoniaque où les lois de la physique n'existent pas ... où aucune loi n'existe d'ailleurs ...

André sortit un instant de sa transe.

"Putain, tu sers à rien !! Vomit en colère Varag

Oh çà va ! Pour ceux là ... rien tout de suite ... mais ils ne perdent rien pour attendre ... par contre ... œil pour œil ...

J'en suis !!

Je me doute !"

André se releva tandis que des volutes de vapeurs multicolores tournaient autour de lui. Il semblait absent, ses yeux couverts d'un voile blanc. Les vapeurs s'enroulèrent autour de Varag mais il semblait qu'elles ne s'accrochaient pas.

"Ton collier !!!

Oh merde !! (Varag enleva son collier de bronze et le laissa tomber au sol dans un lourd son mate) ... Voilà !

Tiens ! Prend çà !! Que Khorne ne prenne pas ombrage que tu laisses un don en partant ! (André sortit de derrière son dos une énorme hache baroque alors qu'y avait pas la place pour la ranger, certainement un rangement dimensionnel)

Kool ! C'est bon j'suis prêt ! (Varag se saisit de l'arme tandis que les vapeurs s'enroulaient autour de lui jusqu'à le faire disparaitre)

Où tu pars encore comme çà ?

Je ne pars pas ... Je vous ai promis à toutes les deux que je ne partirais plus à tout bout de champ !

Ah bon ? et Varag ?

Il accomplit notre vengeance ... excusez moi si je parais un peu distrait par moment ... je suis à deux endroits en même temps ... et c'est pas évident ..."

[Les héros sont arrivés à la taverne : suite dans Le drame.]

L'escalier menant au sous-sol n'était plus camouflé. En bas, comme à son habitude depuis toutes ces années, le démon rose servant de majordome à André vérifiait que tout était en place dans le laboratoire, nettoyant bocaux et parchemins sur les étagères. Plus grand que les démons bleus, mesurant plus d'un mètre 50, muni de 4 bras, il étudiait les objets un par un en attendant qu'une autre tâche lui soit confiée.